L’Assemblée nationale doit voter ce mercredi la suspension de la principale réforme du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Le PS l’a exigée en échange d’une non-censure du gouvernement. Si l’amendement obtient la majorité dans l’hémicycle, la suspension devra ensuite passer devant le Sénat.
La réforme phare du second quinquennat d’Emmanuel Macron est à nouveau débattue ce mercredi dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Les socialistes exigent la suspension, jusqu’à janvier 2028, de la réforme de l’âge légal de départ à la retraite en échange de ne pas censurer le gouvernement.
Le report progressif de l’âge du départ à la retraite, de 62 à 64 ans, a été adopté en 2023 au moment où Élisabeth Borne était à Matignon.
L’amendement examiné par les députés prévoit le report de la réforme jusqu’à la présidentielle de 2027.
Si la suspension de la réforme était validée, la génération née en 1964 partirait à la retraite à 62 ans et neuf mois, au lieu de 63 ans, l'âge prévu dans le cadre de la réforme.
Selon le gouvernement, la suspension de la réforme coûtera jusqu’à 300 millions d’euros en 2026 et 1,9 milliard en 2027.
Les députés doivent discuter d’une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital pour financer la suspension de la réforme des retraites.
Les positions des partis sur la suspension de la réforme
Les socialistes se félicitent de forcer la main du gouvernement sur la réforme clivante d’Emmanuel Macron.
Le député Jérôme Guedj (PS) évoque un "rapport de force" qui "porte ses fruits".
Le Rassemblement national votera lui aussi en faveur de l’amendement, une décision "cohérente" selon sa cheffe Marine Le Pen.
À contrecœur, les macronistes et le Modem devraient très largement s’abstenir, pour ne pas contrecarrer l’accord passé avec le PS par Sébastien Lecornu.
En revanche, les députés LR et Horizons s’opposeront majoritairement à la suspension de la réforme qui à, leurs yeux, coûte trop cher.
Pour des raisons différentes, les Insoumis voteront eux aussi contre l’amendement. Les partisans de Jean-Luc Mélenchon accusent le PS de trahison et plaident pour une abrogation pure et simple de la réforme d’Élisabeth Borne.
Après l’étape de l’Assemblée, la suspension de la réforme n’est pas encore actée
Avec le soutien du RN, l’amendement pour la suspension de la réforme des retraites devrait, sauf surprise, passer l'étape du vote à l’Assemblée.
Le texte sera ensuite examiné au Sénat où le président, Gérard Larcher, s’est engagé à "rétablir la réforme des retraites".
Dans le cas d’un texte amendé par la chambre haute, ou en commission paritaire, les députés seraient alors à nouveau appelés à débattre sur le sujet.
Et, quelle que fut l’issue de l’amendement, si aucune autre réforme n’était votée après la présidentielle de 2027, la réforme d’Élisabeth Borne serait à nouveau en vigueur.