Alors que l'exode des Ukrainiens vers l'Europe s'atténue, les pays commencent à modifier les règles et les avantages liés à l'octroi de l'asile et des indemnités.
Alors que la guerre en Ukraine entre dans une nouvelle phase, le nombre d'Ukrainiens se rendant en Europe pour demander l'asile semble diminuer.
Actuellement, l'UE accueille plus de 4,3 millions de réfugiés ukrainiens, dont 254 000 rien qu'au Royaume-Uni et des dizaines de milliers d'autres dans d'autres pays tiers.
Selon Eurostat, le mois de février a été marqué par le nombre le plus faible de nouvelles décisions en matière d'asile (41 435) prises par l'UE depuis le début de l'invasion à grande échelle, soit une baisse de 25 % par rapport à février 2024.
L'Allemagne compte le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, près de 1,8 million, soit 27,3 % du total de l'Union.
Il y a deux semaines, Berlin est devenue la dernière capitale européenne à annoncer deschangements dans les allocations d'asile et autres prestations pour ce groupe de demandeurs d'asile.
Quelle est la situation dans les autres pays ?
La Hongrie : Plus d'hébergement pour les Ukrainiens de l'Ouest
La Hongrie a supprimé les hébergements financés par l'État pour les réfugiés ukrainiens venant des régions occidentales du pays, qu'elle considère désormais officiellement comme sûres.
Selon le Comité hongrois d'Helsinki, environ 3 000 réfugiés, principalement des femmes et des enfants, ont été concernés.
Toutefois, la Hongrie a également prolongé les cartes de protection temporaire jusqu'au 4 mars 2026, quelle que soit la date de validité physiquement affichée sur la carte.
Les bénéficiaires de la protection temporaire reçoivent 22 800 HUF (environ 55 euros) par mois, avec un supplément de 13 700 HUF (environ 34 euros) par enfant.
Pologne : Suppression de l'allocation d'accueil et du paiement aux réfugiés
La Pologne, deuxième pays accueillant le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens, a récemment prolongé la période de séjour légal des demandeurs d'asile ayant quitté l'Ukraine après le 24 janvier 2022 jusqu'au 30 septembre 2025.
Cependant, les personnes qui hébergent ou offrent de la nourriture aux réfugiés ukrainiens n'ont plus droit à une compensation en espèces. L'hébergement peut toujours être organisé avec les autorités locales.
Par ailleurs, le paiement unique de 300 PL (environ 70 €) que les réfugiés pouvaient recevoir auparavant a été supprimé.
Néanmoins, la Pologne permet aux Ukrainiens d'obtenir un numéro d'identification personnel, ce qui signifie qu'ils ont le droit de travailler et de bénéficier de soins médicaux gratuits. Les enfants ukrainiens peuvent encore recevoir 800 PLN, tout comme les enfants polonais, mais seulement s'ils remplissent les conditions de fréquentation scolaire.
Norvège : Les allocations familiales sont renforcées en raison d'arrivées "insoutenables
La Norvège a été l'un des premiers pays européens à resserrer ses régimes d'allocations , afin de faire face à ce qu'elle a qualifié de nombre insoutenable d'arrivées peu après le début de l'invasion à grande échelle.
Le gouvernement a réduit les allocations familiales et limité la possibilité pour les personnes bénéficiant d'une protection collective temporaire de voyager entre l'Ukraine et la Norvège.
Il a également limité l'utilisation des hôtels comme centres d'accueil pour les demandeurs d'asile et a averti les réfugiés souhaitant bénéficier du régime d'assurance nationale du pays qu'ils devraient satisfaire à des exigences en matière de durée de résidence.
Slovaquie : Réduction de l'hébergement et des allocations
Début mars, la Slovaquie a appliqué de nouvelles règles pour les Ukrainiens arrivés après le 28 février 2025. La durée maximale pendant laquelle ils peuvent séjourner dans les centres d'asile a été ramenée à 60 jours, contre 120 auparavant, et l'allocation d'hébergement n'est désormais disponible que pour les 60 premiers jours passés dans le pays.
