Après le coronavirus, les entreprises vont-elles vraiment prendre la voie de la relocalisation ?

Guillaume Petit
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Par Guillaume Petit
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La dépendance de secteurs de l’industrie française et plus largement européenne vis-à-vis de la Chine et de l’Asie du sud-est a été particulièrement visible avec la crise du coronavirus.

C’est le mot qui revient avec insistance depuis plusieurs semaines : relocalisation. La dépendance de pans entiers de l’industrie française et, plus largement, de l'industrie des pays européens, vis-à-vis de la Chine et de l’Asie du sud-est a été mise en évidence de manière criante avec la crise du coronavirus. Mais les entreprises ont-elles intérêt à relocaliser à long terme ? Est-ce une utopie de penser que la crise sanitaire va tout changer ? Décryptage en graphiques et avec notre invitée : Sarah Guillou, économiste à l'OFCE.

Dans quels secteurs la dépendance vis-à-vis de la Chine est-elle la plus forte ?

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Un chiffre clé : 12,7%. C'est la part que représente les marchandises exportées par la Chine dans l’ensemble des exportations de marchandises dans le monde, selon des données de l'Organisation mondiale du commerce. Et les biens manufacturés représentent 93% de ces marchandises exportées par la Chine.

Une dépendance de l’industrie européenne rendue particulièrement visible par la crise sanitaire dans plusieurs domaines : le matériel de protection médical et le textile, avec les masques, dans les secteurs des industries chimique et pharmaceutique (plus de la moitié des principes actifs des médicaments sont fabriqués en dehors de l'UE, principalement en Inde et en Chine), dans le secteur des composants électroniques, informatiques et de bureau, et de manière plus ou moins marquée selon les pays, dans le secteur de l'automobile (l'Allemagne est particulièrement touchée).

La relocalisation est-elle en marche ?

En Europe, la relocalisation est un enjeu économique, industriel, et politique depuis de nombreuses années. Entre 2015 et 2018, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail a recensé 253 cas de relocalisations. Les pays les plus représentés sont (dans l'ordre) le Royaume-Uni, l'Italie, la France, le Danemark et la Norvège. L'Allemagne n'arrive qu'en 6ème position.

Le principal pays où se trouvaient ces sites est la Chine à 76%. Parmi les raisons qui ont poussé ces entreprises à relocaliser, entre autres : la volonté de réduire les délais de livraison et d'améliorer la qualité des produits.

En France, la Direction Générale des Entreprises (DGE) n’avait recensé entre 2014 et 2018 que 98 cas de relocalisations sur le territoire national, majoritairement dans la métallurgie, les industries agro-alimentaires, la fabrication de produits électroniques et optiques, puis dans les secteurs du textile, de l’habillement et enfin seulement dans la fabrication de machines et d’équipements. 

Les entreprises ont-elles intérêt à relocaliser ?

Les entreprises seront-elles plus nombreuses à relocaliser à l'issue de la crise du coronavirus dans des secteurs stratégiques ? Si en période d'urgence sanitaire, l'intérêt est évident, les entreprises suivront-elles pour autant, en pleine crise, alors que les ventes sont en chute libre, et au risque de perdre certains avantages concurrentiels ? Rien n'est moins sûr.

"Si le coût du travail a été le motif majeur de la délocalisation, il n'y aura pas d'équivalent en Europe en matière de coût du travail", analyse Sarah Guillou, économiste à l'OFCE. Mais ce dernier n'est pas le seul motif de la délocalisation. "La question est de savoir si ce que l'entreprise est allée chercher ailleurs, elle peut le produire sur le marché domestique à un coût comparable. Evidemment elle va réduire les coûts logistiques si elle vend sur le marché européen (...) donc cela peut entrer en ligne dans son calcul, mais si son objectif n'est pas de produire sur le marché européen, il vaut mieux qu'elle continue à être présente sur le marché asiatique, donc tout dépend de sa stratégie et de son marché de vente."

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