Mike Horn et le fantasme du K2

L'explorateur aventurier Mike Horn en séance phto à Paris le 3 avril 2019
L'explorateur aventurier Mike Horn en séance phto à Paris le 3 avril 2019 Tous droits réservés JOEL SAGET
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Il s'aventure là où personne ne va, seul, à pied, en bateau. Mike Horn explore la planète à coups d'exploits, une façon de se sentir bien vivant. Sa dernière folie ? Réussir à gravir le K2, deuxième plus haut sommet du monde qui lui résiste encore.

"Parce que je suis toujours vivant, il faut essayer de retourner et finir ce K2, un rêve que j'ai depuis très longtemps", raconte à l'AFP Mike Horn, de passage à Paris pour une série de conférences jusqu'à lundi au Grand Rex avant sa tentative d'ascension du K2, 'la montagne sans pitié'.

Fin mai, l'aventurier âgé de 52 ans partira à l'assaut des 8.611 m - côté chinois il espère - les plus difficiles au monde techniquement et parmi les plus meurtriers, qu'il a déjà tentés en 2013 et 2015. Cette ascension lui servira de préparation pour achever cet été son tour du monde d'un pôle à l'autre, 'Pole2Pole'.

"J'ai une connexion avec cette montagne, c'est la plus belle montagne du monde. Quand tu dessines une montagne, tout le monde dessine le K2", explique Horn, qui trace sur la table un 'V' inversé comme il le faisait gamin.

"C'est une montagne qui te fait peur, quand tu la regardes tu ne peux avoir que du respect".

Horn, qui compte plusieurs 8000 m réussis comme le Broad Peak (8047 m) ou le Makalu (8463 m), gravira le K2 en tandem avec son ami Fred Roux, mais sans corde, sans oxygène, sans sherpa ni porteur.

"Une fois que tu arrives au sommet, tu n'as fait que la moitié du parcours en fait. La plus grande partie des grimpeurs meurent en descendant, malheureusement. On est tellement attiré, on a cette fièvre du sommet qui trouble notre cerveau. Et si tu n'as pas l'énergie pour descendre, personne ne peut t'aider à ce moment-là", relate l'Helvetico-sud africain.

Le sommet est ce qu'on appelle 'la zone de mort'. "La montagne n'est pas un espace vivable au delà de 7000 m d'altitude, il faut vraiment aller au plus vite. Là-haut, il n'y a que 5% d'oxygène, on peut rester vivant entre 22 et 24 heures. Le sommet c'est juste un point où tu fais demi-tour".

Horn a toujours en mémoire les conseils d'un des plus grands himalayistes, Jean Troillé, avec qui il a fait en 2007 son premier +8000+, le Gasherbrum I (8.068 m).

"Jean (Troillet) m'avait dit: il ne faut pas s'asseoir, ne pas s'endormir, tu arrives tu prends une photo et tu fous le camp ! J'ai gardé ça dans ma tête. Et je le vois, il s’assoit et il s'endort. Moi j'avais peur. C'était des sensations tellement bizarres, tu as un manque d'oxygène et prendre une décision est très long", se souvient-il.

"Je me suis dis: marche. Mais mon corps ne bougeait pas. Allez avance ! Et j'ai eu la sensation de marcher. Tu as cette sensation que tu n'es plus à l'intérieur de ton corps, tu voles autour de toi".

Sur la voie de la descente, Horn raconte qu'il a pensé avoir eu des hallucinations en voyant Troillé assis dans la neige devant lui alors qu'il se trouvait derrière lui avant de descendre.

"J'ai posé ma main sur son épaule: Jeannot ?? En fait c'était un autre type mort il y a un an, un Italien qui s'était perdu et décédé sur l'arête. Et là je me suis dit: 'Maintenant il faut avancer sinon je vais finir comme lui'".

Une histoire qui en aurait bloqué plus d'un. Mais pas Mike Horn, attiré par l'inconnu.

"Les gens pensent qu'on est des masochistes ou qu'on aime cette douleur, mais il y a cette sensation de plaisir quand on parle de l'inconnu. On recherche tous un peu la même chose dans la vie: être heureux. Quand je grimpe une montagne, je ne pense jamais à mourir. En fait, on voit la vie au travers de ce qu'on fait, tu fais presque une distance entre la vie et la mort. C'est sûr qu'on voit des gens morts mais on espère toujours que ce ne sera pas nous", confie Mike Horn.

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