Le vice-ministre de l'intérieur, Peter Krauspe, a expliqué cette mesure par le fait que les réfugiés ukrainiens trouvent généralement un emploi et un logement dans les deux mois qui suivent leur arrivée en Slovaquie.
Toutefois, ces changements ne s'appliqueront pas aux groupes vulnérables, notamment les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées de plus de 65 ans et les parents isolés d'enfants en bas âge.
Estonie : Délai de six mois pour l'aide au logement
Chaque ménage de réfugiés ukrainiens peut prétendre à un remboursement forfaitaire de 1 200 euros pour couvrir les frais de location. Mais les nouvelles règles exigent que la demande de remboursement soit présentée dans les six mois suivant l'octroi du premier permis de séjour.
En plus de l'indemnisation des frais de location, les réfugiés peuvent également se faire rembourser les services de traduction à hauteur de 3 200 euros par famille et de 1 600 euros par personne seule, dans un délai de deux ans.
L'Estonie accorde également aux enfants de moins de 19 ans une allocation de 80 euros pour le premier et le deuxième enfant de la famille, et de 100 euros pour le troisième enfant et l'enfant suivant de la famille, jusqu'à 650 euros par mois pour sept enfants.
Il existe également une allocation parentale pour les parents qui ont cherché refuge en Estonie avec un enfant de moins d'un an et demi. Elle s'élève à 820 euros par mois pour une durée maximale de 545 jours.
Autriche : Niveau d'allemand A1 requis pour la carte rouge-blanc-rouge plus
L'Autriche a prolongé les droits de séjour des réfugiés ukrainiens jusqu'au 4 mars 2026. Les réfugiés ukrainiens titulaires de la carte bleue peuvent désormais demander la carte rouge-blanc-rouge plus (Rot-Weiß-Rot-Karte plus), qui leur permet de vivre et de travailler en Autriche.
Les conditions requises sont un niveau d'allemand A1, la fourniture d'un justificatif de revenus et la preuve qu'ils ont travaillé en Autriche avec une assurance complète pendant au moins 12 mois au cours des 24 derniers mois précédant la demande.
Irlande : Réduction de 25 % de l'allocation de logement
L'Irlande prévoit de réduire de 800 à 600 euros, en juin, l'allocation non imposable versée aux personnes accueillant des réfugiés ukrainiens.
Le régime a toutefois été prolongé jusqu'en mars 2026. L'Irlande avait précédemment réduit l'allocation pour chaque réfugié ukrainien de 232 euros par semaine à 38,80 euros.
Belgique : La Flandre supprime progressivement les subventions pour les centres de sommeil
La région néerlandophone de Flandre a annoncé la fin des subventions pour les lieux de sommeil privés après le 1er janvier 2025.
En revanche, les autorités publiques accueillant au moins cinq réfugiés ukrainiens recevront une somme forfaitaire de 1 000 euros pour chaque demandeur d'asile hébergé, si elles en accueillent au moins cinq et si elles sont enregistrées comme lieu d'hébergement d'ici le 1er janvier 2025.
Allemagne : Les réfugiés entrants bénéficieront d'un système d'allocations différent
Les réfugiés ukrainiens entrés en Allemagne après le 1er avril 2025 ne bénéficieront plus de l'allocation de citoyenneté (Bürgergeld).
Ils seront pris en charge au titre de la loi sur les prestations aux demandeurs d'asile (Asylleistungen).
On ne sait pas encore si les réfugiés ukrainiens installés avant cette date verront également leurs prestations modifiées à l'avenir.
Toutefois, ces changements ne sont pas encore officiellement en place, car ils dépendent de l'accord de la nouvelle coalition gouvernementale allemande : ils ont déjà été approuvés par l'Union chrétienne-sociale (CSU) de centre-droit, mais doivent encore être approuvés par son parti frère, les chrétiens-démocrates (CDU), et par les sociaux-démocrates (SPD) de centre-gauche.
