Des artistes au cœur des ruines de Damas

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Par Euronews avec AFP
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En Syrie, une douzaine d'étudiants des Beaux-Arts ont investi temporairement le quartier abandonné de Yarnouk, dévasté par la guerre.

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Dévasté par des années de guerre, le quartier de Yarnouk reprend quelques couleurs éphémères.

A Damas , une poignée d'étudiants des Beaux-Arts ont posé leurs chevalets dans cet ancien camp de réfugiés palestiniens, qui était devenu l'un des quartiers les plus populaires de la capitale syrienne.

Le quartier était tombé en 2015 aux mains du groupe Etat islamique.

"Notre objectif, c'est d'insuffler la vie à cet endroit qui était presque mort. L'art, c'est la vie. Donc quand on peint, on crée du vivant", explique l'artiste Mais Khalouf.

Alors que les forces de Bachar al-Assad ont repris le contrôle de la zone en mai dernier, le quartier est toujours à l'abandon et ses habitants n'ont pas encore pu rentrer chez eux.

Les tableaux des jeunes artistes racontent les souffrances du peuple syrien, mais aussi l'espoir de revoir Yarnouk s'animer.

Les habitants de Yarnouk toujours privés de leurs maisons

L'histoire de Yarmouk est à l'image du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, et qui a fait plus de 350 000 morts et poussé à l'exil des millions de personnes. Avant le début de la guerre, le camp abritait quelque 160 000 réfugiés palestiniens, ainsi que des Syriens, selon l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

En 2012, de violents combats entre rebelles et forces du régime ont poussé quelque 140.000 personnes à fuir, selon l'ONU. Le régime a ensuite imposé un siège implacable, plongeant des milliers de personnes dans un dénuement total.

Après la reconquête du camp par l'armée de Damas, l'association caritative "Nour" ("lumière", en arabe) a lancé son initiative artistique, appelée "herbe".

"La vie renaît au milieu des décombres, comme l'herbe qui pousse entre les rochers", explique un responsable de l'ONG, Moustafa Abou al-Jad.

Hinaya Kebabi (22 ans) a elle décidé de peindre un enfant ayant perdu un œil, et qui dissimule sa blessure par une feuille sur laquelle est dessiné un œil. Les toiles ont été exposées le 18 août à l'entrée du quartier complètement désert. Un public limité a pu faire le déplacement.

Sur un des tableaux, un homme squelettique est recroquevillé sur lui-même, en allusion aux souffrances physiques et psychologiques endurées par les habitants.

Sur les réseaux sociaux, l'initiative a été critiquée, certains internautes la jugeant "provocatrice", au vu de la frustration des habitants qui ne sont toujours pas rentrés chez eux.

"Le camp n'est pas un lieu romantique ou un espace pour le dessin. C'est un lieu de douleurs et de souffrances", s'insurge Abir Abbassiyeh, 28 ans, qui a vu les photos de l'exposition circuler sur la Toile. "Si seulement les habitants étaient autorisés à retourner dans leurs maisons comme ces peintres ont pu pénétrer dans le camp et dessiner", ironise-t-elle.

Mais Mohamad Jalbout, originaire du camp et un des responsables du projet, défend l'initiative. "Nous avons tous des maisons ici", rétorque-t-il. "Personnellement, je n'y suis pas retourné et je n'ai même pas pu l'inspecter. Mais on essaye à travers l'art au moins d'insuffler un peu de vie à cet endroit". 

_-Avec AFP - _

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