A l'intérieur du camp Al Hawl, à la rencontre des familles de Daesh

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Par Anelise Borges
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Ce qui se passe dans ces camps peut aider à déterminer si la guerre contre le groupe terroriste Etat islamique a réellement été gagnée.

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Raqqa, en Syrie, le 10 août 2017....

Lorsque les forces démocratiques syriennes sont entrées dans Raqqa il y a deux ans, soutenues par les frappes aériennes de la coalition internationale, elles voulaient éliminer l'État islamique.

Trois mois de guerre ont dévasté la ville et ont sonné la fin du califat autoproclamé de Daesh, mais ce n'était que le début d'un long processus pour vaincre l'idéologie du groupe terroriste.

"Les rues de Raqqa rappellent à quel point la guerre contre Daesh a été brutale. Des bâtiments entiers ont été rasés et des milliers de personnes seraient mortes ici. Certaines parties de l'ancienne capitale de l'Etat islamique ne sont aujourd'hui que tas de ruines, mais des cellules dormantes du groupe terroriste sont encore actives dans la région. La question est donc de savoir ce qu'il reste de l'Etat islamique" se demande Anelise Borges, envoyée à Raqqa.

Après la chute du dernier bastion du groupe en Syrie, des combattants présumés de Daesh ont été emprisonnés. Leurs familles ont été placées dans ce qui équivaut à des camps d'internement dans le nord-est du pays.

Al Hawl est le plus grand d'entre eux. Il compte aujourd'hui près de 75 000 habitants. Parmi eux des femmes et des enfants de plus d'une cinquantaine de pays. Qui, selon les autorités du camp, continuent à vivre d'après les règles du califat.

Mohamed Bashir, directeur du camp d'Al Hawl :

"Bien sûr qu'ils sont dangereux. Ils ont beaucoup de problèmes. Et il y a eu des cas dans le camp qui prouvent qu'ils sont toujours perdus."

Les responsables du camp évoquent l'incendie des tentes comme une forme de punition infligée à ceux qui sont perçus comme ne respectant pas les lois de l'islam radical.

Et il y a plus.

"Il n'y a pas si longtemps, un étranger a demandé à nos soldats d'emmener une des femmes au marché pour acheter quelque chose pour ses enfants. Nous avons envoyé les gardes avec eux, et quand l'étranger lui a tourné le dos, elle l'a poignardé avec un couteau."

En juillet, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrait un drapeau noir de Daesh hissé dans un camp.... Très près de l'endroit où nous sommes autorisés à entrer. Pour essayer de les comprendre, nous avons demandé à rencontrer les femmes d'Al Hawl.

Dans ce qu'on appelle l'annexe, la section où les étrangers sont gardés, la grande majorité n'a pas accepté d'être filmés. Mais hors caméra, ils ont reconnu que certains d'entre eux s'accrochaient encore aux idées de Daesh, d'autres, cependant, ont dit qu'ils cherchaient un moyen de sortir."

"M" est française et voudrait quitter ce camp. Elle a accepté de nous donner une interview, mais nous a demandé de ne pas révéler son identité par crainte de ce qui pourrait arriver si elle est autorisée à retourner dans son pays d'origine.

"M" essaie de s'expliquer, mais sait qu'il sera difficile pour les gens de comprendre ses choix.

"Je sais que j'ai choisi de venir. J'aurais pu partir avant, mais j'avais peur. Je ne voulais pas aller en prison, je ne voulais pas perdre mon enfant, je ne voulais pas perdre mon mari. Et puis on ne sait pas quoi faire. Une fois que nous entrons dans l'Etat islamique, nous ne sommes plus libres de faire ce que nous voulons. Tout le monde soupçonne tout le monde. Donc quelqu'un qui arrive et après dit je veux partir, ça se passe pas comme ça."

De nombreux pays sont encore aux prises avec la question de savoir comment séparer les délinquants des victimes. L'avenir de "M" est incertain.

Alors que la plus grande partie de l'Europe tourne le dos aux ressortissants nationaux qui ont rejoint Daesh, estimant qu'ils ont fait de même lorsqu'ils ont choisi de se ranger du côté du groupe terroriste, les analystes de la sécurité et les experts du terrorisme se demandent si cela pourrait alimenter la haine et l'idéologie que l'Occident a essayé de supprimer.

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Ce qui se passe dans ces camps peut aider à déterminer si la guerre contre le groupe terroriste Etat islamique a réellement été gagnée conclut Anelise borges, envoyée dans le nord-est de la Syrie pour Euronews.

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