Sanctions contre l'Iran : quelles entreprises européennes concernées ?

Sanctions contre l'Iran : quelles entreprises européennes concernées ?
Par Alasdair Sandford avec AFP
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L'administration Trump menace de mettre sur liste noire les sociétés qui commercent avec l'Iran. Plusieurs grandes entreprises européennes doivent trancher.

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Plusieurs grandes entreprises européennes seront touchées par les nouvelles sanctions américaines contre l’Iran. L'administration Trump menace de mettre sur liste noire celles qui commercent avec l'Iran.

L'Union européenne s'est engagée à maintenir l'accord sur le nucléaire et à protéger les entreprises européennes. Mais la réalité financière oblige ces dernières à céder devant le "poids des États-Unis", pour reprendre la formule de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

Voici les principaux secteurs économiques affectés par les sanctions :

Automobile

Le constructeur français PSA (Citroën et Peugeot) détient un tiers du marché de l’automobile en Iran. Le groupe a annoncé début juin qu’il suspendait ses investissements dans le pays, tout en expliquant que ses activités dans ce pays représentaient moins de 1% de son chiffre d’affaires.

Renault assure vouloir rester présent en Iran sans mettre en péril les intérêts de la société.

Les constructeurs automobiles allemands devraient également être touchés. Daimler prévoyait de fournir des camions Mercedes-Benz.

Volkswagen avait annoncé son intention de commercialiser à nouveau des voitures en Iran après des années d’absence. Mais sa forte présence aux États-Unis pourrait le forcer à revoir sa stratégie.

Le constructeur suédois de camions Scania a prévenu que l’ensemble de ses ventes en Iran pourrait être anéanties. La société - qui appartient à Volkswagen - a annulé toutes les commandes ne pouvant pas être livrées avant la mi-août. Sa présence en Iran représente environ 5% de ses commandes mondiales, tandis que les États-Unis en représentaient 13% en 2017.

Industrie

Le géant allemand Siemens avait signé plusieurs accords relatifs à l’exploitation de gaz naturel en 2016. Le directeur général du fabricant avait déclaré en mai qu’il ne pourrait pas réaliser de nouvelles affaires en Iran. La société a déclaré la semaine dernière qu'elle respecterait les réglementations, y compris les sanctions américaines.

Total a déclaré en mai qu’il abandonnait son projet de champ gazier en Iran. La compagnie pétrolière s’était alliée au groupe chinois CNPC. Mais cet investissement ne représente une part infime de l'activité du géant français.

Le groupe industriel français Air Liquide a décidé de cesser toute activité commerciale en Iran, tout en précisant qu’il ne prévoyait "aucun investissement" dans le pays.

Peu de grands groupes britanniques opèrent en Iran, mais quelques entreprises interviennent dans certains secteurs de l'économie allant des infrastructures aux soins de santé.

Transport

En mai, le conglomérat d’armateurs danois A.P. Moller-Maersk a déclaré qu'il cesserait ses activités en Iran pour se conformer aux sanctions américaines. L'annonce a été faite alors que le groupe affichait des pertes attribuées aux mouvements de change et à la hausse des prix du pétrole.

"Avec les sanctions que les Américains imposeront, vous ne pouvez pas faire des affaires en Iran si vous avez également des activités aux Etats-Unis. Or nous en avons à grande échelle", avait clarifié le directeur général Soren Skou. "Je suis certain que nous allons également fermer en Iran", a-t-il ajouté.

L’armateur de porte-conteneurs français CMA CGM a annoncé en juillet qu'il cessait ses opérations en Iran. "En raison de l’administration Trump, nous avons décidé de mettre fin à nos services en Iran. Nos concurrents chinois hésitent un peu, peut-être qu’ils ont une relation différente avec Trump, mais nous appliquons les règles", a affirmé le directeur général Rodolphe Saade.

La société italienne de construction navale Fincantieri avait conclu plusieurs accords avec l'Iran en 2016 et annoncé l’an dernier une augmentation de 12,5% de ses exportations vers le pays.

Aviation

Avant l'annonce de Donald Trump, Airbus avait annoncé la signature de contrats avec des compagnies aériennes iraniennes portant sur 100 avions d’une valeur totale estimée de 10 milliards de dollars. Seulement trois appareils auraient été livrés. Cependant, la perte du marché iranien ne devrait pas avoir d’impact majeur sur l’avionneur européen, qui a reçu plus de 7 000 commandes au total.

ATR, autre avionneur basé à Toulouse, a réussi à fournir cinq avions à la compagnie aérienne Iran Air juste avant l’entrée en vigueur des sanctions américaines. Mais seulement 13 des 20 appareils commandés ont été livrés et la vente des unités restantes est incertaine. Le groupe exerce également des activités aux États-Unis ; il est donc soumis aux sanctions.

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Ferroviaire

Ferrovie dello Stato, la société ferroviaire publique italienne, a signé en 2017 un accord portant sur la construction de deux nouvelles lignes à grande vitesse en Iran, dont une entre Qom et Arak, dans le nord.

La firme suisse Stadler Rail a déclaré en mai qu’elle abandonnerait des projets en Iran.

Siemens - qui assure qu’il respectera les sanctions américaines - avait signé en 2016 un contrat de modernisation du réseau ferroviaire iranien, comprenant la fourniture de composants pour 50 locomotives Diesel-électriques.

Tourisme

British Airways et l’Allemand Lufthansa, qui avaient relancé les vols directs vers Téhéran, devront probablement les arrêter si elles veulent continuer à opérer librement des liaisons transatlantiques.

Parmi les autres groupes potentiellement touchés, citons la chaîne française AccorHotels, qui a ouvert deux hôtels à l'aéroport de Téhéran en 2015 et l'entreprise espagnole Melia Hotels International, qui a signé un accord en 2016 pour gérer un hôtel 5 étoiles.

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Pharmaceutique

Le groupe français Sanofi affirme qu'il poursuivra ses activités en Iran en se conformant aux règles internationales et ajoute qu'il est trop tôt pour commenter l'impact potentiel des sanctions sur ses opérations.

Finance

Les banques allemandes Helaba et DZ Bank, basées à Francfort, ont décidé de se retirer de l’Iran après l’annonce des sanctions américaines.

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