Newsletter Newsletters Events Évènements Podcasts Vidéos Africanews
Loader
Suivez-nous
Publicité

Readiness 2030 : Quels sont les projets et l'UE peut-elle se le permettre ?

Readiness 2030 :  Quels sont les projets et l'UE peut-elle se le permettre ?
Tous droits réservés  Euronews
Tous droits réservés Euronews
Par Julian GOMEZ
Publié le Mis à jour
Partager cet article Discussion
Partager cet article Close Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article : Copy to clipboard Lien copié

Persuadée que les Etats-Unis ne garantiront plus sa sécurité, l'Europe opte pour le réarmement. Comment ? À quel prix ? Quel sera l'impact sur sa position géostratégique, son économie et ses industries ? Pour y répondre, nous sommes allés en République tchèque.

PUBLICITÉ

L'Union européenne s'est engagée à renforcer les capacités de défense européennes. La proposition Rearm Europe de la Commission européenne donne la priorité à la fourniture d'équipements stratégiques, tels que des systèmes de défense aérienne et antimissile, des systèmes d'artillerie, des missiles, des munitions et des systèmes de drones et d'anti-drones.  Les dépenses militaires seraient exclues des strictes contraintes budgétaires européennes.  

Si chaque État membre consacrait en moyenne 1,5 % de son PIB à la défense, le montant total s'élèverait à 650 milliards d'euros. En outre, le plan prévoit 150 milliards d'euros de prêts pour l'achat de capacités de défense principalement fabriquées en Europe. Des sources de financement supplémentaires pour la défense sont à l'étude, y compris la mobilisation de financements privés. L'UE étudie également l'harmonisation des exigences et les acquisitions conjointes afin d'assurer un marché plus efficace, de réduire les coûts, de garantir l'accès transfrontalier aux chaînes d'approvisionnement et d'accroître la compétitivité du secteur de la défense dans son ensemble.  

Fabrication de drones au siège de Primoco UAV
Fabrication de drones au siège de Primoco UAV Euronews

Au total, environ 2 500 PME opèrent dans l'industrie de la défense de l'UE. Nous nous sommes rendus dans l'une d'elles, située dans les environs de Prague, la capitale de la République tchèque. Chaque année, 60 personnes produisent ici 70 véhicules aériens sans pilote. Ces drones ont des applications civiles et militaires. Ils sont actuellement utilisés pour des opérations de surveillance, de communication et de renseignement dans des zones de conflit en Ukraine et en Irak. Leur dernier modèle vient de recevoir une certification clé qui devrait contribuer à accélérer son déploiement dans les pays membres de l'OTAN, affirme Ladislav Semetkovský, PDG de l'entreprise.

Fabrication de drones au siège de Primoco UAV
Fabrication de drones au siège de Primoco UAV Euronews

« Le processus de certification dure depuis cinq ans et plus de 40 experts y travaillent », explique Semetkovský. « Au total, ils ont traité plus de 28 000 pages de textes et mis en œuvre des centaines de vols. » 

Fabrication de drones au siège de Primoco UAV
Fabrication de drones au siège de Primoco UAV Euronews

Le chiffre d'affaires de l'entreprise devrait s'élever cette année à quelque 40 millions d'euros. L'entreprise a mis en place un partenariat avec le géant européen Airbus Defence and Space. Les responsables affirment que leurs drones sont entièrement fabriqués en Europe. 

Ladislav Semetkovský, PDG de Primoco UAV
Ladislav Semetkovský, PDG de Primoco UAV Euronews

« Je pense que les entreprises comme la nôtre sont extrêmement importantes pour le maintien de la sécurité en Europe, car l'industrie nationale de la défense peut garantir la stabilité de l'approvisionnement et du fonctionnement de toute technologie, qu'elle soit militaire ou civile », déclare Semetkovský. « La coopération avec les fabricants européens est donc cruciale pour la défense de l'Europe. » 

Pourtant, cette coopération les a souvent laissés dans la frustration, disent les responsables, car l'excès de bureaucratie et de réglementation a limité la signature de contrats qui permettraient d'accroître efficacement la production et de créer davantage d'emplois. 

Jan Sechter, président du conseil de surveillance de Primoco UAV
Jan Sechter, président du conseil de surveillance de Primoco UAV Euronews

« Je pense vraiment que le plus gros problème est que les politiques se sont éloignées de ce que peut faire une industrie réellement innovante, et qu'il y a, disons, un fossé ou simplement un manque de dialogue avec les autres », affirme Jan Sechter, président du conseil de surveillance de Primoco UAV. « Cela peut être une source d'inquiétude pour l'industrie, lorsqu'il s'agit de marchés publics, par exemple. Nous avons besoin d'une communication accrue et améliorée entre les États, la recherche, le développement et l'industrie. C'est un phénomène assez courant aux États-Unis, et ici aussi en Europe, nous devons nous y habituer et le soutenir. » 

Le secteur européen de la défense représente quelque 600 000 emplois. Le nouveau scénario pourrait permettre d'en obtenir encore plus. Mais l'Europe, qui croule sous les dettes, peut-elle vraiment se permettre cet effort massif de réarmement dans la situation économique instable actuelle ? À Pilsen, Zdeněk Rod, professeur adjoint de sécurité internationale à l'université de Bohême occidentale, estime que, compte tenu du nouveau contexte géopolitique, l'Europe n'a guère d'autre choix que d'aller de l'avant. 

Zdeněk Rod, professeur adjoint de sécurité internationale à l'université de Bohême occidentale
Zdeněk Rod, professeur adjoint de sécurité internationale à l'université de Bohême occidentale Euronews

 « À l'époque de la guerre froide, les États membres de l'OTAN consacraient environ 4, 5, voire 6 % de leur budget à la défense. Ces chiffres sont donc déjà connus. Ce n´est donc quelque chose d'inimaginable. Bien sûr, dans le contexte actuel, c'est un peu compliqué parce que les dettes nationales sont assez élevées. Nous pouvons constater que plus de 50 % des membres de l'Union européenne ont, disons, de graves problèmes fiscaux.  La question est donc de savoir d'où vient l'argent », explique Rod, qui est également PDG et cofondateur du groupe de réflexion Center for Security Consulting.  

« Nous savons que l'Europe repose sur un État-providence fort. Nous devons donc trouver un équilibre entre la sécurité et le bien-être que nous voulons maintenir. Par exemple, vous pouvez augmenter les impôts, ce qui, je suppose, serait très impopulaire dans la plupart des États. Si l'on ne veut pas emprunter plus d'argent ou augmenter les impôts, la seule chose qui reste est de faire des coupes dans les budgets nationaux », explique Rod.  

L'Europe prévoit de fixer un seuil minimal de 65 % des composantes militaires éligibles au financement. 

Accéder aux raccourcis d'accessibilité
Partager cet article Discussion

À découvrir également

Sécheresse et doutes : l’UE peut-elle aider la Grèce et d'autres États membres assoiffés ?

La renaturalisation des zones humides ralentit le réchauffement climatique et le déclin des espèces

Chasse aux microplastiques : Des scientifiques français alertent sur la pollution