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L'Assemblée nationale approuve la nationalisation d'ArcelorMittal, un vote seulement symbolique ?

L'aciérie ArcelorMittal située à Fos-sur-Mer, dans le sud de la France, lundi 7 novembre 2022.
L'aciérie ArcelorMittal située à Fos-sur-Mer, dans le sud de la France, lundi 7 novembre 2022. Tous droits réservés  AP Photo/Daniel Cole
Tous droits réservés AP Photo/Daniel Cole
Par Nathan Joubioux
Publié le Mis à jour
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La France insoumise a profité de sa niche parlementaire pour voter, grâce au soutien du reste de la gauche, la nationalisation d'ArcelorMittal. Le texte doit désormais passer au Sénat, où il sera vraisemblablement rejeté.

Il aura fallu attendre les toutes dernières minutes de la niche parlementaire annuelle de La France insoumise pour connaître l'avis de l'Assemblée nationale sur le futur d'ArcelorMittal, touché par d'importantes difficultés.

Mais après d'âpres débats et plus de 300 amendements déposés par le Rassemblement national, les députés se sont finalement prononcés en faveur de la nationalisation des activités françaises du groupe sidérurgique, par 127 voix pour et 41 voix contre. L'ensemble de la gauche (Insoumis, Socialistes, Écologistes et Communiste) a soutenu le texte ; le Rassemblement national s'est abstenu ; les Macronistes et LR s'y sont opposés.

Une "victoire historique" pour les Insoumis, a assuré le groupe. "En jeu, 15 000 emplois directs et 80 000 emplois au total. En jeu, l'indépendance de notre pays et la souveraineté industrielle française", s'est félicité Mathilde Panot, présidente du groupe à l'Assemblée nationale.

Porté par la députée insoumise Aurélie Trouvé, le texte avait été adopté le 19 novembre dernier en commission des finances. "C'est une grande victoire pour les salarié·e·s du groupe en France, et la souveraineté industrielle de notre pays. Nous pouvons faire de l'acier sans Mittal !", a-t-elle écrit à l'issue du vote.

"Cette nuit, une page d'histoire à l'Assemblée nationale", a écrit, de son côté, Jean-Luc Mélenchon, qui met en avant le "combat" mené "main dans la main" par LFI et la CGT du Nord.

Les députés Insoumis ont pu compter sur le soutien de quelque 300 salariés, venus depuis les sites du Nord et de Moselle, qui ont manifesté à proximité de l'Assemblée nationale.

La CGT ArcelorMittal Dunkerque a assuré que ce vote est "un grand pas" et une "victoire pour tous les salariés". "C'est la CGT qui gagne une grande bataille. [...] Les travailleurs ont tout intérêt à prendre exemple sur la bataille qui a été gagné. Car aujourd'hui, on le voit : quand on lutte, on gagne", a déclaré le syndicat.

En avril, l'entreprise avait annoncé la suppression de 608 postes sur le territoire. Mais seulement 260 emplois sont finalement concernés du fait des postes vacants et des reclassements. Au total, l'entreprise emploie plus de 7 000 personnes en France.

Un vote seulement symbolique ?

L'engouement des Insoumis a rapidement été freiné par la réalité. Car le texte doit maintenant être voté à la Chambre haute, où la majorité des sénateurs et sénatrices devraient s'y opposer.

Le gouvernement n'a pas plus l'intention d'aller dans le sens des Insoumis. "Je prends acte du résultat du vote même si celui-ci ne répond en rien aux véritables difficultés de la sidérurgie française", a réagi Sébastien Martin, ministre délégué chargé de l'Industrie. Selon lui, ce vote "crée l'illusion d'une protection" mais "ne résout ni la chute de la demande européenne, ni la concurrence mondiale faussée, ni les coûts de production qui pèsent sur la filière".

Il a également assuré que nationaliser ArcelorMittal France, "c'est placer les sites sous perfusions publiques sans traiter les causes structurelles de leurs fragilités".

Même son de cloche du côté de Roland Lescure, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle. Une nationalisation "ne réglera en rien les enjeux de concurrence déloyale qui déstabilisent l'entreprise". Pour lui, cela n'est qu'une "réponse populiste à un problème structurel".

Dans un message posté sur ses réseaux sociaux, Roland Lescure a assuré que le pays a "besoin d'un cap industriel clair" et non d'une "prétendue formule magique que serait la nationalisation". "Nous continuerons à nous opposer à la nationalisation d’ArcelorMittal dans la suite du processus législatif, tout en œuvrant à apporter des réponses structurelles à cette entreprise et à ses salariés", a-t-il ajouté.

En mai, sur TF1, Emmanuel Macron avait déjà écarté cette solution. Le président de la République avait assuré que la réponse "n'est pas de nationaliser". "La réponse, c'est d'avoir des garanties et les développer. [...] Il faut mettre en place des clauses de sauvegarde, c'est-à-dire protéger le marché européen", a-t-il expliqué, précisant sauver "les sites de Dunkerque et Fos en ayant une politique européenne qui protège notre acier".

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