Dubaï : coup de pied dans la dette

Dubaï : coup de pied dans la dette
Par François Chignac
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Fin 2009, Dubaï avait fait trembler les places financières internationales en demandant un moratoire sur la dette d’un de ses conglomérats, Dubaï World. Un peu plus de quatre années plus tard, dopé par des résultats positifs, la cité-État voit sa dette rééchelonnée

A Dubaï, le spectre d’un retour de la crise semble s‘éloigner à mesure que l‘économie locale recouvre les sommets qu’elle avait tutoyé jadis, et la mesure financière révélée hier vient conforter cette tendance.
De concert, le riche émirat pétrolier d’Abou Dhabi et la Banque centrale des Émirats ont annoncé avoir rééchelonné des prêts de 20 milliards de dollars accordés en 2009 à Dubaï après les secousses financières de 2008. On l’aura compris, la mesure vise à soutenir une reprise économique que l’obtention, en novembre dernier, de l’organisation de l’exposition universelle de 2020 n’a fait que doper.
D’après l’agence officielle Wam, le rééchelonnement est prévu pour une période de cinq ans renouvelable, le tout à un taux d’intérêt fixe de 1%. Pour ce faire, il aura fallu conclure deux accords à Abou Dhabi, capitale de la fédération des Émirats. C’est elle, à parité avec la Banque centrale des Émirats, qui en 2008 avait volé au secours de la cité-État alors frappée de plein fouet par la crise financière. 20 milliards de dollars de prêts avaient été perfusés et le remboursement venait à échéance cette année. La manoeuvre ne s‘était pas faite sans contrepartie symbolique. A l’origine, la mythique et plus haute tour du monde devait s’appeler “Burj Dubaï”. Mais elle fut rebaptisée Burj Khalifa en l’honneur de l‘émir d’Abou Dhabi, le Cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane, président des Émirats Arabes Unis, après son geste de refinancement, notamment de ce projet mis à mal par le trou d’air financier qui avait fait plonger Dubaï.


La plus haute tour du monde devait s’appeler “Burj Dubaï”. Elle fut rebaptisée Burj Khalifa en l’honneur de l‘émir d’Abou Dhabi, après son geste de refinancement.
Photo par Daniel Zimmermann cc Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

25 millions de visiteurs

Mais tout cela relève du passé. Hier, Cheikh Ahmed Ben Saïd Al-Maktoum a “loué les autorités d’Abou Dhabi pour leur contribution à relever les défis économiques inhérents à la crise financière mondiale” a rapporté l’agence officielle Wam.
Il faut dire qu’en 2009, Dubaï avait donné des sueurs froides aux places financières internationales en demandant un moratoire sur la dette d’un de ses conglomérats, Dubaï World, qui s‘élevait à 26 milliards de dollars. Dubaï World avait alors obtenu de ses créanciers un accord final de restructuration d’une dette de 14,7 milliards de dollars.
Depuis, l‘économie de Dubaï a rebondi. Les taux de croissance sont passés de 2,8% en 2010 à 4,4% en 2012 et s’avèrent positifs dans le secteur bancaire et ceux du commerce, du tourisme, du transport.
Dans ses prévisions datant de la fin de l’année 2013, la Barclays Bank tablait sur une croissance de 6,4% sur les trois prochaines années et un taux annuel à deux chiffres – 10,5% – dans la période qui suivra et jusqu‘à 2020. Et l’organisation de l’exposition universelle devrait booster et agir comme un catalyseur à l’investissement et la croissance économique. On attend 25 millions de visiteurs pendant les six mois de l’exposition et la création de plus de 270.000 emplois. Le gouvernement de la cité-État prévoit 6,8 milliards de dollars d’investissements qui seront consacrés à l’exposition universelle. La ville table sur un retour d’investissements de 38 milliards de dollars. Par ailleurs, le secteur immobilier qui avait accusé une perte supérieure à la moitié de sa valeur au lendemain de la crise connait depuis une année de signes de vigueur et une hausse, parfois sévère, des loyers. Les prix ont gagné environ 50% depuis le dernier trimestre de 2011. L’organisation de l’exposition universelle a favorisé cette hausse, les propriétaires anticipant une forte demande. N’oublions pas également le flux d’investisseurs arabes préférant la sérénité dubaoïte aux troubles du Printemps arabe.
Reste que cette vague d’optimisme engendre ses inexorables mises en garde. D’aucuns agitent la menace d’une nouvelle bulle. Échaudées par le mini-crash de 2008, les autorités se targuent d’avoir pris des mesures pour l‘éviter et les nouvelles taxes sur l’enregistrement des propriétés en attestent.

Photo principale par Christian Van Elven cc Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

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