L'Équateur a décrété l'état d'urgence dans tout le pays, paralysé par des grèves et des blocages contre l'augmentation du prix du carburant.
Le président de l'Équateur, Lenin Moreno, a décrété jeudi l'état d'urgence dans tout le pays, paralysé par des grèves et des blocages contre une hausse du prix du carburant de plus de 100%, qui ont fait une trentaine de blessés.
Depuis l'entrée en vigueur des nouveaux tarif du carburant ce jeudi, le gouvernement est la cible de la colère de la rue. Le secteur des transports s'est mis en grève dans plusieurs régions du pays, et le mouvement va se poursuivre. "Nous avons décidé de continuer" la grève jusqu'à nouvel ordre, a déclaré Carlos Brunis, le dirigeant des chauffeurs de taxi de Quito, où aucun taxi et autobus n'a circulé jeudi.
Affrontements entre manifestants et policiers
En réaction à l'instauration de l'état d'urgence, des manifestants se sont violemment affrontés avec les forces de l'ordre près du siège du gouvernement, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les protestataires ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur la police qui a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogène. Le ministre de la défense dénombrait 277 interpellations et 21 personnes blessées dans la nuit de jeudi à vendredi.
Hausse de 100% des prix
Le démantèlement de subventions pour le diesel et l'essence dans le cadre d'un accord conclu en mars avec le Fonds monétaire international (FMI) a conduit à une augmentation des droits de douane pouvant atteindre 123%. Cet accord prévoit un soutien financier de 4,2 milliards de dollars en échange d'un programme de réformes économiques sur trois ans.
Jeudi, les nouveaux tarifs du carburant sont entrés en vigueur : le prix d'un "galon américain" (3,7 litres) de diesel est ainsi passé de 1,03 à 2,30 dollars, et celui d'essence de 1,85 à 2,40 dollars.
Le président Moreno, au pouvoir depuis mai 2017, a mis en garde les manifestants, affirmant qu'il ne permettrait pas qu'ils "imposent le chaos". "Cette époque est révolue", a-t-il ajouté. Dans le passé, des hausses des prix de carburant ont déclenché des grèves qui ont entraîné le renversement de trois présidents entre 1996 et 2007.
L'Équateur est confronté à des difficultés financières qui ont conduit le gouvernement à recourir davantage à l'endettement extérieur. En juillet, la dette publique était estimée à 36% du PIB, soit 39 milliards de dollars, selon la Banque centrale d'Equateur (BCE).
Face au déficit budgétaire, le gouvernement a émis à plusieurs reprises des titres souverains qui ont dépassé les 10 milliards de dollars. En février, Quito a également obtenu des crédits pour 10 milliards de dollars d'organismes multilatéraux, avec une échéance de remboursement à trois ans