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Info ou intox : la France a-t-elle demandé au fondateur de Telegram de réduire au silence les conservateurs roumains ?

L'icône de l'application de messagerie instantanée Telegram est vue sur un smartphone, mardi 28 février 2023.
L'icône de l'application de messagerie instantanée Telegram est vue sur un smartphone, mardi 28 février 2023. Tous droits réservés  Matt Slocum/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Mared Gwyn Jones & Jean philippe LIABOT
Publié le
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Paris a catégoriquement rejeté les affirmations du fondateur de Telegram, Pavel Durov, qui n'a fourni aucune preuve à l'appui.

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Le fondateur et PDG de Telegram, Pavel Durov, a affirmé que le chef des services de renseignement français lui avait demandé de "réduire au silence" les voix conservatrices roumaines en les bannissant de son application de messagerie avant le second tour de l'élection présidentielle de dimanche, ce qui a déclenché une vague de désinformation en ligne.

Pavel Durov a fait ces déclarations sur les réseaux sociaux le matin où Nicușor Dan, un libéral pro-européen, a battu l'ultraconservateur George Simion à la présidence roumaine lors d'un second tour tendu.

George Simion a depuis demandé à la Cour constitutionnelle roumaine d'annuler le résultat du second tour, citant des "preuves irréfutables" d'ingérence de la France, de la Moldavie et d'autres pays. Pavel Durov a déclaré qu' il serait prêt à "témoigner" en faveur des affirmations de Simion.

Euroverify a contacté Telegram pour obtenir la confirmation de l'authenticité des déclarations de M. Durov et des preuves de ses allégations, mais n'a pas reçu de réponse.

Aucune preuve n'a encore été apportée pour suggérer que les affirmations de Pavel Durov sont vraies, et la France a catégoriquement rejeté ces allégations.

Dans un communiqué, le ministère français des affaires étrangères a qualifié ces affirmations de "totalement infondées" et de "manœuvre de diversion par rapport aux véritables menaces d'ingérence visant la Roumanie".

Le service de renseignement extérieur de la France, la DGSE, a également fermement réfuté ces allégations.

La DGSE a toutefois reconnu avoir été en contact avec Pavel Durov "à plusieurs reprises" pour lui rappeler "les responsabilités de son entreprise, et ses responsabilités personnelles, en termes de prévention des menaces terroristes et de pornographie enfantine".

En août dernier, Pavel Durov, qui est né en Russie mais possède la nationalité française, a été arrêté par les autorités françaises dans le cadre d'une enquête sur des allégations de fraude, de trafic de stupéfiants, de crime organisé, d'apologie du terrorisme et de cyberharcèlement sur Telegram.

Il est depuis lors soumis à un contrôle judiciaire strict et n'a pas le droit de quitter la France sans autorisation.

Telegram a été fondée par Durov et son frère aîné Nikolai en 2013, et a été défendu par des journalistes et des activistes pour son cryptage fort et sa sécurité.

Mais l'application a récemment fait l'objet d'un examen minutieux en raison de la diffusion de contenus illégaux.

Les procureurs français et belges font actuellement équipe pour enquêter sur le rôle de Telegram dans la diffusion de contenus illicites, notamment des images d'abus sexuels sur des enfants et de la propagande terroriste.

L'application a évité d' être soumise aux règles les plus strictes de l'Union européenne dans le cadre de son règlement numérique, la loi sur les services numériques (DSA).

Telegram affirme avoir moins de 45 millions d'utilisateurs mensuels actifs dans l'UE, seuil à partir duquel elle est surveillée de près par la Commission européenne.

Le cofondateur de Telegram, Pavel Durov, apparaît lors d'un événement à Jakarta, le 1er août 2017.
Le cofondateur de Telegram, Pavel Durov, apparaît lors d'un événement à Jakarta, le 1er août 2017. Tatan Syuflana/Copyright 2017 The AP

La répétition des élections roumaines suscite de nombreuses accusations d'ingérence

L'élection présidentielle roumaine a été reconduite en mai après avoir été annulée de manière spectaculaire en novembre, lorsqu'un ultranationaliste peu connu aux penchants mystiques, Călin Georgescu, a remporté une victoire inattendue au premier tour.

La Cour constitutionnelle roumaine a déclassifié des rapports des services de renseignement selon lesquels un "acteur étatique", qui serait la Russie, serait à l'origine de la campagne TikTok réussie de Călin Georgescu.

Depuis, aucune preuve publique indéniable n'a encore été apportée pour confirmer fermement l'implication de la Russie dans sa campagne.

Georgescu a été exclu du nouveau scrutin, ce qui a suscité la controverse et l'indignation de ses partisans dans le pays et à l'étranger.

Le vice-président américain J.D. Vance a été l'une des principales voix à dénoncer la décision de la Cour roumaine, dans un discours virulent prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité en février.

Une femme en train de voter à Bucarest, le 18 mai 2025.
Une femme en train de voter à Bucarest, le 18 mai 2025. AP Photo

En décembre dernier, Euroverify a détecté et démystifié des campagnes de désinformation TikTok accusant à tort la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, d'être intervenue personnellement pour annuler le vote.

Bien que la Commission européenne ait ouvert une enquête en vertu de la loi sur les services numériques (DSA) sur le rôle présumé de TikTok dans la campagne de Calin Georgescu, rien n'indique que l'exécutif de l'UE ait eu un quelconque intérêt dans la décision judiciaire nationale d'annuler le vote de novembre.

Les analystes ont prévenu que la Roumanie était particulièrement vulnérable à la désinformation et à l'ingérence étrangère lors des scrutins clés.

Les ministères roumains des affaires étrangères, de l'intérieur et de la défense ont accusé la Russie d'avoir orchestré une campagne de propagande (article en anglais) affirmant que les troupes françaises stationnées en Roumanie avaient revêtu des uniformes de la gendarmerie roumaine afin d'interférer dans les élections du pays.

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