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Emmanuel Macron et Donald Trump : retour sur la relation complexe entre les deux dirigeants

Donald Trump rencontre Emmanuel Macron dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le lundi 24 février 2025
Donald Trump rencontre Emmanuel Macron dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, le lundi 24 février 2025 Tous droits réservés  Ludovic Marin/Pool via AP
Tous droits réservés Ludovic Marin/Pool via AP
Par Vincent Reynier
Publié le Mis à jour
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Initialement marquée par une certaine complicité lors de leur première rencontre en 2017, la relation entre le président américain et son homologue français s'est depuis heurtée à de nombreux différends et semble aujourd'hui au plus bas.

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"Nous avons eu de petites disputes avec Emmanuel [Macron], mais j’aime beaucoup votre président en fait", avait déclaré le président américain Donald Trump en 2019, lors de l'inauguration d'une usine Vuitton aux États-Unis.

Six ans plus tard, après son retour à la Maison Blanche, le ton du dirigeant américain envers son homologue français est nettement moins cordial.

Après avoir quitté prématurément le sommet du G7 au Canada lundi soir, Donald Trump s'en est violemment pris à Emmanuel Macron, affirmant que son départ n'avait "rien à voir avec un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël", comme le prétendait le président français.

Et le locataire de la Maison Blanche d'en rajouter une couche, en déclarant qu'"intentionnellement ou non, Emmanuel Macron se trompe toujours".

Le président américain a affirmé que les raisons de son retour précipité à Washington D.C sont "bien plus importantes que cela", avant d'exhorter quelques heures plus tard "tout le monde" à "évacuer immédiatement Téhéran".

Une rivalité cordiale entre les deux dirigeants

Entrés en fonction à quatre mois d'intervalles en 2017, Emmanuel Macron et Donald Trump ont d'emblée affiché une forme de rivalité virile, marquée par leur célèbre poignée de main ferme lors de leur première rencontre au sommet de l'OTAN du 25 mai 2017.

"Les poignées de main sont très importantes pour ce président", explique à l'époque Chris Cillizza de la chaîne américaine CNN. "Trump semble considérer la poignée de main comme une sorte de bataille de volonté et de lutte pour le pouvoir, tout à la fois".

Donald Trump et Emmanuel Macron se serrent longuement la main au début d'une réunion à la résidence de l'ambassadeur des États-Unis à Bruxelles, le jeudi 25 mai 2017
Donald Trump et Emmanuel Macron se serrent longuement la main au début d'une réunion à la résidence de l'ambassadeur des États-Unis à Bruxelles, le jeudi 25 mai 2017 AP Photo/Peter Dejong, Pool

Selon le biographe du président français, Michaël Darmon, Emmanuel Macron a très vite compris qu'il pouvait s'attirer le respect de Donald Trump en établissant d'emblée un rapport de force avec son homologue américain.

"Le fait qu’Emmanuel Macron ait privilégié la méthode du rapport de force cordial a immédiatement attiré la sympathie de Trump", explique-t-il, dans des propos rapportés par La Dépêche.

Quand Donald Trump menace de retirer - pour la première fois - les États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, le président français s'inspire du slogan "Make America great again" de son homologue américain en déclarant "Make our planet great again".

"C’est d’ailleurs la première fois qu’un président français parle en anglais depuis l’Élysée. Et là, Trump comprend que Macron le défie et ça lui plaît pas mal", ajoute Michaël Darmon.

"Macron pense qu’ils peuvent ensemble envoyer un signal disant qu’ils ont bousculé le champ politique dans leurs pays. C’est ce qui justifie la complicité des débuts".

Défilé du 14 juillet 2017 à Paris

Cette entente est de nouveau affichée au grand jour quelques mois plus tard, quand le président français reçoit Donald Trump en grande pompe pour le défilé du 14 juillet à Paris, qui marque cette année-là le 100e anniversaire de l'entrée en guerre des Américains dans la Première Guerre mondiale.

"Nous avons trouvé aussi des alliés sûrs, des amis qui sont venus à notre secours [...] et les États-Unis sont de ceux-là", avait alors déclaré Emmanuel Macron. "Rien ne nous séparera jamais des États-Unis".

Le président français Emmanuel Macron et le président américain Donald Trump assistent au traditionnel défilé militaire du 14 juillet 2017 sur les Champs-Élysées, à Paris
Le président français Emmanuel Macron et le président américain Donald Trump assistent au traditionnel défilé militaire du 14 juillet 2017 sur les Champs-Élysées, à Paris AP Photo/Michel Euler, File

Le dirigeant américain rentre ravi de cette visite, saluant "l'un des plus beaux défilés" auxquels il a pu assister, et annonce immédiatement son intention de mettre en place une célébration similaire pour la fête nationale américaine, le 4 juillet.

"NOTEZ LA DATE ! Nous allons organiser l'un des plus grands rassemblements de l'histoire de Washington le 4 juillet. Ça s'appellera 'Un salut à l'Amérique'. D'immenses feux d'artifice, du spectacle et une allocution par votre Président préféré, moi !"

Ce défilé sera finalement organisé pour la première fois le 4 juillet 2019.

Retrait des États-Unis sur l'accord nucléaire iranien

Mais les différences fondamentales de position entre les deux dirigeants commencent peu à peu à fracturer leur complicité.

