Afin de lutter contre l'engorgement des axes routiers et améliorer la qualité de l'air, la capitale française met en place une voie réservée au covoiturage sur le boulevard périphérique.
Dès cette semaine, Paris franchit une nouvelle étape dans la lutte contre les embouteillages et la pollution en instaurant une voie réservée au covoiturage sur le boulevard périphérique. Cette mesure, mise en place aux heures de pointe, vise à fluidifier le trafic et à améliorer la qualité de l’air dans la capitale.
Une mesure expérimentée durant les JO
Aux heures de forte affluence, soit de 7 h à 10 h 30 et de 16 h à 20 h, la voie de gauche – généralement la plus rapide – sera exclusivement dédiée aux véhicules transportant au moins deux passagers. Les transports en commun, taxis, véhicules d’urgence et personnes en situation de handicap pourront également y circuler.
D’abord expérimentée durant les Jeux olympiques de 2024, cette initiative devient désormais permanente sous l’impulsion de la municipalité dirigée par Anne Hidalgo. Les automobilistes ont jusqu’en mai pour s’adapter, avant la mise en place d’un dispositif de contrôle basé sur l’intelligence artificielle. Passée cette période, les contrevenants s’exposeront à une amende de 135 euros.
1,5 millions de trajets quotidiens sur le périphérique parisien
Avec ses 1,5 million de trajets quotidiens, le boulevard périphérique est l’un des axes les plus fréquentés d’Europe. Mais il est aussi l’un des plus polluées, selon la mairie de Paris.
"Le Périphérique est un véritable scandale sanitaire", affirme Dan Lert, adjoint à la maire chargé de la transition écologique. "Le demi-million de personnes qui le longent sont exposées à des niveaux de pollution encore trop élevés, 30 % des enfants souffrent d'asthme."
Pour enrayer cette situation, la vitesse maximale a déjà été réduite de 70 à 50 km/h en octobre dernier. Si sept kilomètres sur les 35 du périphérique restent exemptés de la mesure, la mairie a investi 7 millions d’euros pour son extension.
Loin de faire l’unanimité, cette décision suscite des critiques, notamment de la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, qui craint une aggravation des embouteillages. Elle réclame une évaluation "exhaustive" des effets de cette politique d’ici trois mois.
Lutte contre la pollution et les embouteillages
La bataille contre la pollution à Paris ne s'est pas limitée au Périphérique Depuis plusieurs années, la ville a multiplié les initiatives pour réduire la place de la voiture. En 2013 et 2016, la circulation automobile a été bannie des berges de la Seine. En 2023, des zones à trafic limité (ZTL) ont été instaurées dans les quatre premiers arrondissements pour diminuer le bruit et la pollution.
Sous la mandature d’Anne Hidalgo, Paris a également déployé 500 kilomètres de pistes cyclables et mené une politique stricte contre les véhicules polluants, notamment les SUV.
Une tendance européenne vers des villes sans voiture
Paris s’inscrit dans une dynamique européenne plus large visant à réduire la dépendance à la voiture. Londres, Amsterdam et Vienne ont développé des réseaux de transports publics plus écologiques. Oslo a supprimé la majorité des places de stationnement en centre-ville au profit des piétons.
En Suède, les objectifs de l’Union européenne en matière de transport durable ont été largement dépassés, avec plus de 33 % d’énergies renouvelables dans le secteur dès 2023 – bien avant la cible de 29 % fixée pour 2030.
Certaines villes misent sur la gratuité des transports pour encourager leur usage. Montpellier a vu la fréquentation de son réseau bondir de 20 % en cinq mois après avoir rendu ses transports gratuits pour les résidents fin 2023. Au Luxembourg, l’ensemble des transports publics sont gratuits depuis 2020, une initiative saluée par la population.
L’impact de cette nouvelle politique parisienne sur les habitudes des automobilistes reste à mesurer. Mais l'objectif est clair : la capitale veut moins de voitures, un air plus pur et une qualité de vie améliorée pour ses habitants.