"Sortez-nous de là": à Sunderland, les Brexiters perdent patience

L'usine Nissan à Sunderland, le 25 octobre 2016 au Royaume-Uni
L'usine Nissan à Sunderland, le 25 octobre 2016 au Royaume-Uni Tous droits réservés SCOTT HEPPELL
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"Ras-le-bol de tout ça", s'emporte Adam Green, 23 ans, exaspéré et impatient, comme nombre d'habitants de la circonscription pro-Brexit de Sunderland, face aux atermoiements sur la sortie de l'Union européenne au Parlement britannique.

Située sur la côte nord-est de l'Angleterre, Sunderland est une ville de 275.000 habitants dont l'économie s'articule autour de la gigantesque usine du constructeur automobile Nissan, après avoir été pendant des siècles un des fleurons de la construction navale britannique.

C'est aussi une terre pro-Brexit qui avait voté à 61% en faveur de la sortie de l'UE lors du référendum du 23 juin 2016. La ville avait alors été une des premières à déclarer ses résultats, et les images d'effusion de joie des partisans de ce divorce historique avaient fait le tour du monde.

Mais la fièvre est largement retombée, la faute aux interminables querelles qui agitent la société britannique, classe politique en tête, depuis le vote.

"Il faut que ça se termine, parce que j'en ai marre d'entendre parler de Brexit", dit à l'AFP Adam Green, interrogé à proximité d'un centre commercial.

- "Sentiment anti-élites" -

Au chômage pour des raisons médicales, ce jeune en veut tout particulièrement aux députés, incapables à ses yeux de prendre les décisions idoines pour mettre le pays sur de bons rails avant la sortie de l'UE, prévue le 29 mars.

C'est un manque total de respect pour mon vote", dit-il. "Les députés doivent se retrousser les manches et nous sortir de là".

La chambre des Communes votera mardi sur l'accord de Brexit négocié avec Bruxelles, mais le traité, vilipendé par les europhiles comme par les Brexiters, a de fortes chances d'être rejeté, faisant craindre une sortie désordonnée.

Ville ouvrière, Sunderland était autrefois un port de commerce du charbon, mais aussi un haut lieu de la verrerie et possédait une importante brasserie, autant d'activités qui ont aujourd'hui en grande partie disparu.

Outre ses prouesses en matière de construction automobile, la fierté de Sunderland repose désormais sur les épaules de son équipe de football, les "Black Cats" (troisième division).

"Sunderland est une ville où les gens se sentent enracinés, avec un fort sentiment d'appartenance à la communauté", explique à l'AFP Peter Hayes, professeur à l'université de la ville.

Ses habitants sont aussi animés par "une sorte de sentiment anti-élites", ajoute-t-il, en y voyant une des raisons du vote en faveur du Brexit, qui risque pourtant de leur jouer de mauvais tours.

"Si nous quittons l'UE en mauvais termes, Sunderland fera face à de très graves problèmes économiques", prévient le chercheur, soulignant qu'un transfert du site de Nissan vers le continent serait une "catastrophe".

L'usine du groupe japonais emploie plus de 7.000 personnes et sort 500.000 véhicules par an, dont 55% sont exportés vers l'UE, sans droits de douane - ce qui pourrait changer si le Royaume-Uni rompt avec les 27 sans accord.

Une perspective que refuse d'envisager Stephen O'Brien, conseiller municipal et membre des "Lib Dem", le parti centriste et europhile. Un tel scénario, prévient-il, serait encore "plus dévastateur que la perte des puits (de charbon) et de l'industrie navale".

- "Le pays a fait un choix" -

"On devrait se serrer les coudes et sortir du mieux qu'on peut", insiste de son côté Brian Halse, 67 ans, en promenade le long de la plage de Roker Beach, où les kayakistes bravent la fraîcheur de la mer du Nord.

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"J'ai voté pour le Brexit. J'aimerais qu'on sorte", dit-il. Les discussions sur le Brexit au Parlement? "Une vraie pagaille", lâche-t-il.

Un sentiment partagé par Ronnie Quinn, 60 ans. Les députés agissent "comme des enfants", fulmine cet employé municipal ramassant les détritus sur les rives du fleuve Wear. "Le pays a fait un choix et ils devraient tous travailler ensemble".

"Je préférerais un +no deal+", soit une sortie sans accord", poursuit-il en notant que le Royaume-Uni "s'en sortait très bien avant (d'appartenir à) l'UE".

Mais Liz Sulaiman, 74 ans, songe elle à ses petits-enfants. Et craint qu'une sortie brutale ne leur réserve des lendemains difficiles. "Nous perdrions beaucoup d'emplois", croit-elle. "On est déjà dans le pétrin et si on perd Nissan, ça risque d'être catastrophique".

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