Aklou Sidi Sidi : "Nous sommes victimes de l'Union européenne"

Aklou Sidi Sidi : "Nous sommes victimes de l'Union européenne"
Tous droits réservés 
Par Valérie Gauriat
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Aklou Sidid Sidi est le premier Vice-Président du Conseil Régional d'Agadez. Opposé à la loi nigérienne criminalisant le transport de migrants vers la Libye, il fustige surtout la politique de l'Union européenne dans le pays.

Aklou Sidid Sidi est le premier Vice-Président du Conseil Régional d'Agadez. Opposé à la loi nigérienne criminalisant le transport de migrants vers la Libye, il fustige surtout la politique de l'Union européenne dans le pays.

Aklou Sidi Sidi:

"Le transport de migrants, leur hébergement leur accueil a été pour longtemps une activité économique d’une partie de la population de la région d’Agadez. C’était une activité économique assez rentable. Avec le sommet de la Vallette, avec le plan d’action qui en est ressorti, avec les engagements du gouvernement du Niger, cette activité a été criminalisée.

La loi a entrainé un manque à gagner énorme sans qu’il y ait des solutions visibles. Il y a eu promesse de la part de l’Union européenne et de l’Etat du Niger, à travers le fonds fiduciaire d’urgence

Il y a eu promesse de la part de l’UE? De l’Etat du Niger avec l’UE, à travers le fonds fiduciaire d’urgence. La haute autorité de la consolidation de la paix a bénéficié d’un petit financement qui a permis de faire un plan de reconversion au rabais. Par défaut. Ce plan de reconversion ne s’est intéressé qu’à 4 pourcent de la cible, soit 7000 personnes. Sur les 7000 personnes 4 pourcent seulement ont été servis, avec des micro-projets qui ne sont que la perpétuation de la pauvreté.

Les fonds de l'union européenne. D'abord ils ne viennent même pas à 50 pourcent de ce que la région a perdu en termes de recettes au niveau du transport des migrants. Et quand bien même il y a des fonds qui sont dédiés à cela, ils sont noyés dans des procédures de fonctionnement, dans les surchages des charges de fonctionnement qui ne permettent pas à la population d'en bénéficier.

En réalité les fonds fiduciaires d'urgence ont plutôt servi à créer cette loi qui est contre la population du Niger. Cette loi ne sert pas les intérêts du Niger, elle ne sert pas les intérêts de la population du Niger. Il faut se le dire, c'est clair. Elle sert les intérêts de l'Europe!

Nous les migrants ne nous posent aucun problème. Nous on est dans l'espace CDAO, c'est la libre circulation des personnes et des biens.

Nous nous sommes victimes de l'Union européenne! Il faut que les européens le sachent."

Valérie Gauriat : expliquez moi?

Aklou Sidi Sidi:

" En réalité nous les migrants ne nous causent aucun problème. Ils viennent, ils donnent l'argent on les transporte. Ils vont en Libye et de l'autre côté on ne sait pas ce qui se passe. Nous on ne fait que les transporter."

Valérie Gauriat : Mais vous savez ce qui se passe en Libye!

Aklou Sidi Sidi:

"Ce qui se passe, ce qui s'est passé en Libye avant, ce sont les Européens eux mêmes qui ont demantelé, qui ont crée le désordre en Libye. Il ne faut pas avoir peur de dire la vérité. Aujourd'hui on est là. On est le gouffre des demandeurs d'asile, des réfugiés. des migrants, des refoulés. Le gouffre c'est Agadez. Toute cette population nous met dans une situation où on est incapable de faire face à nos priorités qui sont nos populations locales."

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Aide aux victimes : les leçons tirées des attentats du 13 novembre 2015 à Paris

Allemagne : la transition énergétique face aux résistances locales et aux lourdeurs administratives

Un fromage pour réconcilier Chypre : le halloumi obtient son label AOP