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Les députés européens adoptent des surtaxes prohibitives sur les engrais russes et bélarusses

Chargement d'engrais dans le port de Giurgiulești, Moldavie.
Chargement d'engrais dans le port de Giurgiulești, Moldavie. Tous droits réservés  European Union
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Par Gerardo Fortuna
Publié le Mis à jour
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L'UE "se tire une balle dans le pied" en imposant des surtaxes sur les engrais russes, déclare le Kremlin, qui entend réorienter ses livraisons

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Lors d'un vote ce jeudi, les députés européens ont approuvé des mesures visant à réduire la dépendance de l'UE à l'égard des engrais et des produits agricoles en provenance de Russie et de son allié le Bélarus.

L'objectif de cette mesure est double : d'une part, priver Moscou d'une source majeure de financement de sa guerre en Ukraine, et d'autre part, renforcer l'autonomie stratégique des Vingt-Sept.

Prenant effet le 1er juillet, les nouveaux droits de douane cibleront certains engrais azotés, passant progressivement de 6,5 % à des niveaux proches de 100 % sur une période de trois ans, ce qui aura pour effet d'interrompre la plupart des importations.

La Russie fournit actuellement 25 % des engrais azotés de l'Union européenne, pour un montant estimé à 1,3 milliard d'euros par an. Des droits supplémentaires seront également imposés sur les importations de produits agroalimentaires tels que la viande, les produits laitiers, les fruits et les légumes en provenance de Russie et du Bélarus, qui représentent environ 380 millions d'euros d'échanges annuels.

L'initiative a pris de l'ampleur à la suite de pressions soutenues de la part de plusieurs États membres et de dirigeants de l'industrie des engrais, qui ont plaidé en faveur d'une action rapide pour renforcer l'indépendance stratégique de l'UE.

L'UE "se tire une balle dans le pied" en imposant des surtaxes sur les engrais russes, a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Après l'introduction des droits de douane, l'UE "devra acheter des produits plus chers et de moindre qualité", estime Peskov.

Jusqu'à présent, l'UE a évité d'imposer des sanctions sur les produits agricoles et les engrais russes afin de ne pas perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales, en particulier celles des économies émergentes.

Préoccupations éthiques et stratégiques

Au-delà des considérations économiques, la hausse des droits de douane vise également à répondre à des préoccupations d'ordre éthique. La Russie impose une taxe à l'exportation de 23,5 % sur les principaux engrais minéraux, dont les recettes contribuent à financer ses activités militaires en Ukraine.

"Nous devons cesser de financer la guerre de la Russie en Ukraine avec nos propres ressources financières. Si le secteur agricole continue à payer pour les engrais russes, cet argent soutient directement le budget russe", a déclaré l'eurodéputée lettone Inese Vaidere, rapporteuse du Parlement sur ce dossier.

Elle a mis en garde contre la dépendance croissante de l'UE à l'égard des engrais russes et les risques de perturbations soudaines de l'approvisionnement, qui pourraient mettre en péril la stabilité de l'agriculture.

L'industrie européenne des engrais a salué la décision du Parlement, la décrivant comme une étape cruciale vers la réduction de la dépendance et le renforcement de la sécurité économique de l'Europe.

"Nous appelons toutes les institutions de l'UE à agir rapidement pour finaliser et appliquer ces droits de douane", a déclaré Leo Alders, président de FertilizersEurope. "Plus tôt nous mettrons en œuvre ces mesures, mieux nous pourrons protéger nos chaînes de valeur, nos emplois et notre sécurité alimentaire."

Les agriculteurs inquiets

Les agriculteurs européens ont exprimé leur profonde inquiétude quant à l'impact des droits de douane sur la compétitivité agricole, le coût des intrants et la sécurité alimentaire.

Cédric Benoist, du syndicat agricole français FNSEA, a mis en garde contre "l'inflation des prix des engrais au sein de l'Union européenne", qui mettrait encore plus à rude épreuve les agriculteurs opérant sur un marché mondialement concurrentiel.

"Nous en ressentons déjà les conséquences en termes de revenus agricoles", a-t-il déclaré. "Les coûts augmentent, mais nous ne pouvons pas les répercuter sur les consommateurs".

Cédric Benoist a fait remarquer que le prix de la solution azotée, un type d'engrais liquide, est passé de 160 euros la tonne il y a cinq ans à 300 euros la tonne aujourd'hui, après avoir culminé à 600-700 euros pendant la pandémie de COVID-19.

Il a également mis en garde contre l'incertitude qui entoure l'échéance de juillet et qui fausse le marché : "Les producteurs d'engrais retiennent leur offre en attendant l'entrée en vigueur des droits de douane. Cela fait grimper les prix".

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