Hausse de la TVA en Espagne

Hausse de la TVA en Espagne
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Déjà touchés par les vagues de mesures d’austérité, les espagnols pourraient encore se serrer la ceinture. Chaque jour le coût de la vie, tel que le chauffage, les factures de téléphone, ou l’achat de vêtements devient de plus en plus cher.
Mais pour combler une partie du déficit, le gouvernement annonce une augmentation de la TVA.

Les commerçants et les supermarchés refusent d’appliquer cette augmentation car ils craignent de perdre un nombre important de clients. D’autant que la hausse étrangle un peu plus les espagnols à l’heure où ceux-ci peinent à conserver leur emploi ; environ un quart de la population active est au chômage.
La TVA passera de 18 à 21%. En 2010, elle était à 16%. Un poids de plus à supporter pour les familles selon une association de défesne des consommateurs, chaque foyer devra environ dépenser 470 euros de plus par an.
la mesure devrait apporter 7.5 milliards d’euros supplémentaires dans les caisses de l’Etat.
Pour le gouvernement, le risque est de plonger le pays dans un cercle sans fin. Avec un pouvoir d’achat en baisse, les espagnols dépensent moins et plus de chômage signifie une baisse des rentrées d’impôts sur le revenu.
En conséquence, le plan pour réduire le déficit est loin d‘être fiable. Le gouvernement doit économiser 65 milliards d’euros d’ici 2014 pour éviter la faillite.

Ileana Izverniceanu : “La hausse de la TVA va doper l‘économie parallèle”

Euronews:
Pour mieux comprendre l’impact de la forte augmentation de la TVA en Espagne, nous avons avec nous depuis Madrid Ileana Izverniceanu, porte-parole de l’Organisation espagnole des Consommateurs et Usagers, l’OCU. Bonjour, Ileana. Votre organisation a calculé que cette hausse jusqu‘à 21% va coûter 470 euros de plus par an à chaque famille espagnole. Ces prévisions sont-elles confirmées et dans quels domaines?

Ileana Izverniceanu:
“Elles sont en train de se confirmer, la hausse est très sensible avec la rentrée scolaire. Sur les
dépenses importantes des familles après l‘été, on ressent déjà les effets de cette augmentation. Et ce sont des dépenses qu’on ne peut éviter. Une personne, une famille, peut éviter d’acheter un jean, faire durer plus longtemps une voiture ou ne pas acheter une télévision. Mais les achats des livres ou des uniformes sont inévitables. Et il faut le faire tout de suite, début septembre. Les familles constatent vraiment l’impact de la hausse de la TVA”.
“L’OCU a calculé ces 470 euros annuels sur les dépenses de base. On ne tient pas en compte des loisirs ou de la culture, qui seront beaucoup impactés aussi. On s’est limité aux dépenses de base qu’une famille ne peut éviter. Et ça va toucher de manière dramatique leur budget”.

Euronews:
Il semble que certains commerçants comptent répercuter progressivement cette hausse sur leurs clients. Les grandes surfaces garantissent qu’elles ne le feront pas. Peut-on les croire?

Ileana Izverniceanu:
“A l’OCU, on se méfie de ces promesses. Lors de la dernière hausse opérée sous le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero, il y a eu beaucoup de promesses de la part des supermarchés et des
magasins d’intégrer la hausse et de ne pas la répercuter sur les consommateurs. D’abord, on veut savoir combien de temps. Le dire ne suffit pas dans la plupart des cas. Nous voulons qu’ils s’engagent à ne pas repercuter la TVA jusqu‘à une date determinée ou pas jusqu‘à une prochaine hausse. On veut un délai concret”.
“D’autre part, on a fait un petit sondage et nous avons constaté qu’un supermaché important en Espagne avait augmenté ses prix avant. Cela signifie qu’il a triché. Il n’augmente pas la TVA, mais il augmente les prix avant, résultat, le consommateur finit par payer”.

Euronews:
C’est dans les transports qu’on a observé en premier cette hausse. Et l’un des sujets les plus sensibles, c’est l’essence. Finira-t-on par payer le super 98 à 1,8 euros comme certains le disent? Les compagnies pétrolières ont-elles trop de marges de bénéfices en Espagne comme l’a dit le gouvernement?

Ileana Izverniceanu:
“Le plus probable, c’est que l’essence continue à monter. Et c’est une autre dépense dramatique pour les familles. Depuis longtemps, l’OCU dénonce le fait qu’en Espagne il y a un manque de concurrence. Il y a un soit-disant accord des prix. Il n’est pas possible
qu’avec différents distributeurs, l’essence coûte
presque le même prix d’une station à l’autre.
On est d’accord avec le gouvernement : il faut faire quelque chose, mais on attend que ce soit le gouvernement qui le fasse. Ca ne suffit pas de
libéraliser et laisser faire les compagnies. Si elles ne se libéralisent pas elle-mêmes, on doit intervenir sur les prix. A l’OCU on n’est pas dans l’intervention,
mais on croit qu’avec un produit aussi basique que l’essence, le gouvernement doit agir si les tarifs ne baissent pas, c’est aussi pour cela qu’il dirige ce pays”.

Euronews:
Si l’on augmente les revenus fiscaux, cette mesure ne va-t-elle pas paralyser plus encore l‘économie, comme cela se passe dans d’autres pays du sud de la zone euro mis sous tutelle, comme par exemple, le Portugal? N’y aura-t-il pas plus de travail au noir?

Ileana Izverniceanu:
“Oui, évidemment. Il existe déjà des professionnels qui offrent la possibilité de réparer un appareil électroménager “avec ou sans TVA”. C’est un retour en arrière de vingt ans. L‘économie va se retrouver
encore plus paralysée. Dès l’annonce de l’augmentation de la TVA, on l’a dénoncé. Déjà, la promesse de ne pas augmenter la TVA n’a pas été tenue. Cette paralysie provoquera plus d‘économie souterraine. J’insiste là dessus, la question presque oubliée “avec ou sans TVA?” revient en force … au vingt et unième siècle”.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Le Parlement espagnol approuve un projet de loi d'amnistie pour les indépendantistes catalans

Arts : l'ARCO Madrid s'approche pas à pas de la parité

En Catalogne, les protections menstruelles sont désormais gratuites