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Hanté par Merkel : Trump toujours aux prises avec le leader perdu de l'Europe

Le président Donald Trump rencontre la chancelière allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants lors du G7 Canada, 2018.
Le président Donald Trump rencontre la chancelière allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants lors du G7 Canada, 2018. Tous droits réservés  Jesco Denzel
Tous droits réservés Jesco Denzel
Par Jeremy Fleming-Jones
Publié le
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Le président américain intervenait sur CNBC à propos de l'état actuel des marchés aux États-Unis, mais, interrogé sur l'accord commercial entre Bruxelles et Washington, il s'est souvenu d'une conversation avec l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel.

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Lorsque le président américain Donald Trump a lancé mardi un avertissement sur l'accord commercial qu'il a conclu avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en Écosse le 27 juillet, c'est une autre Allemande - l'ancienne chancelière Angela Merkel - qui semblait être dans son esprit.

Bien qu'elle ne soit plus au pouvoir depuis près de quatre ans, la relation complexe de l'ancienne dirigeante allemande avec Donald Trump - marquée tantôt par le respect, tantôt par l'aversion - semble continuer à exercer une influence sur le président américain.

Interrogé par téléphone dans l'émission "Squawk Box" de CNBC, M. Trump a déclaré que l'UE devait honorer sa promesse d'investir 600 milliards de dollars (550 milliards d'euros) aux États-Unis d'ici la fin de son second mandat, faute de quoi des droits de douane globaux de 35 % seraient appliqués à l'Union.

Toutefois, avant de lancer cet avertissement, le président américain a expliqué de manière générale les avantages de sa politique commerciale.

Se référant à l'UE, M. Trump a semblé se remémorer une conversation avec Mme Merkel au sujet du secteur automobile.

"J'ai dit à... disons juste à un premier ministre, un très bon premier ministre, il y a quelques années, j'ai dit : 'Combien de voitures [américaines] prenez-vous par an ? Laissez-moi deviner, c'est une ou deux ?'".

"Elle m'a répondu : 'Non, non, non, nous ne prenons aucune de vos voitures'", s'est-il souvenu, avant d'ajouter : "Et moi, je lui ai dit : 'Ce n'est pas bien, ce n'est pas une bonne chose, Angela'".

"Et maintenant, ils prennent toutes nos voitures, tous nos camions, à 100 %, et en plus l'UE va nous payer 600 milliards de dollars", a déclaré M. Trump.

Lors de la 55e conférence de Munich sur la sécurité en février 2019, Merkel a rejeté les affirmations de M. Trump selon lesquelles les voitures allemandes représentaient une menace pour la sécurité des États-Unis. La chancelière allemande a déclaré que la plus grande usine du géant allemand de l'automobile BMW se trouvait en Caroline du Sud, plutôt qu'en Bavière, dans le sud de l'Allemagne.

"Si ces voitures, qui ne sont pas moins menaçantes que celles construites en Bavière, constituent soudain une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, cela nous choque", a-t-elle déclaré.

L'année dernière, Angela Merkel a déclaré dans une interview au quotidien italien Corriere della Sera que "Donald Trump était obsédé par le fait que, selon lui, il y avait trop de voitures allemandes à New York".

"Il avait toujours dit que, s'il devenait président, il aurait imposé des droits de douane si élevés qu'elles [les voitures allemandes] auraient disparu des rues de Manhattan", s'est-elle souvenue dans un entretien qu'elle a accordée au quotidien milanais avant la publication de ses mémoires.

Une relation en dents de scie

En août 2015, avant sa première élection, M. Trump a complimenté Mme Merkel dans une interview accordée au magazine Time, déclarant qu'elle était "fantastique [...] très respectée".

Mais il a rapidement changé d'avis.

Lorsque l'ancienne chancelière s'est rendue à la Maison-Blanche en 2017, pendant le premier mandat de Trump, il a tenté de l'embarrasser en refusant de lui serrer la main devant les caméras, puis l'a cuisinée pour avoir laissé entrer en Allemagne environ un million de réfugiés - principalement originaires de Syrie et d'Irak.

Lors de la publication de ses mémoires, Liberté, l'année dernière, Mme Merkel a déclaré qu'elle avait mal interprété Trump lors de cette première rencontre.

Le président Donald Trump rencontre la chancelière allemande Angela Merkel dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, vendredi 27 avril 2018, à Washington.
Le président Donald Trump rencontre la chancelière allemande Angela Merkel dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, vendredi 27 avril 2018, à Washington. Copyright 2018 The Associated Press. All rights reserved.

"Au lieu de le supporter stoïquement, je lui ai chuchoté que nous devrions nous serrer la main à nouveau", a écrit Mme Merkel, ajoutant : "Dès que les mots ont quitté ma bouche, je me suis secouée la tête. Comment ai-je pu oublier que Trump savait exactement ce qu'il faisait ? Il voulait donner aux gens quelque chose à discuter avec son comportement, alors que j'avais agi comme si j'avais une conversation avec quelqu'un de tout à fait normal".

"Il semblait que son principal objectif était de culpabiliser son interlocuteur... En même temps, j'avais l'impression... qu'il voulait aussi que son interlocuteur l'apprécie", a écrit Merkel à propos du caractère changeant de Trump.

Mme Merkel a publiquement regretté que M. Trump n'ait pas reconnu sa défaite lors de l'élection américaine de novembre 2020 : "Une règle de base de la démocratie est la suivante : après les élections, il y a des gagnants et des perdants. Les uns et les autres doivent jouer leur rôle avec décence et sens des responsabilités, afin que la démocratie elle-même reste gagnante".

Lorsque l'actuel chancelier allemand Friedrich Merz s'est rendu à la Maison-Blanche au début de l'année, il s'est longuement préparé pour que sa rencontre avec Donald Trump ne se transforme pas en fiasco à l'antenne, à l'instar de la confrontation du président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale.

En fin de compte, M. Merz n'a pas eu à s'inquiéter.

La seule critique de M. Trump était réservée... à Angela Merkel, qu'il a critiquée pour avoir construit le gazoduc Nord Stream 2 et, une fois de plus, pour avoir ouvert son pays aux réfugiés, déclarant à son successeur : "Je lui ai dit que cela n'aurait pas dû arriver".

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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