Une entreprise canadienne a choisi Droux (Haute-Vienne) pour la piste d'essai d'Hyperloop : des capsules lancées à la vitesse du son dans un tube dépressurisé... Sous les yeux des vaches !
L'entreprise canadienne TransPod a choisi un village français de 380 habitants pour y installer la piste d'essai de sa technologie Hyperloop, sensée révolutionner le transport à grande vitesse. Les travaux estimés à 21 millions d'euros devraient commencer l'an prochain.
Aussi fou que cela puisse paraître, le record de vitesse du TGV (574,8 km/heure) sera peut-être battu dans la commune rurale de Droux, à une cinquantaine de kilomètres de Limoges, dans le centre de la France. Fondée en 2015, TransPod a déposé une demande de permis de construire la semaine dernière en préfecture de Haute-Vienne.
"Le permis devrait être accepté en Novembre et les premiers coups de pioche donnés en janvier 2019", assure à Euronews Sébastien Gendron, cofondateur et PDG de TransPod.
La technologie Hyperloop, popularisée par l'entrepreneur Elon Musk, consiste à envoyer à la vitesse du son (1200 km/heure) des capsules transportant des voyageurs ou des marchandises à l'intérieur d'un tube dépressurisé. Elle combine des technologies d'avantage inspirées des secteurs spatial et aéronautique que ferroviaire.
Le Limousin, the new Nevada
Après une première levée de fond de 15 millions de dollars (une seconde de 50 millions d'euros est en cours) et un projet de piste d'essai avorté à Bologne (Italie), les entrepreneurs de TransPod cherchaient l'endroit parfait pour donner vie à leur technologie. Ils se sont penchés sur le corridor Paris-Toulouse, qui n'est pas desservi par une ligne à grande vitesse (LGV).
Des chefs d'entreprises les ont mis en relation avec le département de Haute-Vienne, qui possédait un terrain intéressant : une ancienne voie ferrée longue de 3 kilomètres en ligne droite traversant des terres agricoles.
L'idée a été bien accueillie par les habitants et les autorités."Tout le monde est derrière le projet, c'est sympa à voir", se réjouit le PDG qui a tout de même dû intégrer les demandes de quelques riverains dans le permis de construire.
"Par exemple, un paysan qui a des terrains de part et d’autre de la ligne voulait qu'on aménage un passage pour les bêtes qui traversent cette ancienne voie ferrée", explique le chef d'entreprise, que n'inquiète pas le caractère rural de sa terre d'accueil.
"Il y a une analogie avec notre concurrent, Hyperloop One, qui développe son prototype dans le désert du Nevada. Nous le ferons dans la campagne Limousine", plaisante Sébastien Gendron.
Et puisque les grandes villes ne l'intéresse pas, TransPod prévoit aussi de construire un centre de R&D à Bari, dans le sud de Italie, où se trouve son investisseur historique.
L'Europe en locomotive
Français établi au Canada depuis huit ans, Sébastien Gendron se dit étonné de l’appétit de l'Europe pour cette innovation essentiellement nord-américaine. "Je ne serais pas surpris que l’Europe soit l'une des premières à adopter cette technologie", lance-t-il.
Il y a encore un an, son associé et lui étaient persuadés que personne ne voudrait investir dans ce marché sur ce continent qui compte l'un des réseaux LGV les plus denses au monde.
"Pourtant, on le voit aujourd'hui : nos investisseurs sont Italiens, notre site se situe en France et plusieurs sociétés se rapprochent de l'Europe", résume l'ingénieur de formation, qui est en contact avec la Commission européenne des Transports pour faire évoluer la réglementation.
Premiers voyages en 2030
Une douzaine de sociétés développent actuellement la technologie Hyperloop à travers le monde, dont quatre peuvent être qualifiées d'acteurs majeurs. L'Européo-canadienne TransPod est en concurrence avec trois entreprises américaines.
Les quatre principaux acteurs :
TransPod, start-up canadienne fondée en 2015 et soutenue par des investisseurs européens, s'apprête à construire la troisième piste d'essai Hyperloop au monde et la plus longue à cette date. TransPod ambitionne d'ouvrir une première ligne commerciale de 1 000 kilomètres au Canada en 2030.
The Boring company, fondée par Elon Musk, le patron de SpaceX et Tesla, a commencé à creuser des tunnels, notamment entre Washington et New York ou entre la ville de Chicago et son aéroport. Elle développe en parallèle sa technologie Hyperloop mais n'est pas certaine de les en équiper.
Virgin Hyperloop One possède déjà une piste d'essai dans le Nevada mais sa capsule n'a pas dépassé 400 km/h. Elle a récemment été rachetée par Virgin Galatic, la société spatiale de Richard Branson, et multiplie les projets, tels que la construction d'un immense centre de R&D près de Malaga (Espagne).
Hyperloop Transportation Technologies (HTT), société américaine basée à Toulouse (France), était la première à se lancer dans l’aventure. Parmi la douzaine de contrats commerciaux qu'elle a déjà signés, un projet de ligne reliant Dubaï et Abu Dhabi à l'occasion de l'exposition universelle 2020.