36 ans après la Révolution de velours, qui a mis fin à à des décennies de régime communiste, les Tchèques et les Slovaques ont manifesté contre leur gouvernement, qu'ils accusent de trahir l'héritage de la transition vers la démocratie.
Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues en Slovaquie et en Tchéquie, ce lundi 17 novembre, pour marquer les 36 ans de la Révolution de velours et protester contre leurs dirigeants, qu'elles accusent de trahir l'héritage de la transition vers la démocratie.
À Bratislava et dans de nombreuses autres villes du pays, les manifestants protestaient contre le Premier ministre populiste, Robert Fico, et sa position pro-russe assumée. Dans la capitale, les manifestants scandaient "On en a assez de Fico", "Nous voulons un changement" et "Démission".
Une banderole dans la foule affichait une phrase de l’ancien président tchécoslovaque puis tchèque Václav Havel, devenue la devise de la Révolution de velours : "La vérité et l’amour doivent triompher du mensonge et de la haine."
"Il pleut à verse, il y a du vent et il fait assez froid. Mais cela montre que les gens tiennent à la liberté, à la démocratie et qu'ils ne se laisseront pas faire", a assuré Michal Šimečka, leader du parti d'opposition Slovaquie progressiste.
Robert Fico est depuis longtemps une figure clivante en Slovaquie, et des milliers de personnes se sont régulièrement rassemblées pour protester contre ses politiques. Plus récemment, son gouvernement a annulé le jour férié national du lundi 17 novembre, qui commémorait la Révolution de velours, le présentant comme une mesure d’austérité.
"Cela n’a rien à voir avec l’économie ou les économies", a protesté Michal Šimečka. "Robert Fico veut simplement nous dire que la fête de la liberté est inutile, que la liberté est inutile. Nous valorisons la liberté et nous ne laisserons pas qu’on nous l’enlève."
Le président du gouvernement a également récemment provoqué la colère de nombreux Slovaques en disant à des étudiants de la ville de Poprad qu’ils devraient aller se battre pour l’Ukraine s’ils n’étaient pas d’accord avec ses positions pro-russes.
Robert Fico a rencontré le président russe Vladimir Poutine à trois reprises depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en 2022, et a annulé tout soutien militaire bilatéral slovaque à Kyiv. Il a également ouvertement contesté les politiques de l’Union européenne concernant ce conflit.
Andrej Babiš dans le viseur des manifestants
Dans le même temps, les Tchèques se sont opposés au milliardaire Andrej Babiš et au gouvernement eurosceptique qu'il souhaite monter.
"Ils diront de nous que nous protestons contre le résultat d'élections libres, mais ce n'est pas vrai. Nous ne protestons pas contre le résultat des élections, nous voulons simplement que les principes démocratiques fondamentaux soient respectés", a assuré Mikuláš Minář, co-fondateur du mouvement Million Moments for Democracy.
Andrej Babiš a remporté les élections législatives en octobre dernier, mais son parti populiste ANO n'a pas obtenu la majorité. Il a alors signé un accord de coalition, début novembre, avec des alliés de droite, majoritairement opposés à l'UE et à l'OTAN.
En 1989, la Révolution de Velours a mis fin à des décennies de régime communiste dans l'ancienne Tchécoslovaquie, qui a ensuite été divisée en deux nations, quatre ans plus tard. La Tchéquie et la Slovaquie ont ensuite rejoint l'Union européenne et l'OTAN, mais beaucoup s'inquiètent aujourd'hui de la menace qui plane au-dessus des pro-européennes.