La pêche européenne récolte les fruits d'une gestion durable

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Par Denis LoctierStéphanie Lafourcatère
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Dans ce premier numéro de notre magazine Ocean, nous faisons le point sur le niveau des stocks de poissons dans l'UE et les nouvelles sont bonnes : ils sont nombreux à se reconstituer. Un résultat qui s'explique notamment par de nouvelles règles européennes.

Dans ce premier numéro de notre magazine Ocean, nous faisons le point sur le niveau des stocks de poissons dans l'UE et les nouvelles sont bonnes : ils sont nombreux à se reconstituer. Un résultat qui s'explique notamment par de nouvelles règles européennes.

Pendant les fêtes de fin d'année, vous avez peut-être profité d'un plus large choix de fruits de mer. C'est en partie grâce à des captures plus importantes en Suède, mais aussi dans tout le nord de l'Europe.

À Göteborg, nous embarquons à bord du bateau de Johan Grahn, pêcheur depuis 1984. L'homme se décrit comme "un loup solitaire : j'aime la mer et j'aime pêcher."

Son petit chalutier pêchait vingt tonnes de crevettes nordiques et langoustines par an. Aujourd'hui, c'est deux fois plus : il faut dire que les stocks de poissons et de crustacés continuent de se reconstituer.

"Aujourd'hui, nous avons énormément - de crevettes et les stocks de poissons aussi sont bien plus élevés," explique Johan Grahn.

"En mer du Nord, en mer Baltique et dans l'Atlantique, la surpêche s'est fortement réduite au cours des dix dernières années," fait remarquer notre journaliste Denis Loctier.

Il y a dix ans, d'après la Direction de la pêche et des affaires maritimes à la Commission européenne, parmi les stocks sous surveillance, à peine un sur sept était pêché de manière durable, le reste faisant l'objet d'une surpêche. Cette année, le ratio est de sept sur dix ( sur 76 stocks de poisson).

Vers la fin des rejets ?

Un résultat notamment obtenu en s'attaquant au problème des captures accidentelles que les pêcheurs rejetaient à la mer - environ un quart des prises étaient remises à l'eau, causant la mort de la plupart des poissons rejetés -.

Aujourd'hui, les pratiques ont changé : un nouvel équipement évite aux professionnels de se retrouver avec des prises trop petites ou des espèces qui ne les intéressent pas.

"Personne, dès l'instant qu'on a un peu de bon sens, n'a envie de jeter de la bonne nourriture par dessus bord. C'est stupide," reconnaît Johan Grahn. "Donc à un moment donné, ils ont trouvé comment gérer cela et cela a commencé par une procédure qu'on appelle l'obligation de débarquement," précise-t-il.

Dans l'Union européenne, les pêcheurs doivent ainsi ramener à terre, toutes les captures d'espèces sous surveillance qui ne les intéressent pas.

Les prises accidentelles étant aussi imputées sur les quotas, ils ont donc intérêt à les réduire, en particulier grâce des filets sélectifs.

Johan Grahn nous présente son nouveau modèle doté d'une structure avec des barres parallèles : "Toutes les captures accidentelles comme les poissons ou d'autres choses qu'on ne veut pas arrivent contre ces barres, puis remontent et poursuivent leur trajet," dit-il.

Filets sélectifs

Qu'en est-il dans les autres pays ? Nous nous rendons à Lorient (France) où des chercheurs de l'Ifremer testent des filets sélectifs réalisés pour les pêcheurs locaux. Ils veulent aboutir à un large choix d'équipements de ce type pour qu'ils soient adaptés au site de pêche et à une espèce donnée.

Pascal Larnaud, responsable scientifique, nous présente "la maille losange classique qui a tendance à se fermer avec la traction dans un chalut avec l'eau qui appuie sur le fil et les nœuds. Il suffit pour faire ce que l'on appelle les mailles carrées de tourner à 45 degrés et vous obtenez ces mailles beaucoup plus ouvertes," nous montre-t-il avant d'ajouter : "Et si je continue encore de 45 degrés, on obtient cette maille pour laquelle on a obtenu de très bons résultats en mer Celtique en particulier et également en Manche Ouest parce que c'est très adapté pour l'échappement des poissons et certains pêcheurs nous disent : 'Je n'ai plus de rejets'," se félicite-t-il.

"Tous les pêcheurs européens sont dans le même bateau"

Depuis quatre ans, tous les Etats membres de l'Union instaurent progressivement, cette obligation de débarquement.

En Bretagne, un tiers des bateaux ont adopté des dispositifs sélectifs pour se conformer aux règles de plus en plus strictes. Au Guilvinec, nous rencontrons Marion Fiche, responsable de projet de l'organisation professionnelle Les Pêcheurs de Bretagne : "Tous les pêcheurs européens sont un peu dans le même bateau : ils pêchent sur les mêmes quotas, ils vendent sur le même marché, donc c'est normal aussi qu'il y ait des règles communes en termes de réglementation pour une certaine équité entre les différents pêcheurs des différents pays," souligne-t-elle.

Meilleurs profits

Nous retournons à Göteborg pour assister à une vente à la criée. Et sur place, les affaires sont plutôt bonnes.

La pêche est l'un des secteurs économiques qui connaît la plus forte croissance dans l'Union européenne.

La sélectivité accroît aussi les profits : les professionnels remplissent leurs quotas avec des produits de plus grande valeur générant de meilleurs revenus.

"Dans de nombreux cas, nos quotas sont plutôt bas, donc les pêcheurs ont réalisé très tôt qu'il fallait s'occuper de cela," fait remarquer Malin Skog, responsable durabilité au sein de l'organisation des pêcheurs suédois SFPO.

"Nous devons vraiment commencer à nous préparer à l'obligation de débarquement," affirme-t-elle, "pour pouvoir réellement pêcher les meilleurs poissons possibles et bien sûr, tirer le meilleur prix de ce que nous pêchons."

L'Union européenne a pour objectif de ramener tous ses stocks de poissons à des niveaux durables d'ici à 2020.

Une décennie de travail intense est en train de payer.. au profit de la mer, des pêcheurs et des consommateurs européens.

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