Heather Cornelius, dont le mari est détenu depuis 17 ans à Dubaï pour fraude présumée, a rencontré des membres du Parlement européen et du Service d'action extérieure à Bruxelles.
Les proches de Ryan Cornelius, un homme d'affaires britannique emprisonné depuis 2008 pour fraude aux Émirats arabes unis, se tournent désormais vers l'UE pour tenter d'obtenir sa libération.
Heather Cornelius et Chris Pagett, respectivement épouse et beau-frère de Ryan Cornelius, se sont rendus la semaine dernière au Parlement européen à Bruxelles pour demander aux députés de faire pression sur les Émirats arabes unis.
Qui est Ryan Cornelius ?
Ryan Cornelius est un promoteur immobilier emprisonné depuis 17 ans en raison d'un prêt bancaire de 501 millions de dollars accordé par la Dubai Islamic Bank (DIB) que lui et un autre homme d'affaires britannique utilisaient pour financer des programmes d'investissement dans le Golfe.
La DIB a ensuite réinitialisé le prêt, affirmant qu'il n'était pas utilisé aux fins prévues et que de faux reçus étaient fournis pour couvrir les dépenses. Un accord a été conclu, prévoyant de nouvelles conditions de remboursement et la mise en garantie de la propriété de Ryan Cornelius.
Il a néanmoins été condamné à 10 ans de prison en 2008 dans le cadre d'une affaire de fraude bancaire présumée, et sa détention a été prolongée de 20 ans en 2018.
Un groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a statué en 2022 que le procès de Ryan Cornelius était inéquitable et son emprisonnement "arbitraire", en violation de huit articles distincts de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Son cas a également été repris par Global Magnitsky Justice Campaign, le groupe fondé par Bill Browder, qui a accompagné les membres de sa famille à Bruxelles et indique que Ryan Cornelius est le citoyen britannique emprisonné à tort le plus longtemps à l'étranger.
Dix-sept ans de prison
Dans une interview accordée à Euronews, Chris Pagett, le beau-frère de Ryan Cornelius, a décrit la vie de ce dernier derrière les barreaux à Dubaï, expliquant que sa santé se détériorait, mais qu'il était resté mentalement fort grâce aux fréquents appels téléphoniques avec Heather, sa femme, et leurs trois enfants.
"La chose la plus importante [pour lui] est de parler à Heather. Il lui parle une fois par jour", déclare Christ Pagett, ajoutant que l'inaction du gouvernement britannique pour obtenir sa libération constituait un "abus de procédure flagrant".
"Le cas de Ryan n'était qu'un obstacle à leur désir d'établir des relations commerciales étroites avec les Émirats arabes unis", estime-t-il.
Interrogé par Euronews, le gouvernement britannique a déclaré que le ministre des Affaires étrangères avait évoqué le cas de Ryan Cornelius avec son homologue des Émirats arabes unis le 7 décembre.
En janvier 2025, Hamish Falconer, sous-secrétaire d'État, a par ailleurs affirmé que le Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement fournissait à Ryan Cornelius une assistance consulaire et prenait "très au sérieux tout rapport de violation des droits de l'Homme, y compris la coercition et les mauvaises conditions de détention".
Ramener Ryan Cornelius à la maison
En désespoir de cause, Heather Cornelius s'est tournée vers Bruxelles pour tenter de faire libérer son mari, expliquant à Euronews à quel point la vie quotidienne de Ryan Cornelius était difficile.
"C'est un mode de vie épouvantable, on lui crie de faire la queue à 5h30 du matin. On lui donne une nourriture absolument horrible, le même poulet et le même riz tous les jours, six jours par semaine, et je crois des œufs le vendredi. Il ne sort pratiquement jamais, peut-être deux fois par mois à l'air libre", déclare-t-elle.
Les eurodéputés irlandais Barry Andrews, de Renew Europe, et Seán Kelly, du Parti populaire européen, ont rencontré Heather et Chris au Parlement européen. Ils espèrent inscrire le cas de Ryan Cornelius à l'ordre du jour du Parlement européen par le biais d'une résolution, afin de pouvoir le présenter à Kaja Kallas, la responsable des Affaires étrangères de l'UE.
"Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a très clairement déclaré qu'il s'agissait d'une injustice et qu'il n'aurait jamais dû être enfermé, sans parler de la prolongation de sa détention", indique Barry Andrews à Euronews, ajoutant qu'à Dubaï, les règles stipulent que toute personne âgée de plus de 70 ans devrait être libérée.
L'eurodéputé qualifie cette détention permanente d'"extraordinairement punitive" et rappelle que "Ryan a des besoins médicaux importants qui ne sont pas satisfaits".
"Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire la lumière sur cette affaire et, nous l'espérons, pour que Ryan soit libéré le plus rapidement possible", conclut-il.