Après une journée de répit, les indices européens ont de nouveau chuté lourdement à l'ouverture, ce mercredi. Quelques heures avant, ce sont les Bourses asiatiques qui ont clôturé en baisse.
Ce n'est pas une surprise : après une journée plutôt positive pour les Bourses mondiales, mardi 8 avril, elles sont de retour dans le rouge. La conséquence des nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump à la Chine. Le président républicain a mis, ce mercredi, sa menace a exécution en relevant les tarifs douaniers de 84 % pour toutes les importations en provenance de Chine, portant cette surtaxe à 104 %.
Et les réactions boursières ne se sont pas fait attendre. À la mi-journée, les indices européens observaient des baisses importante : le CAC 40 a plongé de 2,51 %, la Bourse de Francfort, le DAX 40, a chuté de 2,68 %. Celle de Londres a reculé de 2,28 % et celle de Milan de 2,64 %. De son côté, la Bourse suisse a dévissé de 4,22 %.
Les marchés asiatiques à la peine
La trajectoire est la même pour les indices asiatiques. À la fermeture, la Bourse japonais, le Nikkei 225, a plongé à 3,93 %, quand celle de Hong Kong a perdu plus de 3 %. La Bourse de Taïwan a, elle, clôturé en baisse de 5,8 %. La chute est un peu moins douloureuse pour Shanghai, qui perd un peu plus de 1 %.
Le Kospi de Corée du Sud a, lui, reculé de 1,7 % à 5 h 50 (heure française). Séoul a, entre temps, dévoilé un plan d'urgence de 2 milliards de dollars pour soutenir ses constructeurs automobiles, avertissant que les droits de douane de 25 % imposés par Trump sur les automobiles porteraient "un coup significatif" au secteur critique.
Le Nifty 50 indien a mieux résisté, ne reculant que de 0,55 %, après que la Reserve Bank of India (RBI) a abaissé son taux de référence pour la deuxième fois consécutive à 6 % et a modifié son orientation politique pour la rendre plus accommodante.
LASX 200 d'Australie a, de son côté, perdu 1,8 %. Une baisse qui tranche avec le marché boursier néo-zélandais, qui a surpassé celui de la région, ne reculant que de 0,6 %. La Reserve Bank of New Zealand (RBNZ) a abaissé son taux officiel pour la cinquième réunion consécutive à 3,5 %, signalant d'autres réductions de taux à venir alors qu'elle fait face aux risques de baisse de la croissance et de l'inflation découlant des droits de douane américains.
Des négociations pour inverser la tendance ?
Alors que les autorités chinoises ont accusé les États-Unis de "chantage" et ont déclaré qu'elles "se battraient jusqu'au bout" contre la politique tarifaire américaine, Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison blanche a assuré que Pékin avait "commis une erreur en prenant des mesures de rétorsion".
Des annonces qui ont fait chuter les principaux indices états-uniens. Le redressement de Wall Street en début de semaine a ainsi été de courte durée. À la fermeture, mardi, le Dow Jones a reculé de 0,84 %, l’indice Nasdaq a chuté de 2,15 % et l’indice élargi S&P 500 a perdu 1,57 %.
Une tendance que Donald Trump pourrait inverser s'il accepte de s'asseoir à la table des négociations, ce qu'il n'a pas écarté, malgré son refus d'accéder à la requête d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Cette dernière proposait des droits de douane nuls entre les États-Unis et l'Union européenne. En attendant, l'UE devrait donc valider, ce mercredi, plusieurs mesures en représailles contre les États-Unis.
Une kyrielle de réactions internationales
La France maintient sa volonté de négocier, mais l'objectif de Paris est de protéger les "intérêts économiques vitaux", a assuré Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, au sortir du Conseil des ministres. Elle a rappelé la proposition de l'UE d'instaurer des droits de douane de 25 % et que ces derniers soient appliqués "dans quelques semaines" sur une sélection de produits américains agricoles et industriels, tout en prenant en compte les "secteurs sensibles afin d'éviter l'escalade". L'UE répondra ensuite à la surtaxe de 20 % imposée par Donald Trump "en mobilisant pleinement l'arsenal juridique" à disposition, a-t-elle rappelé.
La ministre des Finances britanniques, Rachel Reeves, a déclaré que Londres souhaite "créer les meilleurs conditions possibles pour les entreprises britanniques en travaillant à réduire les barrières commerciales".
La Chine, de son côté, a promis des mesures "fermes et vigoureuses". "Le droit légitime au développement du peuple chinois est inaliénable, et la souveraineté, la sécurité et les intérêts de développement de la Chine sont inviolables", a déclaré Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, relayé par le média d'État Chine Nouvelle. Donald Trump dit attendre l'appel de Pékin. En attendant, la Banque populaire de Chine (PBOC) a affaibli le yuan face au dollar américain pour la cinquième session consécutive.
En pleine offensive en Ukraine, Moscou se dit "inquiet" de la guerre commerciale qui s'ouvre entre Washington et Pékin. "La dernière décision douanière de la Maison blanche [...] viole les règles fondamentales de l'Organisation mondiale du commerce et montre que Washington ne se considère pas lié par les normes du droit commercial international", a assuré Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe.
Les actifs refuges brillent
Le sentiment d'absence de risque a entraîné des gains dans les actifs refuges traditionnels, notamment l'or, le yen japonais, l'euro et le franc suisse. L'or au comptant a augmenté de plus de 1 % pour atteindre un sommet quotidien de 3 018 dollars l'once. L'euro a grimpé de 0,7 % contre le dollar américain à 1,1037 à 5 h 30, s'approchant d'un plus haut de sept mois, tandis que le dollar s'est affaibli de 0,65 % contre le yen japonais et le franc suisse, tombant à des niveaux vus pour la dernière fois en octobre 2024.
Cependant, les bons du Trésor américain ont fait l'objet de ventes massives, en particulier les obligations d'État à plus long terme, ce qui suggère que les opérateurs sont de plus en plus sceptiques quant aux perspectives économiques des États-Unis. Les rendements des bons du Trésor américain à 30 ans ont grimpé de 20 points de base pour atteindre leur niveau le plus élevé de l'année mardi.
Le pétrole prolonge ses pertes
Les prix du pétrole brut ont continué à chuter, les contrats à terme sur le Brent perdant 3,84 % à 60,41 dollars le baril et les contrats à terme sur le West Texas Intermediate (WTI) dégringolant de 4,23 % à 57,06 dollars le baril à partir de 5 h 30. Les deux références sont maintenant à leurs niveaux les plus bas depuis mars 2021.