Yémen : les nouveaux maîtres d'Aden

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Par Euronews
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Les séparatistes, anciens alliés du gouvernement Hadi, ont pris le contrôle de la deuxième ville du pays.

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Les forces séparatistes ont pris le contrôle mardi de la quasi-totalité d'Aden, deuxième ville du Yémen, après trois jours de combats meurtriers contre les forces gouvernementales, s'imposant ainsi comme un acteur incontournable du conflit.

Selon des sources militaires, le palais présidentiel à Aden, la capitale du Sud, était toujours encerclé en fin de journée par les combattants séparatistes qui se sont emparés de presque toutes les positions de leurs adversaires dans la cité portuaire, à l'exception du palais (sud) et du quartier de Dar Saad (nord).

Pour la troisième journée consécutive, de nombreux civils sont restés terrés chez eux, redoutant d'être pris sous des tirs croisés de chars de combat et de pièces d'artillerie lourde. Plusieurs organisations humanitaires ont suspendu leurs opérations.

C'est à Aden que le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a trouvé refuge après la prise de la capitale yéménite Sanaa en septembre 2014 par les rebelles Houthis, contre lesquels il lutte avec l'aide militaire d'une coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite depuis mars 2015.

M. Hadi est basé en Arabie saoudite, pays voisin du Yémen, mais son Premier ministre Ahmed ben Dagher et des ministres résidaient ces derniers jours au palais présidentiel d'Aden.

La bataille entre les séparatistes du Sud et le pouvoir, soutenu à bout de bras par Ryad, a donné une dimension encore plus complexe au conflit yéménite, qui a fait en trois ans plus de 9.200 morts et provoqué selon l'ONU "la pire crise humanitaire du monde".

La coalition arabe est apparue divisée sur les combats à Aden, les Emirats arabes unis, qui en font partie, ayant formé des forces séparatistes et les Saoudiens ayant fourni une aide financière substantielle au pouvoir. Mais aucun des deux pays n'est intervenu militairement pour faire cesser les violences.

"Les séparatistes ont encerclé le palais et contrôlent l'entrée principale", a indiqué à l'AFP un officier de l'armée. "Ceux qui sont à l'intérieur sont de fait assignés à résidence".

Selon une source militaire, des ministres ont fui le palais, situé sur le port, à bord d'embarcations lundi soir. Arrivés dans un camp de la coalition à Brega, ils ont reçu l'assurance qu'aucun assaut ne serait lancé contre le palais où ils sont alors retournés, a indiqué une source gouvernementale.

Les combats de mardi ont été meurtriers, mais aucun bilan n'était disponible en fin de journée, selon des sources militaires. Dimanche et lundi, ils avaient fait au moins 36 morts et 185 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Les séparatistes étaient précédemment alliés à M. Hadi mais la relation s'est tendue après le limogeage en 2017 du gouverneur d'Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé un Conseil de transition du sud (STC), une autorité parallèle dominée par des séparatistes. Aden était la capitale du Yémen du sud, un Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990.

Le STC avait fixé un ultimatum à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et "des changements au gouvernement", accusé de "corruption". Cet ultimatum a expiré dimanche et des combats ont aussitôt éclaté, aboutissant à la prise du siège du gouvernement et d'autres installations par les séparatistes qui sont restés sourds aux appels de la coalition à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'institut d'analyse Soufan Center, les divisions apparues au grand jour à Aden entre Saoudiens et Emiratis sont un "signe supplémentaire du désastre" de la guerre conduite par Ryad dans ce pays pauvre.

Si Aden tombe aux mains des séparatistes, les forces progouvernementales continueront d'avoir une forte présence ailleurs dans la province du même nom, ainsi que dans quatre autres provinces du sud du pays reprises aux Houthis en 2015.

Elles contrôlent également quelques régions côtières sur la mer Rouge, ainsi qu'une partie des régions de Marib et Taëz, au nord d'Aden. Des soldats de la coalition y sont aussi présents.

Depuis 2015, la situation sur le front avec les Houthis est figée avec des combats d'intensité moindre. Mais les campagnes de bombardements aériens saoudiens ont continué, avec leur lot de victimes.

Les Houthis contrôlent le nord, leur bastion, ainsi que l'ouest et une partie du centre du pays.

Profitant de ce chaos, le réseau jihadiste Al-Qaïda a renforcé sa présence notamment dans les régions du sud, alors que son rival, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a pris également pied dans ce pays.

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Mardi, dans la province de Chabwa (sud), 14 personnes, dont des soldats, ont été tuées dans un attentat suicide attribué à des jihadistes contre un point de contrôle d'une force soutenue par les Emirats, selon une source militaire dans la région.

Avec AFP

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