Fonctionnement et enjeux des élections de mi-mandat

Fonctionnement et enjeux des élections de mi-mandat
Par Maxime Bayce
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Chambre des représentants, Sénat, mode de scrutin, enjeux... On fait un point sur les élections de mi-mandat américaines qui se dérouleront le 6 novembre

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Les Américains se préparent à voter pour ce qui s'annonce être l'élection de mi-mandat la plus disputée depuis des décennies.

Le 6 novembre, les démocrates espèrent mettre un coup d'arrêt à la bonne dynamique républicaine en cours à Washington. Début octobre, le camp du président Donald Trump a remporté une bataille éminemment symbolique : la nomination de Brett Kavanaugh à la Cour Suprême par une très courte majorité.

Cette confirmation a encore poussé l'avantage des républicains tant à la Maison Blanche que dans les deux chambres du Congrès et maintenant à la plus haute cour du pays.

Aux Etats-Unis, les juges de la Cour suprême sont nommés par le président. Il choisit donc presque toujours un juge favorable à sa ligne politique.

Après cette défaite, les démocrates lancent toutes leurs forces dans la bataille des midterms, qui auront lieu le 6 novembre.

Le sénateur Ted Cruz (au centre) et les autres membres du comité judiciaire du Sénat, le 28 septembre après un vote sur la nomination de Brett Kavanaugh.

Quels sont les enjeux ?

Les élections de mi-mandat se déroulent deux ans après l'élection présidentielle. Un scrutin qui ne passionne généralement pas mais cette année, suite à l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, les Américains se sont davantage engagés. En cause : le climat politique de plus en plus polarisé entre républicains et démocrates.

En 2014, les midterms n'avaient mobilisé que 36,4% de l'électorat. Une participation très faible qui avait coûté au président Barack Obama sa majorité au Congrès. Pour beaucoup d'observateurs, les deux camps n'avaient pas réussi à imposer des thèmes suffisamment mobilisateurs pour engager les Américains.

Cette année, les clivages sont nombreux entre les deux hémisphères de la politique américaine. Conséquence : près de 800 000 citoyens se sont inscrits sur les listes électorales pour le seul mois de septembre. Par comparaison, en 2014, ils n'étaient que 154 500.

Les démocrates tiennent là leur seule chance, avant la prochaine présidentielle, d'inverser la domination républicaine en cours depuis 2016. Au Sénat, le camp de Donald Trump détient 51 sièges contre 49 pour les démocrates. L'enjeu, à minima, pour ces derniers est de défendre les dix sièges de sénateurs dans des états où Trump est arrivé en tête. S'ils y arrivent, ils devront alors encore gagner deux élus, ce qui s'annonce très compliqué.

En cas d'égalité, 50 sièges pour chacun des partis, c'est au vice-président, en l'occurrence Mike Pence de trancher. Dans ce ce cas aussi, les républicains garderaient le contrôle sur le Sénat.

C'est pourtant au Sénat que revient le pouvoir de voter la procédure d'impeachment. La destitution du président américain qui nécessite une majorité qualifiée aux deux tiers et qui a souvent été évoquée dans le cas de l'ancien magnat de l'immobilier.

La Chambre basse, la Chambre des représentants va être, elle, complètement renouvelée. Elle est actuellement composée de 240 républicains et 195 démocrates. Pour renverser cette domination du Grand Old Party (GOP), les démocrates vont devoir leur prendre 23 sièges. Opération périlleuse mais loin d'être impossible : 66 représentants ne briguent pas un autre mandat dont 39 sont républicains et ce sont justement ces sièges qui sont, d'après les observateurs, les plus aisés à conquérir.

Que disent les sondages ?

Ils ont légèrement varié ces dernières semaines. Au Sénat, la tendance est à un creusement des écarts au profit des républicains. Selon le site spécialisé FiveThirtyEight, l'assemblée a 79,9% de chances de rester dominé par le GOP. Les probabilités que les démocrates remportent plus de deux sièges sont même extrêmement maigres puisqu'elle tombent largement sous les 10%.

