Les entreprises européennes surfent sur la vague de l'énergie marine

En partenariat avec The European Commission
Les entreprises européennes surfent sur la vague de l'énergie marine
Par Denis LoctierStéphanie Lafourcatère
Partager cet article
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Dans Ocean, notre reporter Denis Loctier nous montre les dernières technologies en matière d'énergie des océans, une source renouvelable encore largement inexploitée. Les entreprises européennes sont à la pointe des machines qui produisent de l'électricité grâce aux marées et aux vagues.

Dans cette édition d'Ocean, notre reporter Denis Loctier nous présente les dernières technologies européennes d'énergie marine. Leur potentiel est immense : les océans recouvrant 70% de notre planète, ils constituent la plus grande source inexploitée d'énergies renouvelables. Et en la matière, les entreprises de l'UE sont très bien placées au niveau mondial.

Il y a les marées, les vagues, le vent : les océans sont pleins de ressources. Leur puissance peut servir à fournir une énergie propre abondante à ceux qui en ont le plus besoin, en particulier sur l'île d'Ouessant, l'île qui est la plus à l'ouest de la France métropolitaine. "On y accède après une traversée d'à peu près une heure et quart, une heure et demi en bateau," précise son maire Denis Palluel.

Trop éloignée pour être raccordée au réseau électrique du continent, Ouessant alimente ses 842 habitants en électricité, principalement grâce au fioul.

Mais les choses vont changer. L'île prévoit de passer dans un peu plus dix ans, à une production issue à 100% des énergies renouvelables.

"On s'est rendu compte qu'on a tout ce qu'il faut autour de nous pour produire de l'énergie : on a du soleil comme aujourd'hui, on a du vent comme très souvent et puis on a des courants marins autour de l'île," fait remarquer Denis Palluel.

Une hydrolienne expérimentée à Ouessant

C'est au sud-ouest de l'île, sur le Fromveur, passage maritime entre Ouessant et l'archipel de Molène réputé pour ses courants violents, que l'entreprise française Sabella a immergé un engin expérimental, l'hydrolienne D10. 

Placé au fond de l'océan à 55 mètres de profondeur, le système transforme les courants de marée en électricité qui est ensuite acheminée à terre par un câble sous-marin.

"C'est une éolienne sous-marine : on exploite de l'hydro-cinétique, c'est-à-dire de la vitesse de l'eau," explique Jean-François Daviau, président de Sabella. "Et donc le courant, la marée montante et la marée descendante, vont faire tourner un rotor - des pales - qui lui-même va entraîner une génératrice électrique par la suite," indique-t-il.

Installée en octobre dernier, l'hydrolienne est aussi haute qu'un immeuble de 5 étages. Elle est conçue pour résister à des conditions océaniques extrêmes sans maintenance régulière qui engendrerait des coûts trop élevés.

Deux ans de tests sont encore prévus pour s'assurer qu'elle est fiable, mais aussi qu'à terme, le prix de l'électricité qu'elle permettra de produire sera bien compétitif.

"La maturité de l'hydrolien interviendra avec la démonstration qu'on est capable de produire des machines qui sont fiables, mais de manière extrême : s'il faut les relever tous les ans ou tous les deux ans : bien évidemment, le modèle économique ne tiendra pas," reconnaît Jean-François Daviau, président de Sabella.

L'entreprise prévoit d'installer d'autres turbines dans les années à venir. Le potentiel du passage du Fromveur est estimé à 500 mégawatts, une puissance bien supérieure aux besoins de l'île. Une partie de l'électricité produite pourrait servir à alimenter les côtes françaises où elle représenterait une alternative aux sources d'énergie polluantes.

Vers une capacité de production de 100 gigawatts en Europe

Dans quelques décennies, les technologies auront fait de l'énergie des océans, une source principale d'électricité : les représentants de ce secteur comptent bâtir une capacité de production de 100 gigawatts en Europe d'ici 2050. "C'est suffisant pour fournir de l'électricité à 76 millions de foyers européens : ainsi, on estime que 10% de la consommation totale d'électricité sur le continent sera couverte par l'océan," fait remarquer notre reporter Denis Loctier.

De nombreux prototypes qui ont atteint la phase de démonstration sont actuellement en test au Centre européen des énergies marines dans le nord de l'Écosse.

Cette plateforme flottante est le fruit d'un projet financé par l'Union européenne et mené par une entreprise espagnole Magallanes Renovables.

Les hydroliennes sont placées sous sa coque pour rendre leur maintenance un peu plus simple, même sur place dans les eaux tumultueuses des îles Orcades. C'est ce que nous confirme Lisa MacKenzie, responsable communication au Centre EMEC.

"Les vagues sur place peuvent faire plus de 18 mètres et les courants de marée peuvent dépasser les 4 m/s : cela fait environ un demi-milliard de tonnes d'eau qui passe sur site par heure," souligne-t-elle.

"Donc nous avons des conditions très difficiles et l'idée, c'est que si ces technologies fonctionnent ici, alors ce sera le cas partout dans le monde," fait-elle remarquer.

400.000 emplois dans l'UE en 2050

Les entreprises européennes occupent les premières places mondiales dans le domaine de l'énergie des océans.

Ce marché dont la valeur devrait atteindre 53 milliards d'euros par an en 2050 devrait permettre de créer 400.000 emplois en Europe et de stimuler l'économie des régions côtières.

"Quand on regarde le nombre de brevets en la matière dans le monde, l'Europe s'en sort vraiment bien," constate Neil Kermode, directeur général du Centre EMEC. "Je crois que c'est parce que de nombreux pays s'appuient sur leurs points forts respectifs et ils voient tous comment profiter au maximum de cette technologie," dit-il.

La Commission européenne a investi plus de 300 millions d'euros au cours des dix dernières années dans des projets d'énergie marémotrice et houlomotrice.

Aujourd'hui, le secteur a besoin d'investisseurs nationaux et privés pour mettre ces technologies sur le marché.

"C'est un secteur important et l'Union européenne le sait," assure Neil Kermode. "Il faut beaucoup de temps pour développer ces technologies, mais aujourd'hui, on les voit apparaître dans les océans et elles commencent effectivement à fournir de l'énergie," précise-t-il avant de conclure : "On voit que le soutien est très fort et il faut le maintenir : on ne doit ni renoncer, ni hésiter à l'heure actuelle."

Partager cet article

À découvrir également

Maintenir la pêche et préserver la nature, c'est possible