Des rassemblements ont lieu depuis jeudi dans tout le pays pour contester la décision du gouvernement de suspendre les négociations d'adhésion à l'Union européenne.
Les manifestations qui secouent la Géorgie depuis jeudi soir se poursuivent pour la troisième nuit consécutive après que le gouvernement a décidé de suspendre les négociations d'adhésion à l'Union européenne.
44 personnes ont dû être hospitalisées après que la police a déployé des canons à eau et des gaz lacrymogènes, ont indiqué des responsables dimanche.
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés devant le parlement samedi soir, jetant des pierres et allumant des feux d'artifice. Une effigie du fondateur du parti au pouvoir, Rêve géorgien, Bidzina Ivanichvili - un milliardaire de l'ombre qui a fait fortune en Russie - a été brûlée devant le parlement.
Le ministère de l'intérieur géorgien a déclaré dimanche que 27 manifestants, 16 policiers et un journaliste avaient été hospitalisés.
Plus de 100 manifestants arrêtés
Selon le ministère de l'intérieur, plus de 100 manifestants ont été arrêtés lors des affrontements avec la police dans la nuit de vendredi à samedi à Tbilissi, capitale du pays. La police a également fait usage de la force contre les membres des médias et a déployé des canons à eau pour repousser les manifestants le long du boulevard central de la capitale, l'avenue Roustaveli.
"Une véritable dissidence se développe", selon la présidente de la Géorgie
Depuis la victoire contestée du parti prorusse le Rêve géorgien aux élections législatives le 26 octobre dernier, l’opposition dénonce un vote truqué et un mouvement de colère ne cesse de s’amplifier dans le pays.
"Chaque jour, il y a plus de gens dans les rues. Et plus important encore, il y a une véritable dissidence qui se développe dans le pays. Dans les institutions de l'État, les gens démissionnent, protestent ou signent des pétitions, selon l'institution dont il s'agit", a déclaré la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, dans une interview accordée à Euronews.
La dirigeante a également qualifié le gouvernement actuel, dirigé par le parti populiste Rêve géorgien, d'"illégitime" : "Il n'est reconnu par personne. Ils n'ont pas été reconnus par la population géorgienne, en premier lieu. Ils n'ont pas été reconnus par les forces politiques du pays, car aucun parti d'opposition n'a reconnu qu'ils avaient remporté ces élections en partie truquées et personne n'est entré au Parlement. Il n'y a donc qu'un seul parti et un Parlement illégitime".
Le Parlement européen condamne le recul démocratique en Géorgie
Le Parlement européen a de son coté adopté une résolution condamné le résultat des élections législatives déclarant que le scrutin représentait une nouvelle manifestation du recul démocratique continu de la Géorgie "dont le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, est entièrement responsable".
Les députés européens ont appelé à l’organisation de nouvelles élections dans un délai d'un an, sous une supervision internationale rigoureuse et par une administration électorale indépendante.
L'UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat à l'adhésion en décembre 2023 à condition qu'elle respecte ses recommandations, mais elle a suspendu son adhésion et réduit son aide financière en début d'année après l'adoption d'une loi controversée sur "l'influence étrangère", largement considérée comme un coup porté aux libertés démocratiques.
Irakli Kobakhidze dénonce "un chantage européen"
Le premier ministre géorgien a qualifié les déclarations européennes de "cascade d'insultes" et a accusé le Parlement européen de "chantage".
Irakli Kobakhidze a également déclaré que la Géorgie rejetterait toute subvention budgétaire de l'UE jusqu'à la fin de 2028.
Le parti a par ailleurs récemment fait adopter des lois similaires à celles utilisées par le Kremlin pour réprimer la liberté d'expression et les droits des personnes LGBTQ+.