Attentats au Sri Lanka: les femmes musulmanes renoncent aux tenues islamiques

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Redoutant les représailles après les attentats jihadistes du dimanche de Pâques, de nombreuses femmes musulmanes conservatrices au Sri Lanka ont renoncé à porter en public voiles, foulards ou robes longues traditionnelles.

Les musulmans srilankais craignent d'être la cible de vengeances depuis ces attentats coordonnés contre trois églises et trois hôtels de luxe, revendiqués par le groupe Etat islamique (EI), qui ont coûté la vie à 253 personnes le 21 avril.

De nombreuses femmes ont déclaré qu'elles avaient cessé de porter le voile islamique et des tenues traditionnelles musulmanes, préférant adopter un profil bas.

Les autorités ont imputé la responsabilité du massacre à un groupe islamiste local affilié à l'EI.

A l'instar de pays européens comme la France, la Belgique ou le Danemark, où le port du voile intégral est prohibé sur la voie publique, le gouvernement srilankais a interdit lundi tout voile islamique dissimulant le visage.

"Personne ne devrait masquer son visage afin de compliquer son identification", a expliqué la présidence.

Les musulmans représentent 9,5% de la population du Sri Lanka, mosaïque ethnique et religieuse de 21 millions d'habitants où les cingalais bouddhistes constituent la majorité. Les hindous (12,5% de la population) arrivent en deuxième position, les chrétiens (7%) étant la quatrième composante religieuse du pays.

"J'ai cessé de porter l'abaya (longue robe traditionnelle) et le hijab au cours des derniers jours à cause des commentaires et des regards que je m'attirais", raconte une veuve qui ne souhaite pas être nommée.

"Je les porterai à nouveau lorsque la situation sera plus calme et les gens moins paranoïaques", ajoute-t-elle.

"Le hijab (voile qui recouvre la chevelure, mais laisse le visage à découvert) n'a pas été interdit, mais les gens me regardent avec suspicion lorsqu'ils me voient avec", explique-t-elle.

Mareena Thaha Reffai, prédicatrice musulmane et responsable d'une association de femmes, estime qu'il vaut mieux se conformer à l'interdiction plutôt que de prendre le risque de provoquer un conflit religieux.

- "Laissons les émotions retomber" -

"Ce n'est pas le moment de polémiquer à propos des droits. Deux cent cinquante personnes sont mortes, 500 ont été blessées", explique Mme Reffai. "Laissons les émotions retomber. Il faut en discuter (de l'interdiction du voile) tranquillement", souligne-t-elle.

Elle fait toutefois remarquer que l'interdiction n'a pas de justification rationnelle, aucun des auteurs des attentats-suicide n'ayant dissimulé son visage.

Le chef de l'Eglise catholique du Sri Lanka, le cardinal Malcolm Ranjith, refuse de prendre position sur l'interdiction du voile. Mais il ajoute qu'à sa connaissance, certains responsables musulmans la souhaitaient.

"Je ne sais pas ce qui est à la base et derrière cette stratégie... Mais les religieux musulmans eux-mêmes la voulaient", déclare-t-il à l'AFP.

Le responsable de la communauté bouddhiste, le moine Omalpe Sobitha, salue quant à lui l'interdiction. "Même les criminels peuvent utiliser ces tenues pour dissimuler leur identité, cette interdiction est donc une bonne mesure", estime-t-il.

La plupart des femmes musulmanes srilankaises pratiquent une forme libérale de l'islam et ne dissimulent pas leur visage en public. Le conseil des religieux musulmans du Sri Lanka avait déjà appelé les femmes, avant même l'interdiction promulguée par le gouvernement, à ne pas cacher leur visage.

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"Nous appelons fermement nos soeurs à être conscientes de la situation d'urgence critique qui prévaut actuellement dans notre pays", a déclaré l'association des oulémas du Sri Lanka.

Des mesures de sécurité strictes, accompagnées du déploiement de milliers de soldats, ont été imposées depuis les attentats du 21 avril.

Des musulmans estiment que la question de la tenue islamique détourne l'attention du problème principal - les défaillances en matière de renseignement qui ont empêché de déjouer les attentats.

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