Komorowski : "Notre défi, c'est l'intégration de la Pologne dans l'UE"

Komorowski : "Notre défi, c'est l'intégration de la Pologne dans l'UE"
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Par Euronews
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Bronislaw Komorowski a été élu président de la République de Pologne en juillet dernier. Il succède, à ce poste, à Lech Kaczynski, mort en avril, dans un accident d’avion.
Bronislaw Komorowski affirme vouloir accroître le rôle de son pays au sein de l’Union européenne. Il souhaite aussi normaliser les relations avec le voisin russe… autant de sujets qu’il évoque au micro d’euronews.

Sergio Cantone, euronews :
M. le président, bienvenue sur euronews. Quels sont les défis les plus importants à relever pour la Pologne après la disparition tragique de votre prédécesseur, Lech Kaczynski ?

Bronislaw Komorowski, président polonais :
La Pologne se trouve dans une période très difficile : une crise liée à la catastrophe près de Smolensk dans laquelle sont décédés le président, ainsi que beaucoup de hauts-fonctionnaires polonais, dont le directeur de la banque nationale, des ministres, et les membres de l‘état-major de l’armée. Le défi, c’est surtout l’intégration de la Pologne dans l’Union européenne. Et la Pologne agit correctement pour une meilleure intégration au sein de l’Union. Elle agit correctement aussi pour une politique énergétique commune. Elle s’efforce enfin de parvenir, dès que possible, à la construction d’une véritable politique commune pour la sécurité et la défense.

euronews :
Il semble que vous soyez sur la même longueur d’onde que l’actuel gouvernement polonais, ce qui n‘était pas le cas de votre prédécesseur, Lech Kaczynski. D’après vous, comment va évoluer l’approche polonaise vis-à-vis de l’Union européenne ?

B. Komorowski :
Les opinions et les buts n’ont pas changés. Ce sont les circonstances qui ont évolué. Ces circonstances ouvrent aujourd’hui la possibilité d’une véritable synergie entre la politique étrangère de la Pologne et celle de l’Union européenne.

euronews :
Pensez-vous que la Pologne va accroître son influence au sein de l’Union européenne ?

B. Komorowski :
Chaque pays membre de l’Union devrait avoir cette ambition et aspirer à jouer le plus grand rôle possible dans le cadre du projet commun qu’est l’intégration de l’Europe. Nous avons aussi cette ambition. Mais cela ne suffit pas. Il convient aussi d’avoir des arguments convaincants. Et c’est notre cas. La Pologne s’efforce d‘être un bon membre de l’Union. Elle fait tout pour approfondir le processus d’intégration au sein de l’Europe. Et elle le fait de manière concrète. Ainsi, même sans être membre de la zone euro, la Pologne s’est déclarée prête à participer à la résolution des problèmes financiers liés à la crise. Un crise provoquée, si on peut dire, par les pays de la zone euro. Nous estimons qu’il faut regarder cela avec pragmatisme. C’est précisément ce qu’on attend. La Pologne attend une solidarité européenne, notamment par l’approfondissement du processus d’intégration, et entre autre, par l’approfondissement du principe de solidarité entre les pays.

euronews :
La politique étrangère polonaise est-elle en train d‘évoluer vis-à-vis du voisin russe, passant d’une situation crispée à une plus grande coopération avec Moscou ?

B. Komorowski :
Je dirai que le fort enracinement de la Pologne dans l’Union est un élément essentiel qui permet d’avancer sur les dossiers liés aux relations russo-polonaises et à la collaboration mutuelle. Ceci est un aspect supplémentaire du poids de la Pologne en tant que membre de l’Union. Et nous y mettons beaucoup d’espoir. La Pologne veut de bonnes relations russo-polonaises.

euronews :
Qu’en est-il du projet de gazoduc Northstream ? On sait qu’il représente un enjeu énorme pour la Russie et pour l’Allemagne, mais qu’il pose un problème pour la Pologne…

B. Komorowski :
La construction sur la Baltique d’un gazoduc plus cher, qui évite le territoire de la Pologne est le fruit d’une décision trop rapide, prise il y quelques années. Cette décision n’a pas pu être infléchie, pas même par l’actuel gouvernement allemand. Nous en prenons acte, je l’ai déjà dit. Nous ne comprenons pas ce calcul, mais nous sommes convaincus qu’aujourd’hui, l’occasion s’offre à nous de collaborer plus étroitement avec l’Allemagne. Nous voudrions profiter le plus possible de cette période, sans nous concentrer sur le gazoduc de la Baltique. Mais c’est un fait : on n’a pas voulu que ce gazoduc passe par la Pologne. Ce projet est le résultat d’une décision prise par les autorités russes et allemandes de l‘époque. Et il me semble qu’aujourd’hui, dans l’atmosphère actuelle, une telle décision n’aurait pas été prise.

euronews :
Est-ce que la Pologne souhaite persévérer dans son projet de suppression des visas entre l’Union européenne et la région russe de Kaliningrad ?

B. Komorowski :
Cela se fera, car il en va de l’intérêt de la Pologne, de la Russie, et de toute l’Europe. C’est une dimension pratique, une réalisation pratique qui permettra également de progresser vers une réconciliation et une meilleure collaboration avec la Russie. Cela devrait intéresser non seulement la Pologne, mais toute l’Union européenne. Nous nous efforçons de créer un mécanisme pour que ce rapprochement devienne effectif. Cela devrait être utile. Et ce qui peut être également utile, c’est une zone sans visa qui concernerait les terrains frontaliers notamment, mais aussi dans ce cas, le territoire de Kaliningrad.

euronews :
D’après vous, quand la Pologne sera-t-elle en mesure d’intégrer la zone euro ?

B. Komorowski :
Nous ne sommes pas pressés de prendre une décision. La Pologne est indépendante à l‘égard de la situation de la zone Euro. Elle y entrera un jour, en bonne et due forme, mais il faut évidemment choisir le moment opportun, il faut s’y préparer. Cela relève de l’Etat Polonais mais cela dépend aussi de ce qui se passe au sein même de la zone euro. D’ores et déjà, sans être membre de la zone euro, nous sommes prêts à contribuer à résoudre les problèmes des pays de la zone euro. En revanche, la Pologne n’est pas d’accord et ne sera jamais d’accord pour soutenir un projet de structure de gouvernance interne de l’Union, qui serait limitée aux seuls pays de la zone euro. C’est notre conviction intime, au même titre que l’idée de renforcer l’intégration européenne.

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