Notre correspondante internationale, Valérie Gauriat, s'est rendue sur la ligne de front de Pokrovsk, dans la région de Donetsk, où se livre l'une des batailles les plus cruciales d'une guerre d'attrition qui entre dans sa quatrième année.
C’est une poignée d’hommes souriants qui nous accueille dans les sous-bois. Quelques-uns d’entre eux sont occupés à jouer avec un chien, ravi de leur ramener des bâtons qui jonchent le sol. La plupart des soldats ont moins de trente ans.
« Ce groupe a été formé en 2023», confie Ihor, commandant de cette unité d’obusiers de la 38eme Brigade. « Les hommes sont jeunes, certains sont des volontaires, d’autres non, mais ils sont tous très motivés ».
La pause est de courte durée. Quelques minutes seulement après notre arrivée, un ordre de tir jaillit par radio. Les hommes se précipitent vers un camion lance-roquettes dissimule sous les feuillages, et foncent vers un champ voisin.
Les gestes sont rapides, précis. Les tirs d’obus déchirent le ciel, avant que l’équipe rejoigne en hâte son véhicule pour se remettre à l’abri dans les bois.
« On a dix minutes maximum pour tirer, avant qu’un drone nous repère », explique Ihor. L’opération va se répéter 5 fois en l’espace d’une demi-heure. « Depuis ce matin, on a eu 14 ordres de tir »,indique l’officier. « C’est beaucoup, car les russes sont très près d’ici. Ils tentent constamment de percer la ligne de front, avec plus ou moins de fréquence. Mais leur intention est constante. Le combat est intensif ici maintenant. Et ce dont on a le plus besoin, ce sont des obus, car les cibles sont nombreuses. »
Les troupes russes ne sont qu’a une dizaine de kilomètres de la position de l’unité, et resserrent leur étau autour de Pokrovsk. Plus d’un tiers des attaques de l’armée russe ont eu lieu dans cette zone au cours des dernières semaines.
La défense de la ville, située au cœur d’un réseau routier et ferroviaire reliant la région de Donetsk au centre du pays, et proche d’une importante base d’approvisionnement militaire, est cruciale.
« Nous sommes déterminés à empêcher les russes de passer, et nous y parvenons », assure Ihor. Si les Russes parvenaient à capturer la ville, ou à la contourner, cela ouvrirait l’accès vers la région de Dnipropetrovsk, au centre du pays.
Le seul moyen d’éviter de tels scenarios, selon le commandement militaire ukrainien, est de causer le plus de pertes possibles du côté russe, dans une guerre d’usure qui s’apprête à entrer dans sa quatrième année.
Un reportage réalisé par Valérie Gauriat, correspondante internationale d'Euronews.