Le futur chancelier relève les signaux en provenance des Etats-Unis et se dit en accord avec Emmanuel Macron
Friedrich Merz prend acte des signaux envoyés par Donald Trump et veut mettre en place une défense autonome pour l’Europe.
À peine les élections remportées, le futur chancelier est prêt à tourner la page de l’atlantisme allemand en matière de défense.
Pour Friedrich Merz, l’Allemagne doit se préparer « au pire scénario » : celui d’un retrait du bouclier américain.
Friedrich Merz, chef de la CDU, futur chancelier d'Allemagne : « Je n'aurais jamais pensé devoir dire quelque chose comme ça dans une émission de télévision, mais, après les remarques de Donald Trump la semaine dernière [...], il est clair que ce gouvernement ne se soucie pas beaucoup du sort de l'Europe. »
L’Allemagne de l’après-guerre s’est forgé sur son partenariat avec les États-Unis.
Des missiles nucléaires américains et 35 000 soldats américains sont basés en Allemagne.
Jusqu’à présent Berlin était réticent à l’idée d’une autonomie stratégique de l’Europe.
Gesine Weber, analyste de recherche et membre de l'équipe de géostratégie du FMV : « Les récentes actions, en particulier celles du président américain Trump sur l'Ukraine, ont incité M. Merz à revoir complètement son approche à ce sujet. Entendre une déclaration d'un futur ou très probable chancelier allemand selon laquelle l'Europe devrait être plus indépendante des États-Unis lorsqu'il s'agit de sa sécurité est certainement une nouveauté, mais je pense que cela sera très bien accueilli dans de nombreux autres pays européens, en particulier en France. Elle s'inscrit également dans le droit-fil de l'agenda de la nouvelle Commission de sécurité et de défense de l'UE. »
Même en crise, l’Allemagne reste la première puissance économique de l’UE et dispose d’un poids important au sein de l’Union.
Sur la défense européenne, Friedrich Merz se dit « en accord complet » avec Emmanuel Macron.
Un retour de la synergie Paris - Berlin pourrait aller dans le sens d’acheter davantage d’armes européennes, une demande plusieurs fois exprimée par la France.
Sur le dossier de la guerre en Ukraine, Friedrich Merz devra affronter l’opposition des extrêmes qui sont contre les livraisons d’armes à l’Ukraine.
Gesine Weber, analyste de recherche et membre de l'équipe de géostratégie du FMV : "Il y a un consensus sur la nécessité de faire de l'Ukraine une priorité et sur le fait que le financement de l'Ukraine doit se poursuivre. À très court terme, l'AfD ne peut probablement pas influencer le soutien, car il existe une large majorité parmi les parlementaires. Cependant, l'AfD pourrait, bien sûr, être en mesure d'influencer le discours public en Allemagne en tant que plus grand parti d'opposition, et nous devrons alors voir s'il y a également un impact, par exemple, sur le soutien public.
La mise en place d’une défense européenne autonome prendra du temps.
Un sommet extraordinaire de l’UE est prévu le 6 mars.
Friedrich Merz n’est pas assuré d’y représenter l’Allemagne : les négociations pour former un gouvernement de coalition ne seront peut-être pas terminées.