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Les compagnies françaises, dont Renault, vont fabriquer des drones en Ukraine

Des drones FPV sont prêts à être tirés vers des positions russes dans un abri en direction de Kostyantynivka, région de Donetsk, Ukraine, vendredi 23 mai 2025.
Des drones FPV sont prêts à être tirés vers des positions russes dans un abri en direction de Kostyantynivka, région de Donetsk, Ukraine, vendredi 23 mai 2025. Tous droits réservés  Iryna Rybakova/Ukrainian 93rd Mechanized brigade
Tous droits réservés Iryna Rybakova/Ukrainian 93rd Mechanized brigade
Par Serge Duchêne
Publié le Mis à jour
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L'invasion russe en 2022 et la résistance ukrainienne depuis plus de trois ans ont transformé les drones en une arme la plus stratégique du XXIe siècle. Pourtant, selon les militaires, la France était jusqu'alors "insuffisamment" préparée à ce bouleversement des pratiques de guerre.

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MAJ : Dimanche en début d'après-midi on apprenait que le 'producteur automobile' est en fait le groupe Renault.

Dans une campagne d'usure et de position qu'est devenue la guerre en Ukraine, les drones FPV sont vite devenus omniprésents et vitalement indispensables.

La Russie, s'appuyant d'abord essentiellement sur les Shahed iraniens, a vite mis toute la puissance de son économie de guerre à en fabriquer elle-même.

L'Ukraine, sans pouvoir compter sur les mêmes capacités de production, n'est pas en reste et peut compter sur son inventivité, aussi bien dans la construction et l'élaboration de ses propres modèles, l'efficacité de leur utilisation - dont l'exemple de la récente opération "Toile d'araignée", mais aussi dans la "réutilisation" des essaims lancés par ses adversaires.

Maintenant, Kyiv peut compter sur un soutien de taille dans cette guerre à distance : des entreprises françaises de l'automobile et de la défense vont produire des drones sur le sol ukrainien.

En annonçant l'initiative sur les ondes du LCI, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a évoqué un partenariat « gagnant-gagnant » avec l'Ukraine.

« On va se lancer dans un partenariat complètement inédit où une grande entreprise produisant des voitures françaises – je ne donne pas le nom parce que c'est à elle de l'annoncer – va s'allier avec une PME de défense française pour armer des lignes de production en Ukraine pour être capables de produire des drones », a annoncé le ministre le vendredi 6 juin.

Mais c'est en fait un géant français de l'automobile, Renault, qui va s'installer en Ukraine pour fabriquer des drones, selon les informations recueillies dimanche 8 juin par franceinfo. Le constructeur automobile va s'associer à une PME française spécialisée dans la défense, avec des lignes de production à quelques dizaines ou centaines de kilomètres du front.

Ces drones, dont il n'a pas précisé le type, seront destinés aux Ukrainiens, « mais nous allons aussi en faire bénéficier nos propres armées françaises pour avoir en permanence un entraînement tactique, opératif qui colle à la réalité » du conflit.

En ce qui concerne l'expertise, mais aussi la main d'œuvre, la production va se reposer sur les épaules ukrainiennes : ils « sont meilleurs que nous dans la capacité à imaginer des drones et surtout à élaborer la doctrine qui va autour », reconnait Lecornu. « Il n'y a pas besoin en plus de demander à des citoyens français » d'aller travailler sur la chaîne de production en Ukraine.

Les Européens investissent déjà dans la production en Ukraine

Cette annonce, rappelle EuroMaidanPress, fait suite aux discussions qui ont eu lieu le 5 juin à Bruxelles entre les ministres de la Défense ukrainien et français au sujet de la production conjointe d'armes pour les besoins de la défense ukrainienne.

« Nous sommes prêts à offrir cette opportunité aux meilleurs fabricants. L'Ukraine a l'expérience du combat et la France dispose d'une base industrielle solide. Il s'agit d'un partenariat stratégique et mutuellement bénéfique », a souligné Roustem Oumierov, en remerciant Lecornu pour son soutien.

Lors de la 28e réunion de Ramstein au siège de l'OTAN, l'Ukraine et les États partenaires ont également décidé de mettre en place un mécanisme de production d'armements.

Plusieurs partenaires européens ont récemment investi dans la production de drones en Ukraine

La Finlande a créé une usine de fabrication de drones en coopération avec des partenaires ukrainiens afin de produire des drones pour l'Ukraine et l'UE, la production de masse devant commencer au début de 2025.

Les Pays-Bas ont annoncé un investissement de 700 millions d'euros (798 millions de dollars) destiné à faire progresser la technologie des drones et à soutenir l'industrie de la défense ukrainienne.

Le Royaume-Uni investit également des centaines de millions de dollars afin d'augmenter la production de drones pour l'Ukraine en 2025. La Norvège a réorienté ses fonds pour soutenir la production de drones ukrainiens.

Retard à rattraper pour la France

Selon Jean-Paul Perruche, général de corps d’armée et ancien directeur général de l’état-major militaire de l’Union européenne, cité par LCI, la France était jusqu'alors "insuffisamment" préparée à ce bouleversement des pratiques de guerre : "J’ai travaillé au bureau d'études de l’état-major de l’armée de terre, on parlait déjà des drones à la fin des années 80. Mais le contexte de l’époque était loin de la haute intensité. Je pense qu’on a pris du retard dans les drones à un moment où des pays comme les États-Unis ou d’autres pays comme la Chine allaient de l’avant".

Si l'armée française dispose de quelques milliers de drones (3000 pour l'armée de Terre), l'Ukraine entend utiliser en 2025 plus de 4,5 millions de drones, qui sont responsables de 70 % des destructions de matériels ennemis sur le front.

Cet accord, comme précise la RFI, est inédit surtout en ce qui concerne l'engagement en Ukraine d'un constructeur automobile français dans l'industrie de l'armement, explique Maxime Cordet, chercheur à l'Iris spécialiste des questions de défense européennes. « Il est plutôt inédit sur le sol ukrainien pour des Européens, en particulier pour les Français. On n'avait pas encore vu ça. Il semblerait que l'industrie automobile française arrive à s'arrimer à cet effort de renforcement drastique de nos capacités de production de matériel de guerre. Et donc c'est assez nouveau pour la France qu'on assiste à un partenariat automobiliste-droniste d'autant plus en Ukraine », analyse le chercheur. 

Lecornu a auparavant aussi reconnu certains lenteurs dans l'approvisionnement des forces françaises : «le système est encore trop rigide, trop lent, entre le moment où les armées françaises font une expression de besoin et le moment où on a une livraison de drones», a déploré le ministre, qui a demandé une «revue de l'ensemble de nos programmes de drones». «En clair, vous avez commandé un fax ou un Minitel, sauf qu'entre-temps internet a été inventé et vous avez la livraison de votre Minitel», a-t-il ironisé.

Sources additionnelles • LCI, RFI, Le Figaro, franceinfo, DW UA

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