Combien de femmes ont remporté le prix World Press Photo of the Year ?

Portrait de Bibi Aisha - Prix World Press Photo of the Year 2010
Portrait de Bibi Aisha - Prix World Press Photo of the Year 2010 Tous droits réservés Copyright : Jodi Bieber
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Par Euronews
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Jodi Bieber est l'une des rares femmes à avoir remporté le prix World Press Photo of the Year. Elle nous raconte l'histoire de ce portrait publié en 2010.

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Jodi Bieber, née à Johannesburg en Afrique du Sud, a remporté en 2010 le prix de photographie de presse le plus prestigieux du monde, le World Press Photo of the Year.

Elle est l'une des quatre femmes à avoir remporté ce prix, créé en 1955, grâce à un portrait saisissant de Bibi Aisha, une jeune femme afghane mutilée par son mari après avoir tenté de fuir sa maison.

Copyright Jodi Bieber
Portrait de Bibi Aisha - Prix World Press Photo of the Year 2010Copyright Jodi Bieber

Françoise Demulder (France) en 1977, Dayna Smith (États-Unis) en 1999 et Lara Jo Regan (États-Unis) en 2001 sont les seules autres femmes à avoir franchi cette étape importante de leur carrière.

"Sérieusement ? C'est incroyable !" a déclaré Jodi Bieber lors d'une interview avec Euronews. 

L'obtention de ce prix a été l'un des points forts de sa carrière, non seulement pour ce qu'il représente, mais aussi pour le travail accompli. La photographe a voyagé dans une vingtaine de pays pour raconter l'histoire du portrait de Bibi Aisha, et parler de ses autres projets.

«Pendant un an, j'ai posé mon appareil photo et tout était axé sur la communication à propos de mon travail», a déclaré Bieber, ajoutant que cela lui a apporté «un grand enrichissement personnel».

Le photojournalisme, un monde dominé par les hommes

Cependant, peu de femmes photographes ont eu la même opportunité. Elle reconnaît que l'industrie du photojournalisme est un monde "plutôt conservateur" dominé par les hommes. "C'est une industrie qui existe depuis plusieurs décennies, différente de la photographie artistique, qui est un monde plus moderne", a-t-elle déclaré.

De nombreuses femmes devaient faire des "concessions et des sacrifices" dans ce métier nous explique la photographe, indiquant que sa profession, économiquement difficile, avait des conséquences sur leurs familles. Beaucoup ont dû quitter le métier.

La situation a toutefois évolué, indique-t-elle, précisant que de plus en plus de femmes essayaient de concilier les voyages nécessaires à leur travail avec leur vie privée.

Selon elle, le faible nombre de lauréate du prix World Press Photo of the Year ne vient pas de l'absence de femmes dans le métier, mais de l'abondance d'hommes participant à des concours, des récompenses et des festivals.

L'histoire derrière le portrait de Bibi Aisha

Bieber ne s'attendait pas à remporter le prix convoité avec cette photo. "Je ne pensais pas qu'il allait être sélectionné. Les portraits n'étaient pas autant choisis à l'époque et encore moins ceux de ce type", a-t-elle déclaré à Euronews.

Le photographie a été publiée dans le magazine TIME, dans le cadre d'une série de portraits de femmes afghanes pour son édition d'août 2010.

"En 2009, Bibi Aisha, une jeune fille de 18 ans de la province d'Orozgân, dans le sud de l'Afghanistan, a fui la maison de son mari, où elle a été battue et maltraitée. Elle a été livrée à son mari à l'âge de 12 ans en guise de réparation d'un différend " explique Jodi Bieber.

Ayant enduré six années de tourments et d'abus, la jeune femme s'est échappée dans le seul lieu qu'elle pouvait atteindre, la maison de sa famille. Les membres du tribunal tribal sont arrivés une nuit et ont demandé à ce que la fille soit livrée. Ils l'ont emmenée dans une clairière sur une montagne où le commandant local a rendu son verdict.

Elle a ensuite été retenue par son beau-frère pendant que son mari lui coupait d'abord les oreilles, puis le nez. Aisha s'évanouit de douleur mais se réveilla bientôt recouverte de son propre sang.

Avec l'aide de l'armée américaine, des travailleurs humanitaires l'ont emmenée dans un refuge pour femmes à Kaboul, dirigé par une organisation afro-américaine, Women for Afghan Women (WAW), où elle est restée jusqu'en août 2010.

La photographe savait que la jeune femme souffrait de stress post-traumatique et ne voulait pas la forcer à expliquer son histoire. "Au cours de la séance, j'ai abaissé mon appareil photo et dit à Aisha que je ne pouvais pas imaginer à quel point elle avait été traitée si brutalement", a-t-elle déclaré.

"Je lui ai demandé si nous pouvions travailler ensemble pour montrer sa force intérieure, sa beauté intérieure, son pouvoir. Elle a regardé la caméra et c'est à ce moment-là que j'ai pris cette photo", a expliqué Bieber. 

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Le visage d'Aisha a été reconstruit et elle vit désormais aux États-Unis.

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