Situation inverse à la Chambre des représentants. Les élus démocrates y ont 5 chances sur 6 de l'emporter (84,6%). Les projections leur accordent même un gain de 39 sièges en moyenne. Depuis le début du mois d'octobre, leur avance a augmenté, gagnant plus de dix points.

Parmi les têtes d'affiche qui concourent à leur réélection, le sénateur républicain Ted Cruz semble bien embarqué. Son avance s'est creusé sur le démocrate Beto O’Rourke tout au long du mois d'octobre . Selon le site RealClear Politics, le 19 octobre, il devançait de 7 points son rival. L'écart le plus important enregistré depuis le début de la course aux Midterms.

Des supporteurs du sénateur Ted Cruz lors d'un meeting au Texas le 15 septembre 2018 - REUTERS/Sergio Flores

A suivre de près également, les sénatrices démocrates Elizabeth Warren (Massachussets) et Kristen Gillibrand (New York) qui sont données favorites à leur réélection. Elles font partie des profils dont parle la presse américaine comme potentielles candidates démocrates à la primaire pour la présidentielle de 2020.

D'autres duels serrés s'annoncent dans des états comme le Nevada, l'Illinois, le New Jersey, la Caroline du Nord et la Californie.

Quels sont les principaux thèmes de campagne ?

Immigration

Au début de la campagne présidentielle de Donald Trump, l'une de ses promesses emblématiques a été de stopper net l'immigration en provenance du Mexique.

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Cette politique a débouché sur des pouvoirs plus importants réservés aux services de l'immigration et aux douanes, avec pour résultat une frontière encore plus surveillée et des parents séparés de leurs enfants au moment d'entrer dans le pays.

L'administration Trump a aussi proposé de changer les règles d'obtention de la fameuse "green card" permettant de travailler et de vivre légalement aux Etats-Unis, de certaines allocations sociales du gouvernement fédéral et de coupons de nourriture.

De nombreux candidats démocrates ont tenté de faire campagne pour la défense des personnes touchées par ces mesures, attirant à eux un électorat progressiste rebuté par ce qu'ils estiment être une politique raciste et anti-sociale.

Avec un taux de chômage à 3,7% au mois de septembre, le plus faible depuis 50 ans, les républicains font de leurs bons résultats économiques le point fort de leur discours. Selon une enquête de l'institut Pew Research, ils sont considérés plus crédibles (+9%) que leurs rivaux lorsqu'il s'agit d'économie.

Mais d'après nombre d'économistes, les réductions d'impôts accordées par l'administration Trump, et présentées comme à l'origine de la bonne santé économique américaine, profiteraient principalement aux grandes entreprises et ne toucheraient que de manière marginale la classe moyenne.

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L'ancien président Barack Obama lors d'un meeting démocrate en Californie, le 8 septembre 2018. REUTERS/Mike Blake

La couverture santé

La question est encore hautement clivante aux Etats-Unis. Si les républicains maintiennent leur emprise sur les deux chambres du Congrès, cela pourrait être la fin du système d'assurance ( Affordable Care Act) connu sous le nom d'Obamacare.

Mais même dans ce cas, faire complètement disparaître ce programme qui permet à près de 20 millions d'américains de se soigner devrait être un casse-tête pour le GOP.

Durant la première moitié du mandat présidentiel, ils ont essuyé deux échecs n'ayant pas obtenu le nombre de voix nécessaires. 

Néanmoins, Donald Trump a prévenu lors de divers meetings ces derniers mois, en cas de majorité au Congrès ce sera l'un de ses principaux chantiers.

Si les démocrates ne parviennent pas à remporter leur pari et s'emparer au moins de la Chambre des représentants, leur prochaine opportunité ne se représentera pas avant l'élection présidentielle de 2020. Problème : actuellement aucune figure capable de mener cette bataille n'émerge au sein du parti.

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Depuis 1992, tous les présidents américains sont parvenus à se faire réélire, sauf George H.W Bush en 1992. C'était face à Bill Clinton.

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