Le régime chinois, humilié par les critiques intérieures et extérieures sur sa gestion de l'épidémie de Covid-19, ne pouvait pas rester les bras croisés. Il commence à faire payer les responsables politiques de Wuhan et de sa province qui ont été sèchement limogés.
Le régime chinois ne reconnaît ses erreurs que du bout des lèvres, et quand il ne peut vraiment plus faire autrement aux yeux de la communauté internationale. Et il trouve toujours des boucs émissaires... Sa médiocre gestion de la crise sanitaire provoquée par l'extension de l'épidémie de coronavirus Covid-19, critiquée ouvertement et sans trop de crainte par une partie de la population chinoise, tourne à l'humiliation. Alors, les têtes commencent à tomber.
Les dirigeants de Wuhan et du Hubei ont payé
Les plus hauts responsables du Parti communiste dans la province du Hubei et sa capitale, Wuhan, qui sont débordées par les cas de contamination et les décès - 3 862 cas au niveau provincial ce 14 février, et 1 315 morts -, viennent d'être limogés par le pouvoir central. L'agence de presse officielle Xinhua (Chine nouvelle) publie leurs noms : Jiang Chaoliang, qui tenait les rênes du PC pour le Hubei, a perdu son fauteuil, aussitôt remplacé par Ying Yong, qui n'est autre que l'actuel maire de Shanghai.
Quant au secrétaire du parti qui dirigeait la métropole de Wuhan, il ne se faisait aucune illusion, s'étant lui-même flagellé en direct et à une heure de forte audience à la télévision publique fin janvier, ce qui arrive rarement dans le pays. Ma Guoqiang n'était qu'en sursis, la sentence a finalement été rendue le 12 février, il est démis de ses fonctions. Lors de son mea culpa, il avait carrément parlé de son "sentiment de culpabilité" pour n'avoir pas réagi assez vite lorsque les premiers cas de contamination par le Covid-19 avaient été détectés à Wuhan.
Ma Guoqiang avait expliqué :
La mort du docteur Li Wenliang a fait déborder le vase
Le "grand ménage" avait commencé dès le début de la semaine aux étages supérieurs, les deux principaux chefs de la Commission des provinces au ministère de la Santé avaient été mis au placard. La colère du peuple devenait en effet trop vive après l'annonce vendredi dernier 7 février de la mort de Li Wenliang (en photo ci-dessus), ce jeune médecin considéré comme un "martyr" pour avoir soigné des malades dès les premières heures, et surtout avoir été censuré et réprimé alors qu'il avait sonné l'alarme.
L'histoire a moins fuité mais d'autres donneurs d'alerte chinois ont également révélé que les autorités de Wuhan - qui ont été obligées de le reconnaître - avaient organisé dans la ville un banquet géant auquel pas moins de 40 000 personnes étaient invitées, et cela quelques jours après la totale fermeture au monde de la cité contaminée. C'est ce qu'on peut appeler de l'inconscience collective.
Le président Xi Jinping est le premier offensé et agacé par ces cafouillages à répétition. Il a tenté de reprendre la main en se faisant filmer sur le terrain, en train de discuter avec quelques-uns de ses compatriotes. Mercredi, il a voulu rassurer, disant voir "une évolution positive" de la situation... mais dès jeudi, il a été contredit par les chiffres : le bilan des morts a fait un nouveau bond, grimpant à 1367 victimes.