Un salon, des revendications et Emmanuel Macron

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Tous droits réservés POOL/AFPChristophe PETIT TESSON
Par Euronews
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Au milieu des vaches, parisiennes d'une semaine, Emmanuel Macron a inauguré samedi à Paris le 57e Salon international de l'Agriculture, bousculé par des controverses environnementales et l'échec vendredi soir de négociations européennes cruciales pour les agriculteurs.

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"On attend des messages forts": à peine arrivé au Salon International de l'Agriculture, vers 8h15, le président français a été abordé par des représentants de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, et des Jeunes Agriculteurs. "Nous attendons de vivre du prix de nos produits. On ne cesse d'être stigmatisés", lui a lancé un agriculteur, un autre évoquant "la colère du monde agricole".

Il a été interpellé lors de sa déambulation sur pratiquement tous les sujets brûlants du moment, notamment pour le monde agricole : retraites, Politique agricole commune (Pac), pesticides, "gilets jaunes", accords commerciaux internationaux, "agribashing"...

"Rien ne doit justifier des actions contre nos paysans, rien. Et je serai intraitable sur le sujet", a assuré Emmanuel Macron.

Un agriculteur l'a remercié de n'avoir "rien lâché hier soir": le chef de l'État est revenu vendredi de Bruxelles, où se négociait le budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027, sans accord sur le maintien de l'enveloppe de la Pac - l'agriculture française touche neuf milliards d'aides européennes par an - dont il a fait sa priorité, car les 27 pays de l'Union n'ont pas pu s'entendre.

"La Pac ne peut pas être la variable d'ajustement du Brexit", a martelé devant les agriculteurs le président, applaudi plus tard en arrivant sur le stand de la Commission européenne.

"Vous devriez mieux vous organiser entre vous"

Il était accompagné du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume pour l'ouverture de ce Salon qui se tient jusqu'au 1er mars. Le chef de l'État a fait un passage obligé auprès de l'égérie charolaise, la vache Idéale, arrivée la veille du Rhône avec son éleveur.

Privés de débouchés rémunérateurs et dépendants d'un acteur tout-puissant, le groupe d'abattoirs Bigard, les éleveurs bovins tentent actuellement de développer leurs exportations, aidés par l'Élysée qui les a soutenus lors du dernier voyage d'Emmanuel Macron en Chine. "Vous êtes dans la main de Bigard (...), vous devez mieux vous organiser entre vous", a lancé le président à des éleveurs.

Le président s'est entretenu avec des céréaliers et devait rencontrer aussi des viticulteurs, touchés par des sanctions douanières punitives américaines et qui réclament un fonds de compensation de 300 millions d'euros pour couvrir le manque à gagner sur leurs exportations aux Etats-Unis, leur premier client, ou encore les pêcheurs que le Brexit risque de priver d'une large part de leur gagne-pain.

Sujet d'actualité brûlant pour les agriculteurs, le président a été interpellé sur les zones de non-traitement (ZNT) aux pesticides près des habitations, effectives depuis le 1er janvier et contestées par nombre d'agriculteurs qui craignent une perte de revenus.

Interpellé aussi sur les retraites des agriculteurs, il a jugé "impossible" de revaloriser les pensions actuelles à 85% du salaire minimum, une mesure prévue dans le futur système mais qui coûterait trop cher à appliquer aux agriculteurs déjà à la retraite: il s'agirait de 1,1 milliard d'euros, selon lui, si l'on inclut les pensions des retraités actuels et de leurs conjoints.

**Les gilets jaunes s'invitent à **l’événement

Emmanuel Macron a promis samedi de recevoir à l'Élysée un groupe de "gilets jaunes", ce qui serait une première, lors d'un vif échange avec une femme l'interpellant sur les retraites, le Référendum d'initiative citoyenne (Ric) et les violences policières, et qui affirmait avoir participé aux 67 samedis de mobilisation des "gilets jaunes" depuis novembre 2018.

"Vous me structurez un groupe et je vous reçois sans problème, moi je suis pour le dialogue. On se prend une heure et on discute", lui a dit le chef de l'État.

Quelques instants plus tard, Eric Drouet, figure historique des "gilets jaunes", vêtu de noir, a été expulsé par des policiers du Salon, sans avoir réussi à approcher le président.

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