Est de l'Ukraine : l'accès aux soins est mis à mal par le conflit

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Par Monica Pinna
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Une pénurie de médecins, un accès limité aux médicaments et des centres de soins endommagés. Le secteur de la santé fait partie des victimes du conflit dans l'est de l'Ukraine. Sur place, une ONG espagnole apporte son aide avec le soutien de l'UE.

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En octobre dernier, les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes ont commencé à se retirer de la ligne de contact dans l'est de l'Ukraine. Le conflit dans les régions de Louhansk et de Donetsk dans le Donbas a fait près de 13.000 morts depuis avril 2014. Des combats qui fragilisent l'accès aux soins : 1,3 million de personnes le long de la ligne de contact ont besoin d'une assistance médicale vitale.

De nombreuses personnes âgées

Pour mieux comprendre la situation des habitants sur place, nous nous rendons au village de Zolote-3 qui semble désert. La plupart des résidents ont fui le conflit.

Parmi ceux qui sont encore sur place, beaucoup sont des personnes âgées. Le long de la ligne de contact éloignée de ce village de seulement deux kilomètres, 30% des résidents ont plus de 60 ans. Il n'y a aucun autre terrain d'aide d'humanitaire dans le monde où cette tranche d'âge est autant représentée.

La majorité de ces habitants âgés souffre de maladies chroniques et le système de santé local a du mal à faire face. Nous visitons le centre de soins local où travaille Olha Poliakova. "À Zolote, nous avons 1629 patients enregistrés," indique l'infirmière. "Chaque vendredi, le médecin vient ici, elle examine les patients, rédige les ordonnances et réalise de petites interventions," dit-elle avant d'ajouter : "Le nombre de cas de diabète a augmenté tout comme les cas d'hypertension et de maladies cardiaques, mais c'est surtout le diabète qui est de plus en plus fréquent."

Manque de personnel soignant

On estime que 1500 soignants ont quitté la zone à proximité de la ligne de contact. Seules trois infirmières gèrent le centre de soins de Zolote. À cause du conflit, leur salaire a été réduit alors qu'elles effectuent plus de travail, notamment à domicile.

"Avant le début de la guerre, on avait un médecin généraliste, un dentiste, un gynécologue et un pédiatre," précise Alla Chemetieva, une habitante du village venue consulter au centre. "Quand la guerre a commencé, les gens ont quitté leur emploi sans même attendre de toucher leur dernier salaire parce qu'ils avaient peur," fait-elle remarquer.

Une ONG espagnole en renfort

La branche espagnole de l'ONG Médecins du Monde, financée par le service de l'Union européenne à l'aide humanitaire, travaille dans cette région de Louhansk depuis 2015. Elle comble les manques dans les ressources locales grâce à ses deux unités de soins mobiles. Nous rejoignons l'une d'elles alors qu'elle se rend à Zolote-3.

"Dans notre équipe, nous avons une psychologue, une sage-femme, un médecin et une infirmière," explique Diana Serhiienko, médecin pour Médicos del Mundo. "Chaque jour, on va dans un endroit différent, on en a neuf à visiter et on se rend dans chacun, deux ou trois fois par mois," déclare-t-elle.

Dans le centre de Zolote-3, l'équipe de Médicos del mundo était attendue par plus de 40 patients ce jour-là. Elle les a examinés et écoutés et leur a fourni des médicaments. "Nous délivrons des soins de base, nous orientons vers des spécialistes et nous fournissons des médicaments gratuitement," indique Olena Konopkina de Médicos del Mundo.

"Il y a vraiment de nombreux besoins qui sont très urgents chez ces patients : par exemple, le manque de transports publics pour se rendre dans les établissements de soins n'est pas réglé, il est toujours d'actualité, le manque de personnels soignants aussi," déplore-t-elle.

Sentiment d'abandon

Nous rencontrons l'une des patientes : Halyna, une veuve de 81 ans qui vit sur sa retraite de cent euros par mois. Elle se rend au centre de soins pour recevoir un soutien psychologique et des médicaments pour son diabète. Elle nous explique sa difficulté à avoir accès à des soins de spécialistes en raison du coût et de la distance. Pour elle, les autorités sont responsables.

"Ici, c'était le centre de la région et aujourd'hui, nous sommes sur la ligne de contact, les autorités nous ont abandonnés," estime-t-elle. "Personne n'entretient les immeubles et les maisons aux alentours, on est tout seuls," dénonce-t-elle.

Aide européenne de part et d'autre de la ligne de contact

L'aide de l'Union européenne est d'un montant stable depuis le début du conflit. Ses représentants nous disent qu'elle est délivrée de manière égale, de chaque côté de la ligne de contact, même si les besoins sont plus difficiles à évaluer dans les zones non contrôlées par le gouvernement.

"En cas d'évolutions sur le terrain, nous sommes prêts à revoir nos priorités et à fournir de l'aide quel que soit le lieu où c'est nécessaire tant que nos partenaires nous donnent accès aux populations bénéficiaires," affirme Srdan Stojanovic du service de la Commission européenne à l'aide humanitaire. "Qu'un accord de paix soit signé rapidement ou non, il y aura toujours un besoin humanitaire pour encore un an ou deux," juge-t-il.

L'aide internationale dédiée au secteur de la santé dans l'est de l'Ukraine couvrait 98% des besoins en 2014. Ce n'était plus que 38% en 2018.

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