Dans le "Petit Soudan" parisien, des exilés entre déception et méfiance

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Visages fermés, pas d'euphorie... Dans le "Little Sudan" de Paris, les espoirs d'un changement de régime après l'annonce jeudi de la chute d'Omar el-Bechir ont été douchés par le maintien de militaires dans un "conseil de transition".

Dans ce triangle de rues du 18e arrondissement de la capitale, les visages sont restés fermés après l'annonce par le ministre de la Défense soudanais de la destitution d'el-Bechir, au pouvoir depuis 30 ans, et la mise en place d'un "conseil militaire de transition" pour une durée de deux ans.

"Je suis content mais pas totalement parce que l'armée reste au pouvoir. Il faut plus de changement, on ne veut pas de militaires à la tête du pays", explique Mutassim Sid Ahmad, 47 ans.

"Je suis quand même fier du peuple soudanais, et surtout des femmes qui ont donné une puissance au mouvement, ils sont des millions dans la rue, mais il faut continuer", ajoute-t-il.

Avec son drapeau soudanais noué autour du cou et son demi-sourire, il est l'un des plus démonstratifs. Les rues de ce coin du nord de Paris sont étonnamment calmes. Rares sont ceux qui souhaitent commenter les événements.

Dans les bars et restaurants soudanais, on regarde en silence les scènes de liesse à Khartoum, la capitale du pays située à 4.600 kilomètres de là, qui défilent sur les chaînes d'information arabes.

Dans son épicerie, Ali Arbab, qui affichait dans la matinée un timide espoir de changement, fait grise mine. "C'est pareil. L'un remplace l'autre, rien ne change", soupire-t-il, désabusé: "C'est vraiment trop difficile de changer ce pays".

Un client entre, tout sourire. Il ravale rapidement sa joie. "Je suis Tchadien (pays voisin du Soudan, ndlr), je suis venu pour féliciter de la fin du régime mais là, c'est la douche froide", explique-t-il.

- "C'est les mêmes" -

"Hier, il (le ministre de la Défense, ndlr) était avec le président. C'est les mêmes", peste Salazare Adam, 34 ans.

"Il faut que tout le gouvernement démissionne et qu'ils laissent la place à un gouvernement civil. Là, on risque d'avoir un gouvernement militaire, comme en Egypte", explique ce traducteur arrivé en France il y a dix ans.

Mais "les gens vont rester dans la rue, ils ont pris conscience, ils ont internet, les réseaux sociaux, il y a des intellectuels", veut-il croire, espérant que son pays ne tombe pas dans "la guerre civile" ou un "bain de sang" de répression.

Dans la boutique de téléphonie voisine, Ahmad Weelingkwe confie une "profonde déception". "Mais je vous l'avais dit", lâche, fataliste, celui qui, quelques heures plus tôt, s'employait à calmer les ardeurs des plus enthousiastes avant l'annonce de la fin d'el-Bechir.

"Les gens attendaient quelque chose de nouveau. Ce qu'ils (le régime) ont fait, ce n'est pas du changement, ce n'est pas ce que les gens attendaient. Personne ne peut accepter ça", lâche ce militant de 53 ans du "United Sudan Liberation Movement" originaire du Darfour: "Qui croit à une transition dans deux ans ?"

Lui aussi place ses espoirs dans le peuple de Khartoum: "Les gens ne vont pas renoncer. Ils vont rester dans la rue, ils doivent rester dans la rue. Rien n'est impossible."

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