La coalition devrait être signée le 30 avril, si les trois partis sont d'accord.
Les réfugiés ukrainiens ont été les premiers à bénéficier de l'allocation citoyenne et se sont vu accorder le statut de résident dans l'UE sans avoir à demander l'asile au préalable, contrairement aux réfugiés originaires de pays tels que la Syrie et l'Afghanistan.
Dans le cadre de l'allocation citoyenne, les personnes seules reçoivent 563 euros par mois, tandis que les demandeurs d'asile reçoivent 441 euros, qui sont chargés sur une carte de paiement.
Les réfugiés reçoivent également moins d'argent s'ils partagent un logement, bien que les frais de logement soient toujours couverts.
Le Bürgergeld est financé par les impôts perçus par le gouvernement fédéral, tandis que l'aide à l'asile est fournie par les États et les municipalités.
Bulgarie : la date limite de renouvellement de la carte de protection temporaire approche
Les autorités bulgares ont prolongé le statut de protection temporaire des réfugiés ukrainiens jusqu'au 4 mars 2026. Toutefois, les cartes de protection temporaire déjà délivrées doivent être renouvelées avant le 30 avril 2025.
Les réfugiés ukrainiens bénéficient d'une aide financière de 375 BGN (190 €), d'un hébergement temporaire, d'une assistance, ainsi que d'une thérapie et d'une rééducation.
République tchèque : Exigences strictes pour le nouveau programme de résidence
Le mois dernier, Prague a approuvé un nouveau régime de résidence à long terme destiné aux Ukrainiens qui gagnent plus de 440 000 CZK (17 551 €) bruts par an, qui vivent dans le pays sous protection temporaire depuis au moins deux ans et qui n'ont pas reçu d'allocations depuis juillet dernier.
Les autorités ont déclaré que cette mesure visait à encourager les réfugiés à s'intégrer davantage et à devenir autosuffisants. Cependant, les ONG et le Bureau du Médiateur craignent que de nombreux réfugiés soient laissés de côté parce qu'ils ne remplissent pas ces conditions.
Normalement, tous les nouveaux réfugiés ukrainiens reçoivent une allocation de 5 000 CZK (200 €) en espèces pour une durée maximale de cinq mois.
Italie : Les services d'hébergement sont prolongés jusqu'à la fin de 2025
L'allocation mensuelle pour les réfugiés ukrainiens en Italie est de 300 euros par adulte, plus 150 euros pour chaque mineur de moins de 18 ans accompagné. Les réfugiés sont hébergés dans des hôtels ou des logements privés dans tout le pays. Toutefois, les services d'accueil seront disponibles dans tout le pays jusqu'au 31 décembre 2025, selon le département de la protection civile du pays.
Les réfugiés qui auront encore besoin d'un logement après février 2025 pourront également être relogés dans une région différente de celle où ils se sont initialement installés.
France : Aide au loyer en plus de l'allocation de logement
Les réfugiés ukrainiens en France reçoivent une ADA (allocation pour demandeur d'asile) au début du mois par le biais d'une carte de paiement, et peuvent prétendre à environ 426 euros par mois.
Le montant de base est de 6,80 euros par jour pour une personne seule, auquel s'ajoute un pécule de 7,40 euros pour les demandeurs d'asile qui n'ont pas été hébergés.
Une aide est également disponible pour la location d'un logement privé ou la recherche d'un centre d'hébergement spécialisé. Des dispositions sont également prévues pour les ressortissants russes et biélorusses "menacés dans leur pays en raison de leurs positions dans le conflit".
Royaume-Uni : Les réfugiés sans emploi peuvent demander le crédit universel
Les réfugiés ukrainiens vivant au Royaume-Uni peuvent bénéficier d'une aide financière ponctuelle et permanente dans le cadre de divers programmes d'aide sociale.
