Le témoignage de Lisa Boussinot, sa mère est l'une des victimes présumées du Mediator

Le témoignage de Lisa Boussinot, sa mère est l'une des victimes présumées du Mediator
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Par Sandrine DelormeAntoine Bouthier avec AFP, Reuters
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"Ce médicament n’en était pas un, c’est simplement un poison. Un poison dont les laboratoires Servier, les experts de l’AFSAPS connaissaient la nocivité, qu’ils ont laissé sur le marché pendant 33 ans. C’est inadmissible de se dire que ça fonctionne comme ça en France."

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Lisa Boussinot est la fille d'une des victimes du Médiator, elle attend beaucoup du procès exceptionnel qui s'ouvre à Paris. Onze personnes morales et douze personnes physiques du groupe pharmaceutique Servier et de l'Agence nationale de sécurité du médicament vont être jugés, soupçonnés à des degrés divers dans ce scandale sanitaire. 

Lisa Boussinot raconte comment sa mère est morte :

"Son coeur, c’est comme s'il avait explosé puisque le cordage de ses valves cardiaques a lâché, elle a eu un œdème aigu du poumon, et en 15 minutes, c’est 'je peux plus respirer, j’ai de la mousse blanche et rose qui sort de mon nez et je décède en 15 minutes'. Y’a les pompiers qui arrivent, qui essaient de ranimer pendant trois quarts d’heure, mais c’était déjà fini pour elle."

"Ce médicament n’en était pas un, c’est simplement un poison. Un poison dont les laboratoires Servier, les experts de l’AFSAPS savaient la nocivité, qu’ils ont laissé sur le marché pendant 33 ans. C’est inadmissible de se dire que ça fonctionne comme ça en France."

Les audiences de ce procès pourraient durer six mois car l'affaire est complexe et nombreuses sont les victimes et les familles de victimes qui vont témoigner, même si une partie d'entre elles ont été indemnisées par les laboratoires Servier. Charles Joseph-Oudin, l'un des avocats qui représentent 250 plaignants explique le pourquoi du procès, neuf ans après les premières révélations :

"Le laboratoire a délibérément menti et caché les propriétés dangereuses du Médiator, c’est la raison de ce procès mais la raison de ce procès aussi, c’est de montrer qu’à côté des laboratoires, il y a les autorités de santé qui elles aussi, voient leur responsabilité engagée pour ne pas avoir suffisamment tôt, réussi à imposer au laboratoire la suspension puis le retrait du Médiator et d’avoir pendant dix années, tardé à mettre de côté le Médiator."

Soit en 2009... A titre de comparaison, le Mediator avait été retiré de la vente en Espagne et en Italie en 2003.

Le Mediator était prescrit aux diabétiques en surpoids et plus largement comme coupe-faim. Compte tenu des graves lésions cardiaques qu'il a pu engendrer, il pourrait être responsable à terme de 2 100 décès, selon une expertise judiciaire.

Au grand dam des victimes qui auraient "souhaité qu'il s'explique à la barre". Jacques Servier, l'ancien président du groupe pharmaceutique, est décédé en 2014.

Et il a été remplacé par Olivier Laureau, qui a déclaré cette semaine que l'instruction avait été "menée à charge" et que son entreprise n'avait "pas été entendue".

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