Une éolienne télescopique plus facile et moins chère à installer en mer

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Par Julian GOMEZ
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Un prototype unique d'éolienne né d'un projet européen a été déployé au large de la Grande Canarie selon une technologie innovante qui permet de la remorquer d'un bloc depuis la côte, puis de la monter comme un tube télescopique.

Elle ressemble à n'importe quelle éolienne offshore ; pourtant, elle est tout-à-fait spéciale : son installation en mer repose sur une technologie télescopique qui d'après ses concepteurs, permet de gagner en rapidité et efficacité et de faire des économies. Ce prototype fournit déjà de l'électricité à 5000 foyers sur l'île espagnole de Grande Canarie.

Il faut une demi-heure de trajet en bateau depuis le port principal de l'île pour rejoindre cette éolienne de 5 mégawatts issue de recherches menées pendant près de quatre ans dans le cadre d'un projet européen appelé ELICAN. Ce qui la rend unique, c'est la manière dont elle a été construite et installée.

Son socle en béton et sa tour ont été assemblés à terre, puis tractés d'un bloc par des remorqueurs classiques avant d'être ancrés en mer à une profondeur de trente mètres. Les fondations ont été lestées avec de l'eau de mer. Puis les segments de la tour ont été déployés comme un tube télescopique.

Juan Manuel Sánchez Herrero, ingénieur des mines au sein de l'entreprise Esteyco, partenaire du projet, nous décrit le prototype : _"Ce prototype s'appuie sur deux grands systèmes : le premier, c'est sa plateforme de fondation qui permet le lestage de la structure au fond de la mer. Le deuxième, _c'est le dispositif de levage intégré," poursuit-il, _"_qui déploie la tour et le rotor de manière télescopique jusqu'à sa position finale."

Coûts réduits de 35%

D'après l'équipe qui a développé cette éolienne, les coûts de mise en place ont été réduits de 35% par rapport à ceux liés à l'installation d'éoliennes offshore classiques dont les éléments sont acheminés un à un et assemblés sur site.

Quant aux opérations de maintenance, elles restent les mêmes selon les chercheurs.

Juan Manuel Sánchez Herrero nous dit en quoi elle consiste : "C'est tout ce qui a un lien avec la technologie elle-même : ce sont des tâches habituelles de prévention : l'inspection, la surveillance de l'état général de l'équipement."

"Le milieu marin est très exigeant," ajoute-t-il, "mais la technologie est prévue pour faire face : la structure a été conçue et construite pour être résistante."

Le défi de la stabilité

Les ingénieurs affirment que leur concept peut facilement s'adapter aux plus grandes éoliennes offshore d'une puissance maximale de 12 mégawatts qui sont en passe de faire leur entrée sur le marché.

Selon eux, il répond à l'exigence de stabilité. "Une éolienne offshore, c'est le pire des scénarios : le poids est très important sur la partie la plus élevée où l'on trouve le rotor, le centre de gravité est placé en hauteur et cela pose des problèmes de stabilité," fait remarquer José Serna, ingénieur civil au sein d'Esteyco. "C'est pour cela qu'on a opté pour une tour télescopique : en maintenant le rotor en bas, les charges sont plus basses et c'est essentiel pour garantir la stabilité de la structure pendant le transport sur l'eau, puis l'installation," souligne-t-il.

Pistes de commercialisation

Tout en travaillant à l'amélioration de certaines configurations techniques, les chercheurs pensent aujourd'hui à l'étape suivante : les pistes de commercialisation.

"Aujourd'hui, nous avons plusieurs options," estime Javier Nieto, responsable de division offshore au sein de la même entreprise espagnole. "Nous pouvons mettre en place un site de démonstration," indique-t-il, "comme celui des îles Canaries en ajoutant trois à cinq éoliennes offshore en utilisant la même technologie ou alors, opter pour un parc commercial plus grand avec 50 ou 70 unités."

"Cela dit, le marché des technologies offshore évolue très lentement : nous devons procéder étape par étape," modère-t-il. "Notre concept actuel prendra effectivement la forme de parcs éoliens offshore commerciaux, mais probablement pas avant 2024," estime-t-il.

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