Si l'Union européenne rassemble les Polonais, elle divise les politiciens. Haro sur le Polexit.
15 ans après en être devenu un Etat membre à part entière, la Pologne est plus que jamais en faveur de l'Union européenne. 91 % des Polonais approuveraient le fait que leur pays soit membre de l'union et 85 % d'entre eux seraient convaincus qu'appartenir à l'UE à un impact positif sur l'économie de leur pays.
Cet euro-enthousiasme ne surprend guère le militant de plateforme civique, Andrzej Bogusław Sonik, membre du parlement européen depuis la tenue des premières élections européennes en Pologne jusqu'en 2014, de retour depuis 2018 :
Le vent des changements apportés par la commission européenne a surtout été ressenti par les personnes âgées, celles qui se souviennent de la guerre froide et de la dépendance de la Pologne à l'Union soviétique.
Le Président polonais Andrezj Duda avait même proposé l'an dernier que l'appartenance de la Pologne à l'Union européenne soit inscrite dans la constitution après référendum. Et cette année, voici un extrait du discours qu'il a tenu à l'occasion des célébrations des 15 ans de l'adhésion de la Pologne à l'UE.
L'idée, depuis, ne semble plus prioritaire. Car si l'Union européenne connecte les citoyens lambda, elle divise les politiciens. Dans la campagne électorale, l'opposition accuse les gouvernants d'aller vers Polexit. Elle a déjà sans doute en tête les législatives de l'automne prochain :
"Compatriotes ! Un choix important s'offre à nous : une Pologne forte, riche et démocratique dans une Europe forte, ou ce qui existe aujourd'hui : un Etat parti en route vers la sortie de l'Union européenne", expliquait en meeting le leader de la coalition européenne Grzegorz Schetyna.
"J'en appelle à toutes les forces politiques : discutons, parce que c'est l'essence même de la démocratie, mais ne sapons pas notre position en Europe", explique le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki dans un spot télévisé.
Les sondages préélectoraux indiquent que la majorité des sièges sera remporté par le parti au pouvoir Droit et Justice.
Et notre reporter en Pologne, Leszek Kabłak, de conclure : "L'ampleur du soutien à l'Union européenne signifie que ce que l'on appelle le Polexit n'est qu'une fiction. Cette idée serait un suicide politique pour n'importe quel parti en Pologne."