L'ours des Pyrénées pourra être dorénavant effrayé

Une ourse femelle lors de son introduction dans département français des Pyrénées Atlantiquesle - 5 octobre 2018
Une ourse femelle lors de son introduction dans département français des Pyrénées Atlantiquesle - 5 octobre 2018 Tous droits réservés Office national de la chasse et de la faune sauvage (l’ONCFS) / AFP
Tous droits réservés Office national de la chasse et de la faune sauvage (l’ONCFS) / AFP
Par Vincent Coste avec AFP
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Alors que la "doctrine" en vigueur interdisait jusqu'alors de "perturber intentionnellement" les ours bruns des Pyrénées, le gouvernement français a autorisé, sous conditions, des mesures dites d'effarouchement afin de faire fuir les plantigrades le cas échéant.

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La quiétude, pour certains, ou l'impunité, pour d'autres, dont jouissait l'ours des Pyrénées va-t-elle prendre fin ? En France, les autorités ont en effet décidé de mettre en place des mesures pour "effrayer" le plantigrade lorsque le besoin se ferra sentir. 

Ces mesures dites "d'effarouchement" des ours brun des Pyrénées, destinées à protéger les troupeaux de leur prédation, sont désormais possibles. Leur cadre a été défini par un arrêté publié ce samedi au Journal Officiel.

Annoncées au mois d'avril par le ministère de l'Agriculture, ces mesures pourront être mises en oeuvre par tout éleveur, groupement pastoral ou gestionnaire d'estive (soit la période ou la zone de pâturages) ayant obtenu au préalable une autorisation préfectorale. 

Des méthodes d'effarouchement graduelles

La première méthode "simple", emploie des moyens d'effarouchement sonores (cloches, sifflets, corne de brume, pétards, etc), olfactifs et lumineux (torches, phares, signaux lumineux de toute nature).

Elle doit être justifiée par la survenance d'au moins une attaque sur l'estive au cours de l'année précédant la demande ou d'au moins quatre attaques cumulées sur l'estive au cours des deux années précédant la demande, est-il détaillé dans l'arrêté.

La seconde méthode "renforcée" permet le recours à des tirs non mortels de "toute arme à feu chargée de cartouches en caoutchouc" ou à double détonation.

Elle peut être demandée soit dès la deuxième attaque intervenue en moins d'un mois malgré la mise en oeuvre de moyens d'effarouchement simple pendant cette période; soit -dans le cas d'estive ayant subi au moins quatre attaques cumulées sur les deux années précédentes- dès la première attaque attribuable à un ours survenue malgré le déploiement de stratégies d'effarouchements simples lors de la période de pâturage en cours.

Cette méthode ne peut être réalisée que par un berger ou un éleveur titulaire du permis de chasse, des chasseurs, des agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage formés au préalable ou des lieutenants de louveterie.

Quelle que soit la méthode d'effarouchement pratiquée, elle fera l'objet d'un compte-rendu détaillé au préfet. Si celle-ci devait être réalisée dans le parc national des Pyrénées, elle serait soumise à l'autorisation du directeur du parc.

Appliquées à titre expérimental, ces mesures seront évaluées par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage.

La publication de cet arrêté survient deux jours après la mort de plus de 250 brebis dans un massif de l'Ariège, tombées d'une crête en raison de la présence d'un ours. L'accident a ravivé les tensions entre les partisans d'un retrait graduel d'ours dans la zone et ceux plaidant pour un renforcement de la protection des troupeaux. Le 12 juin dernier, [un randonneur avait été poursuivi par une ourse dans le département de l'Ariège](Un randonneur poursuivi par une ourse en Ariège : «J'ai cru que c'était la fin»), suscitant également un certain émoi. 

La population d'ours dans le massif pyrénéen a été estimée en 2018 par l'office français de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) à une quarantaine de spécimens. 

Avant même l'entrée en vigueur officielle des mesures d'effarouchement, des associations de défense des ours avaient lancé une pétition pour interdire de tels pratiques.

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