L'ancien président de la Commission européenne a déclaré à Euronews qu'il regrettait de ne pas avoir été plus ferme à l'égard des nouveaux États membres, la Hongrie et la Slovaquie, qui ont enfreint l'État de droit, et que Bruxelles devait être « très prudente » avant un nouvel élargissement.
Dans une interview accordée à Euronews, Juncker a souligné que l'UE devait faire preuve de "très grande prudence" avant d'accepter de nouveaux membres. Selon l'ancien président de la Commission européenne, des obstacles tels que la corruption, la faiblesse de l'économie et l'absence d'une structure étatique solide rendent l'Ukraine inéligible à une adhésion complète pour le moment.
Une adhésion partielle plutôt qu'une intégration complète
Bien qu'il ait reconnu les progrès réalisés par Kyiv dans la lutte contre la corruption,* Juncker a insisté sur le fait qu'une "adhésion totale" n'était pas encore envisageable.
Jean-Claude Juncker a suggéré à Bruxelles de proposer à l'Ukraine une "adhésion partielle", permettant un accès au marché unique européen, ainsi qu'une participation aux discussions clés. Il a évoqué la possibilité d'une participation ukrainienne aux débats européens sur les sujets qui l'intéressent, tout en excluant le droit de vote au Conseil de l'UE, l'instance où les représentants des États membres débattent et votent sur des décisions majeures pour l'UE.
"Nous ne voulons pas leur donner l'impression qu'ils sont loin de l'adhésion, mais leur montrer qu'ils sont sur la voie de l'adhésion sans avoir tous les droits et toutes les possibilités d'une véritable adhésion", a précisé Juncker.
L'intégration de la Hongrie et de la Slovaquie, un "échec" selon Juncker
L'ancien président de la Commission européenne, en fonction de 2014 à 2019, a également exprimé des regrets concernant la gestion par l'UE des États membres controversés, comme la Hongrie et la Slovaquie, souvent accusés de violer les principes de l'État de droit européen.
"C'est un échec, tant pour ces pays que pour l'Union européenne", a-t-il déclaré, appelant à une approche plus stricte pour faire respecter l'État de droit, essentiel à l'unification européenne.
Le soutien des dirigeants de l'UE à l'Ukraine
La position de Jean-Claude Juncker intervient alors que les dirigeants européens ont exprimé leur soutien à la demande d'adhésion de l'Ukraine. Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a récemment affirmé que l'intégration de l'Ukraine dans l'UE représenterait la meilleure garantie de sécurité pour son avenir.
L'Ukraine a officiellement déposé sa demande d'adhésion à l'Union européenne le 28 février 2022, quelques jours après l'invasion russe, qui dure désormais depuis presque quatre ans. Le pays espère rejoindre l'UE d'ici 2030.