Le chef d’orchestre italien Ottavio Dantone nous parle d’Alcina, l’opéra de Haendel, et de l’image qu’il a du compositeur allemand. “N’oublions pas
Le chef d’orchestre italien Ottavio Dantone nous parle d’Alcina, l’opéra de Haendel, et de l’image qu’il a du compositeur allemand.
“N’oublions pas qu’au XVIIIe siècle, la musique était importante, mais la synesthésie, l’union de la musique, des couleurs et des effets spéciaux était également très importante; et cet opéra s’adaptait parfaitement à cela, c‘était donc la carte qu’il a principalement jouée et ce fût un succès, le dernier, avant qu’il se tourne définitivement vers le genre plus anglais de ‘l’oratorio’ et qu’il laisse le champ libre à ses rivaux (…) “Le public d’aujourd’hui est plus disposé à écouter de la musique tout simplement sans avoir besoin de tout l’appareil de scène somptueux du passé, même le feu était utilisé pour surprendre le public au risque de brûler les théâtres ! (…) Handel a ce don inné de trouver les couleurs qui véhiculent l’humeur et le type d’” affect “ (on l’appelait ainsi à l‘époque) que l’acteur ou le chanteur veut faire passer. Même le changement de Ruggiero, d’abord totalement obsédé par la magicienne Alcina puis à nouveau maître de lui-même, peut être perçu dans la musique (…) J’imagine Haendel comme un homme qui sait capter les émotions; je vois un compositeur très talentueux, mais qui pouvait avoir des sautes d’humeur comme toutes les personnes sensibles, non pas au charme du succès mais dans le plaisir de réussir à communiquer des émotions, donc une personne fragile aussi.”