En avril 2018, Donald Trump convie Emmanuel Macron à Washington pour une visite officielle. Si les deux hommes s'affichent tout sourire devant les caméras en train de planter un chêne français dans les jardins de la Maison Blanche, en coulisses, le président français informe son homologue que les États-Unis vont se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015.

Donald Trump et Emmanuel Macron plantent un chêne français dans les jardins de la Maison Blanche, en présence de Brigitte Macron et de Melania Trump, le 28 avril 2018
Donald Trump et Emmanuel Macron plantent un chêne français dans les jardins de la Maison Blanche, en présence de Brigitte Macron et de Melania Trump, le 28 avril 2018 AP Photo

Quelques jours plus tard, devant le Sénat américain, Emmanuel Macron dénonce vivement cette décision, et s'en prend de manière plus large à l'isolationnisme prôné par Donald Trump.

"Vous pouvez jouer avec la peur et la colère pour un temps, mais cela ne mène à rien. La colère paralyse et affaiblit. On peut choisir l'isolationnisme, le repli et le nationalisme, mais fermer la porte au monde n'arrêtera pas la marche du monde".

Effritement des relations

Mais la véritable crise diplomatique aura lieu en novembre 2018 lors d'une nouvelle visite du dirigeant américain à Paris.

Lors de son discours lors des commémorations du centenaire de l'Armistice, le 11 novembre 2018, Emmanuel Macron s'attaque de nouveau directement à la position isolationniste de Donald Trump.

"Le patriotisme est l'exact contraire du nationalisme. Le nationalisme en est la trahison. En disant "nos intérêts d'abord et qu'importent les autres !", on gomme ce qu'une Nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre : ses valeurs morales", a-t-il déclaré.

Cette diatribe entraîne une réponse immédiate et virulente de Donald Trump sur les réseaux sociaux, qui se moque notamment de l'impopularité d'Emmanuel Macron et du taux de chômage en France.

Le président français réagit sans tarder, déclarant à CNN qu'il "préfère toujours avoir une discussion directe ou répondre aux questions plutôt que de faire ma diplomatie par des tweets".

Le sommet des 70 ans de l'OTAN, en décembre 2019 à Londres, est l'occasion d'une nouvelle rencontre tendue entre les dirigeants, qui voit Donald Trump réitérer sa menace de taxer plusieurs produits français - dont le champagne, le roquefort et les sacs à main - en réponse à la taxe française sur les entreprises numériques américaines.

L'atmosphère restera tendue entre Emmanuel Macron et Donald Trump jusqu'à la fin du premier mandat de ce dernier, marquée par de nouvelles altercations sur les questions climatiques, sur les échanges commerciaux et sur la pandémie de Covid-19.

Deuxième mandat de Donald Trump

Emmanuel Macron a été le premier dirigeant d'un grand pays occidental à saluer la réélection de Donald Trump le 6 novembre dernier, se disant prêt à travailler avec lui "comme [ils ont] su le faire durant quatre années".

Mais cette nouvelle main tendue d'Emmanuel Macron envers le dirigeant américain, de retour à la Maison Blanche, est cette fois restée sans réponse.

Depuis le début de son second mandat, Donald Trump n'a d'ailleurs que très rarement mentionné son homologue français, lui préférant désormais la Première ministre italienne d'extrême droite Giorgia Meloni, plus proche de ses positions politiques.

Il faut dire que les différends sont désormais nombreux entre Donald Trump et Emmanuel Macron.

Le président français est un ferveur défenseur de l'Union européenne, que Donald Trump "déteste" ouvertement et qu'il accuse d'avoir été créée pour "profiter des États-Unis".

Emmanuel Macron se pose également depuis plusieurs mois en leader du soutien européen à l'Ukraine - dans le cadre de la "Coalition des volontaires", alors que le président américain cherche par tous les moyens à réduire l'aide américaine à Kyiv.

Nouvelle guerre commerciale de Donald Trump

La tension est encore montée d'un cran depuis le lancement de la guerre commerciale planétaire de Donald Trump, via d'importants droits de douane soi-disant "réciproques" sur la quasi-totalité des partenaires commerciaux des États-Unis.

Immédiatement après cette annonce, Emmanuel Macron a dénoncé une décision "brutale et infondée" et appelé les entreprises européennes à limiter leurs échanges avec les États-Unis.

Le chef de l'État français a depuis soutenu les mesures de rétorsion de l'UE qui ont contribué à une escalade commerciale avec la Maison Blanche, laquelle menace désormais d'imposer des droits de douane de 50 % sur les produits européens.

Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion avec des représentants des secteurs affectés par les droits de douane, le jeudi 3 avril 2025 au palais de l'Élysée à Paris
Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion avec des représentants des secteurs affectés par les droits de douane, le jeudi 3 avril 2025 au palais de l'Élysée à Paris Mohammed Badra, Pool via AP

La visite d'Emmanuel Macron à Washington en février a été l'occasion d'une nouvelle altercation entre les deux dirigeants, le président français reprenant publiquement son homologue américain sur le montant de l'aide européenne à l'Ukraine. Une interruption qui n'a clairement pas été du goût de Donald Trump.

Si la relation entre les deux présidents avait débuté sous de bons auspices, elle semble donc désormais au plus bas. Et les positions divergentes d'Emmanuel Macron et Donald Trump sur les sujets d'actualité pourraient bien accentuer encore les tensions entre Paris et Washington, au moins jusqu'à la fin du second mandat du président français en 2027.

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