Dans un document consulté par Euronews, 14 États membres appellent à une "politique de cohésion autonome" afin de garantir que le prochain budget à long terme de l'UE stimule la compétitivité et la convergence.
Alors que la proposition pour le prochain budget de l'UE après 2027 arrive à grands pas, le paysage politique est loin d'être calme. Dernier signe d'agitation : quatorze États membres ont approuvé un document officieux s'opposant aux projets de la Commission européenne visant à centraliser la gestion et la distribution des fonds de l'UE.
"Seuls un budget distinct et solide et une méthodologie d'allocation basée sur les régions, reflétant les différents niveaux de développement des régions, ainsi qu'une législation autonome dédiée à la politique de cohésion, peuvent garantir que le prochain cadre financier pluriannuel (CFP) assurera l'unité, la compétitivité et la convergence à long terme dans les régions de l'UE", peut-on lire dans le document.
La Bulgarie, la République tchèque, la Grèce, l'Espagne, la Hongrie, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie ont signé le texte intitulé "Politique de cohésion dans le futur CFP", qui vise à garantir une enveloppe distincte pour réduire le fossé socio-économique entre les régions européennes les plus riches et les plus pauvres.
L'appel de plus de la moitié des États membres fait suite à une fuite concernant les projets de la Commission de créer un pot de financement unique pour chaque pays de l'UE (couvrant environ 530 programmes) et de lier la réception des fonds à la réalisation d'objectifs politiques.
La centralisation potentielle de la gestion et de l'accès aux fonds européens donnerait plus de pouvoir aux gouvernements nationaux et à Bruxelles, tout en portant préjudice aux régions et aux autres départements de la Commission européenne.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devrait présenter la proposition de budget pour la prochaine période financière à long terme (2028-2034) le 16 juillet, mais les critiques des régions, des États membres, des eurodéputés et des représentants de l'industrie continuent de s'accumuler.
La Pologne et le groupe de centre-gauche des Socialistes et Démocrates (S&D) au Parlement européen ont exprimé leurs inquiétudes quant à l'intention de la Commission de fusionner des douzaines de flux de financement individuels en un seul pot d'argent par Etat membre, comme cela est détaillé dans leurs documents de position respectifs sur le prochain CFP.
Nous nous opposerons fermement à l'approche "un plan national par Etat membre", ainsi qu'à la possibilité pour les plans nationaux d'être soutenus par une règle de "paiements contre réformes", ont écrit les socialistes dans une lettre à Ursula von der Leyen envoyée lundi.
Les socialistes - le deuxième plus grand groupe du Parlement - ont également demandé à la commissaire de proposer un budget à long terme plus important et plus ambitieux, dépassant le 1% actuel du PIB de l'UE, qui équivaut à environ 1,2 trillion d'euros.
Le gouvernement conservateur polonais a quant à lui insisté sur le fait que les futures réformes ne devraient pas conduire à une plus grande centralisation ou à la fusion des instruments de financement. "Les régions doivent rester au cœur de la politique de cohésion", peut-on lire dans son document de position daté du 1er juillet.
La politique agricole commune (PAC) et la politique de cohésion de l'UE représentent ensemble plus de deux tiers du budget total de l'UE - et la Pologne, qui reçoit le plus de fonds de la politique de cohésion, insiste pour que leur part combinée dans le CFP ne soit pas inférieure à ce qu'elle est actuellement.
"L'une des priorités du prochain CFP devrait être d'accroître l'importance de la cohésion économique, sociale et territoriale au sein de l'UE et de s'efforcer d'atteindre la convergence", défend la Pologne dans sa prise de position. "La compétitivité et la cohésion sont les deux faces d'une même pièce", conclut le document.