Le ministre de la défense israélien a donné l'ordre à l'armée de préparer le "départ volontaire" des habitants de l'enclave palestinienne.
Les déclarations de Donald Trump sur la bande de Gaza ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd : le ministre de la Défense israélien Israel Katz a déjà donné l'ordre à l'armée de préparer le "départ volontaire" des Gazaouis.
Contrôle américain de la bande de Gaza, expulsion des Gazaouis dans les pays voisins et transformation de l'enclave palestinienne en "Riviera du Moyen-Orient" : tel est le plan du président américain.
Déplacements forcés
Même si la Maison-Blanche a depuis nuancé ces propos, l'inquiétude persiste.
"Ce que propose Trump est clairement catastrophique pour Gaza, mais ce serait également déstabilisateur pour les pays de la région", déclare à Euronews Hugh Lovatt, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).
Le président américain a suggéré à plusieurs reprises que 1,8 million d'habitants de Gaza pourraient être déplacés dans les pays voisins.
Cette proposition fait notamment écho aux déplacements forcés après la création de l'État d'Israël en 1948, et en 1967.
"Imaginons donc un million de Gazaouis qui soit déplacé en Égypte, dans un pays aux possibilités économiques limitées, un pays dans lequel les habitants de Gaza ont eux-mêmes peu de liens, si ce n’est qu’ils sont voisins. Les gens pensent-ils vraiment qu’un million de réfugiés de Gaza resteront en Égypte ? Non. Des milliers d’entre eux, des dizaines de milliers de personnes chercheront à améliorer leurs perspectives économiques plus loin, y compris en Europe", estime Hugh Lovatt.
Pour nombre d'experts, ce plan est contraire au droit international.
"Le déplacement forcé, le nettoyage ethnique, ne sont pas autorisés par le droit international", rappelle Michael Wahid Hanna, directeur du programme sur les États-Unis à International Crisis Group. Cela constituera un crime de guerre. Un crime international".
Déluge de critiques
L'Égypte et la Jordanie ont rejeté à multiples reprises le déplacement des habitants de Gaza hors de l'enclave.
"Ce serait extrêmement controversé parmi les peuples arabes qui verraient cela comme une aide et une complicité dans le nettoyage ethnique des Palestiniens de leur terre", déclare à Euronews Michael Wahid Hanna.
"Dans le cas de l’Égypte, par exemple, ce serait extrêmement controversé au sein des forces militaires et de sécurité qui ont longtemps considéré cette question de Gaza et le déplacement des Gazaouis comme une sorte de ligne rouge", ajoute-t-il.
Par ailleurs, ce plan est "irréaliste" et "illusoire", selon Hugh Lovatt.
"Il faut parler des plans du président Trump parce qu’il est le président américain et qu’il peut y consacrer une énergie politique et économique significative. Mais en fin de compte, c’est une distraction du travail important d’assurer et de maintenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, de stabiliser Gaza, de mettre fin à la gouvernance du Hamas de manière réelle et durable, et de débloquer la paix israélo-palestinienne et régionale", assure le chercheur.
Mutique, l'Union européenne s'est limitée à rappeler son soutien à la solution à deux États et à affirmer que Gaza fait partie intégrante d'un futur État palestinien.