C'est la première fois que le chef de l'État déclare publiquement et explicitement qu'il serait prêt à envoyer des troupes de maintien de la paix en Ukraine. Le ministre des Affaires étrangères français a évoqué le déploiement de "trois grandes armées" européennes en Ukraine.
Le premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré dimanche qu'il serait prêt à envoyer des troupes britanniques de maintien de la paix en Ukraine si Moscou acceptait un accord exigeant la présence de soldats de la paix européens.
C'est la première fois que le chef du gouvernement britannique déclare explicitement qu'il serait prêt à déployer l'armée britannique en Ukraine.
Cette déclaration intervient juste avant une réunion d'urgence des dirigeants européens à Paris ce lundi. Keir Starmer sera rejoint autour d'Emmanuel Macron par les dirigeants de l'Allemagne, de l'Italie, de la Pologne, de l'Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, ainsi que par Ursula von der Leyen et le chef de l'OTAN, Mark Rutte, pour définir une réponse commune pour la sécurité du Vieux continent et faire face à l'"accélération" de l'administration américaine sur l'Ukraine.
Dans une tribune publiée dans le Daily Telegraph, Keir Starmer a reconnu que l'envoi de troupes de maintien de la paix en Ukraine risquait de les mettre en danger, mais que la crise était une question "existentielle" pour l'Europe et un "moment unique dans une génération".
Il a également déclaré que le Royaume-Uni était prêt à jouer un rôle de premier plan dans la défense et la sécurité de l'Ukraine, notamment en s'engageant à verser 3 milliards de livres sterling (3,6 milliards d'euros) par an jusqu'en 2030.
Ses commentaires interviennent après une semaine de discours très animés des responsables de la nouvelle administration Trump, au cours de laquelle ils ont laissé entendre que les États-Unis réduiraient leurs engagements en matière de défense en Europe et feraient avancer les pourparlers de paix en Ukraine sans l'implication des dirigeants européens.
L'envoyé spécial du président américain Donald Trump pour l'Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, a déclaré samedi qu'il était peu probable que l'Europe ait un siège à la table des négociations dans les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine.
Il a toutefois déclaré qu'une "alliance européenne" serait "essentielle" pour garantir la souveraineté de l'Ukraine.
Dans son article d'opinion, Keir Starmer fait écho aux appels lancés par des responsables américains et européens au cours du week-end, selon lesquels les pays européens doivent "augmenter leurs dépenses de défense" et jouer un "rôle plus important" au sein de l'alliance militaire de l'OTAN. Début 2024, huit des 30 membres européens de l'OTAN n'auront pas atteint l'objectif de consacrer 2 % de leur PIB à la défense.
Le Royaume-Uni consacre actuellement environ 2,3 % de son PIB à la défense et s'est engagé à augmenter les dépenses de défense à 2,5 % de l'économie, bien que le gouvernement travailliste de M. Starmer n'ait pas donné de calendrier pour ce faire.
"Trois grandes armées" européennes
Les partenaires occidentaux de l'Ukraine travaillent discrètement sur un plan d'envoi de troupes en Ukraine, selon un rapport de l'Associated Press (AP).
En plus des troupes britanniques, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a affirmé que des discussions sur le déploiement de troupes, notamment françaises et polonaises étaient en cours. Il s'agit selon lui de "trois grandes armées" européennes, qui pourraient garantir un futur cessez-le-feu et une "paix durable" en Ukraine.
L'idée d'envoyer des troupes européennes de maintien de la paix en Ukraine en cas d'accord de paix n'est pas nouvelle. Il a été proposé pour la première fois par le président français Emmanuel Macron, qui a refusé d'exclure l'envoi de troupes françaises sur le terrain en Ukraine au début de l'année 2024.
Depuis lors, le plan a discrètement gagné du terrain, bien que les détails sur ce à quoi une telle force pourrait ressembler et sur les personnes qui y participeraient soient rares.
La taille, la composition et le rôle d'une éventuelle force européenne de maintien de la paix seraient également déterminés par le type d'accord de paix conclu, la taille de la ligne de front et le nombre de forces ukrainiennes et russes de part et d'autre.
La Suède "n'exclut pas" l'envoi de soldats de maintien de la paix en Ukraine
La ministre suédoise des Affaires étrangères Maria Malmer Stenergard a déclaré ce lundi sur la radio publique Sveriges Radio "Nous devons d'abord négocier maintenant une paix juste et durable qui respecte le droit international " ajoutant que "Quand nous aurons cette paix installée, il faudra la maintenir et pour cela, notre gouvernement n'exclut rien".
La Norvège à quant à elle affirmé que "le moment n'était pas venu" pour discuter de l'envoi de troupes de maintien de la paix norvégienne en Ukraine, selon son Premier ministre Jonas Gahr Støre "Ce n'est pas encore le moment de tirer des conclusions sur la manière dont une garantie de sécurité devrait être formulée et sur le type de contribution à y apporter".
L"accélération" de Trump
La semaine dernière, Donald Trump et le secrétaire américain à la défense, Pete Hegseth, ont tous deux laissé entendre qu'ils ne s'intéressaient pas de près à la restitution à Kiev des territoires occupés par la Russie ou aux aspirations de longue date de l'Ukraine à l'OTAN, deux éléments clés de l'accord de paix proposé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Des représentants de l'administration américaine et leurs homologues russes devraient se rencontrer en Arabie saoudite cette semaine pour des entretiens. Cette rencontre fait suite à une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, qui a mis à mal les efforts déployés depuis trois ans par les États-Unis pour isoler le dirigeant russe.
Leurs commentaires ont poussé les dirigeants européens à se demander comment le continent pourrait contribuer à un processus de paix.
À la suite de la réunion des dirigeants mondiaux lors de la conférence de Munich sur la sécurité, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu'elle proposerait d'activer une clause de sauvegarde dans les règles fiscales de l'Union pour les dépenses de défense.
Cette mesure permettrait à plusieurs États membres de l'UE d'augmenter leurs dépenses de défense sans être liés par des limites de déficit budgétaire étroitement contrôlées.