Dans le cadre du programme Homes for Ukraine, par exemple, chaque demandeur d'asile ayant un parrain au Royaume-Uni peut recevoir un versement unique de 200 livres sterling à son arrivée, tandis que l'hôte peut prétendre à 350 livres sterling par mois pendant la durée de son visa Homes for Ukraine.
Les demandeurs d'asile avec enfants peuvent quant à eux recevoir 26,05 livres par semaine pour leur aîné ou leur unique enfant, 17,25 livres pour chaque enfant supplémentaire, ainsi qu'une aide financière pour la garde des enfants s'ils ne sont pas encore scolarisés.
Les personnes sans emploi ou à faible revenu peuvent demander le Universal Credit, une allocation à paiement unique dont le montant dépend de la situation familiale et des frais de logement.
Espagne : Aide à l'emploi et 400 euros
L'Espagne a approuvé une allocation de 400 euros pour chaque réfugié ukrainien adulte, plus 100 euros par mineur, pour une durée de six mois.
Les demandeurs doivent avoir un numéro de sécurité sociale et "ne pas avoir de ressources pour couvrir leurs besoins quotidiens". Le pays fournit également une assurance maladie et une aide à l'intégration sur le marché du travail.
Pays-Bas : Augmentation de l'allocation alimentaire pour les réfugiés solos et les familles plus petites
Aux Pays-Bas, les adultes et les enfants ont droit à une allocation mensuelle de subsistance pour les vêtements et la nourriture, ainsi qu'à une allocation supplémentaire qui peut être utilisée pour les transports publics, les visites à la famille ou la pratique d'un sport.
Toutefois, dès qu'un réfugié âgé de 18 ans ou plus trouve un emploi, l'allocation cesse d'être versée à tous les membres de la famille.
Au début de l'année 2025, l'allocation vestimentaire s'élèvera à 62,66 euros et l'allocation supplémentaire à 77,16 euros.
Par ailleurs, les réfugiés qui ne prennent pas leurs repas dans un centre d'accueil municipal voient leur budget varier. Les petites familles reçoivent plus d'argent par personne que les familles plus nombreuses.
Par exemple, un réfugié seul ou un adulte dans une famille de deux personnes reçoit 252,18 euros, tandis qu'un adulte dans une famille de quatre personnes reçoit 189,13 euros.
L'allocation est versée par la municipalité où les personnes sont enregistrées et peut être déposée directement sur leur compte bancaire, sur une carte de paiement ou en espèces.
Portugal : Statut de protection temporaire
Les Ukrainiens bénéficiant du statut de réfugié au Portugal se verront accorder un titre de protection temporaire, qui comprend automatiquement un permis de séjour temporaire, un numéro d'identification fiscale, un numéro d'identification de sécurité sociale et un numéro d'usager du service national de santé.
Le titre de protection temporaire leur permettra d'avoir droit au revenu d'intégration sociale (RSI) à condition que leur revenu mensuel ne dépasse pas 237,25 euros et que l'ensemble de leurs actifs financiers, tels que les dépôts bancaires, les actions, les obligations, les bons d'épargne postale, les titres de participation et les parts d'organismes de placement collectif, ne dépasse pas 30 555,60 euros.
Un demandeur du RSI recevra 237,25 € et 166,88 € supplémentaires pour un deuxième adulte.
Pour les réfugiés ayant des enfants de moins de 18 ans, un montant supplémentaire de 118,63 € par enfant est prévu.
Les réfugiés ukrainiens peuvent également demander des allocations de chômage pour compenser la perte involontaire de leur emploi. Ces prestations s'élèvent à 522,50 euros pour les bénéficiaires vivant dans un ménage ou à 418 euros pour les bénéficiaires célibataires.
Le Portugal dispose d'une plateforme dédiée à la recherche d'emploi pour les réfugiés ukrainiens ("Portugal for Ukraine") et d'une ligne d'assistance téléphonique disponible en ukrainien.