Les médias français ont raillé la Belgique, qui a acheté des avions de combat qu'elle ne pourrait pas utiliser pour des exercices d'entraînement en raison de l'exiguïté de son espace aérien. Une information que démentent les autorités belges.
La Belgique a fait l'objet de plusieurs moqueries en ligne, après que plusieurs médias français ont rapporté que le pays avait acheté une flotte d'avions de combat F-35 qu'il ne pourrait pas utiliser en raison de l'exiguïté de son espace aérien.
Les articles débutent tous par une référence à la rivalité amicale franco-belge et font référence à une "blague belge". Ils notent surtout la somme de 5,6 milliards d'euros que le gouvernement a déboursée pour les 34 jets fabriqués aux États-Unis, en 2018.
Les articles de presse affirment tous que le pays étant petit (30 688 km², soit vingt fois plus petit que la France), il n'y a pas suffisamment d'espace pour mener des exercices d'entraînement avec ces F-35, car cela aurait un impact sur l'aviation civile.
Pour le ministre belge de la Défense, Theo Francken, cette situation a été exagérée par les articles de presse. Sur X, il explique que l'exiguïté de l'espace aérien belge n'est pas un fait nouveau. "Bien sûr, en tant que petit pays, nous avons un petit espace aérien. Cela signifie que nous effectuons certains exercices à l'étranger. Nous le faisons depuis des années avec les F-16 et il en sera de même pour les F-35", a-t-il écrit.
Outre les exercices prévus en Belgique, il a indiqué que le pays était actuellement en pourparlers avec les Pays-Bas, la Norvège, l'Italie et d'autres pays pour permettre à ses pilotes de s'entraîner dans leurs espaces aériens. "Mais quel est le problème ? N'est-ce pas à cela que sert notre alliance avec l'OTAN ?", a-t-il demandé.
"Il est également possible de s’entraîner dans un petit espace aérien. Et c'est ce que nous ferons, SANS impact majeur sur l'aviation civile", poursuit-il, assurant qu'il y aura suffisamment de place pour les deux dans le ciel belge, malgré une augmentation de 700 % du trafic civil au-dessus du pays depuis 1980.
Selon l'organisation internationale de l'aviation Eurocontrol, le nombre total moyen de vols en Belgique et au Luxembourg en 2025 est d'environ 3 300 vols par jour, avec une moyenne d'environ 70 % du trafic constitué de survols. Des chiffres qui fluctuent en fonction des saisons.
La solution de la coopération internationale
Le Cube, équipe de vérification d'Euronews, a également contacté Virginie Flawinne, capitaine en chef de la Force aérienne belge, qui a confirmé une grande partie des propos de Théo Francken.
"Il est encore possible de réaliser une partie de l’entraînement en Belgique. Cependant, s’entraîner de manière réaliste et efficace face aux menaces les plus modernes, nécessite l’accès à de plus grands espaces aériens d’entraînement en Belgique et à l’étranger", a-t-elle assuré.
Elle a ajouté que la nécessité de s'entraîner au-delà des frontières du pays n'est pas nouvelle, mais qu'elle devient de plus en plus critique à mesure que les missions et les capacités des adversaires de la Belgique évoluent.
"Les zones actuelles sont déjà trop petites pour certains types de missions des F-16. Ce qui rend la situation encore plus complexe avec les F-35 est qu’ils disposent d’équipements et de senseurs qui augmentent substantiellement son rayon d’action", a expliqué Virginie Flawinne. "En conséquence, les exercices complexes, en parallèle du recours aux simulateurs de vol, devront continuer à être effectués à l’étranger. La solution envisagée est plus que jamais une coopération internationale", a-t-elle conclu.
La Direction générale du transport aérien de Belgique n'a pas répondu à notre demande de commentaire à l'heure où nous publions ces lignes.
Rivalité franco-belge
La taille de la Belgique et de son espace aérien n'est pas le seul sujet sur lequel les médias français se sont moqués. Plusieurs d'entre eux ont rapporté que quatre F-35 devaient être livrés à la Belgique le 13 octobre, mais que seuls trois sont arrivés.
Le quatrième est actuellement bloqué sur l'île portugaise de Terceira, dans l'archipel des Açores, suite à une défaillance technique. Une équipe du constructeur de l'avion, Lockheed Martin, a été envoyée pour le réparer.
Certains articles français ont également fait état de la supériorité supposée des avions de combat français Dassault Rafale par rapport aux F-35, sur la base d'informations selon lesquelles les deux avions auraient participé à une simulation de combat aérien dans le cadre d'un exercice de l'OTAN en Finlande l'année dernière, au cours duquel le Rafale serait sorti vainqueur.
Les partisans français du Rafale affirment qu'il est plus flexible et plus fiable et que ses coûts horaires d'exploitation sont moins élevés. Ils affirment également qu'ils confèrent à la France une plus grande autonomie stratégique, car ils font appel à un fabricant national plutôt qu'à des fournisseurs étrangers (en particulier américains).
Des arguments rejetés par Théo Francken, qui a déclaré, dans une interview accordée au journal flamand De Morgen, que le F-35 est "tout simplement le meilleur avion de combat". "Les drones russes au-dessus de la Pologne ont été abattus par des F-35 néerlandais", a-t-il déclaré.
Joren Vermeersch, conseiller de la Nieuw-Vlaamse Alliantie, parti nationaliste dont est issu le ministre de la Défense, a récemment déclaré dans un article d'opinion que le F-35 surpassait les autres. "Dans une seule usine, Lockheed Martin construit quinze F-35 par mois. Cela équivaut à la production annuelle totale du Rafale français", a-t-il déclaré. "De plus, sur le plan technologique, le F-35 n'a pas de rival."