Crash du Rio-Paris en 2009: fin de l'enquête judiciaire

Crash du Rio-Paris en 2009: fin de l'enquête judiciaire
Par AFP
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Bientôt 10 ans après le crash du Rio-Paris, les juges d'instruction ont terminé leurs investigations et les familles des 228 victimes espèrent qu'elles conduiront au procès d'Air France et d'Airbus, mais craignent que le constructeur échappe aux poursuites grâce à une ultime expertise favorable.

"Nous avons au dossier un premier rapport, qui met clairement en cause Air France et Airbus, et une contre-expertise qui tape de manière éhontée sur les pilotes", a déclaré Me Sébastien Busy, avocat partie civile, auprès de l'AFP.

"Un tel écart justifie un débat devant un tribunal", a-t-il estimé. "Il faut imaginer le caractère abscons d'un procès d'Air France seule où nous passerions notre temps à parler d'Airbus".

Les familles "attendent avec impatience et détermination un procès au cours duquel Airbus et Air France s'honoreraient de s'expliquer sur leur responsabilité respective", a réagi pour sa part dans un communiqué Entraide et solidarité AF447, principale association de proches des victimes.

Le 18 février, les juges d'instruction du pôle accidents collectifs du tribunal de Paris ont annoncé aux parties leur souhait de conclure la procédure, dans laquelle les deux entreprises sont mises en examen depuis 2011 pour "homicides involontaires".

Cette décision ouvre un délai de trois mois durant lequel les parties peuvent faire des observations ou demander de nouveaux actes d'enquête. Il appartiendra ensuite au parquet de Paris de prendre ses réquisitions, avant que les juges d'instruction ordonnent un renvoi en correctionnelle ou un non-lieu.

Le 1er juin 2009, le vol AF447 s'était abîmé dans l'océan Atlantique. Les 228 passagers et membres d'équipages, de 34 nationalités, avaient péri dans l'accident, le plus meurtrier de l'histoire de la compagnie française.

Point de départ de la catastrophe : le givrage en vol de sondes Pitot, qui a conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage de l'appareil.

- "automatismes défaillants" -

Mais l'établissement des responsabilités dans cet enchaînement fatal fait l'objet d'une bataille d'experts, non dénuée de pressions économiques selon les parties civiles.

En 2012, la première expertise avait pointé à la fois des défaillances de l'équipage, des problèmes techniques et un déficit d'information des pilotes en cas de givrage des sondes, malgré une recrudescence d'incidents antérieurs signalés à Airbus.

Le constructeur avait alors sollicité une contre-expertise, qui mettait surtout l'accent sur une "réaction inappropriée de l'équipage" et les manquements d'Air France.

La jugeant trop favorable à Airbus, des proches des victimes et la compagnie avaient attaqué le rapport devant la cour d'appel de Paris, qui avait ordonné son annulation et la réouverture de l'enquête.

La compagnie aérienne avait notamment contesté "deux vols d'essai (...) effectués chez Airbus avec des équipages Airbus sans qu'Air France en soit informée".

Toutefois la dernière contre-expertise, remise en décembre 2017, a de nouveau suscité l'indignation des parties civiles. Les experts y réaffirment que la "cause directe" de l'accident "résulte des actions inadaptées en pilotage manuel" de l'équipage et tendent à dédouaner Airbus.

Air France avait critiqué à l'époque une "mise en cause sévère de l’équipage disparu", dont elle entendait "défendre la mémoire".

Dans son communiqué, Entraide et solidarité AF447 fait aussi référence au crash d'Ethiopian Airlines survenu dimanche, faisant 157 morts.

L'association note qu'il s'agit là aussi d'un problème "de sondes liées à des automatismes informatiques défaillants. L'avion échappe au contrôle humain, les pilotes en dernier recours doivent gérer l'ingérable".

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Mais "l'association déplore la différence fondamentale de traitement d'une telle catastrophe entre Boeing", qui admet des dysfonctionnements, "et Airbus", poursuit le communiqué.

L'association a par ailleurs fait appel en décembre du refus des deux juges d'instruction d'auditionner les derniers experts en présence des parties civiles, selon Me Busy.

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