Bélarus : une élection présidentielle pas comme les autres

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Par Euronews
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D'ordinaire morne et jouée d'avance, la présidentielle dimanche au Bélarus s'est muée en défi pour l'autoritaire Alexandre Loukachenko, face à l'émergence d'une opposante inattendue, Svetlana Tikhanovskaïa, qui mobilise les foules, une première depuis de longues années.

C'est une élection présidentielle pas comme les autres que s'apprête à vivre dimanche le Bélarus, qui connaît depuis quelques semaines un mouvement de contestation inédit.

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L'élection semblait pourtant jouée d'avance pour le président sortant Alexandre Lukashenko, qui dirige cette ancienne république soviétique d'une main de fer depuis 1994.

Au cours de ces derniers mois, il avait arrêté deux de ses opposants, et avait poussé un troisième à l'exil. Mais de façon inattendue, une figure totalement inconnue du public a réussi à émerger, mobilisant des foules de sympathisants en quête de changement. Son nom : Svetlana Tikhanovskaïa. 

Il y a quelques mois encore, cette jeune femme n'aurait jamais imaginé se présenter à l'élection. C'était alors son mari, Sergueï, qui était candidat. Mais celui-ci a été incarcéré en mai après avoir promis d'écraser "le cafard" Alexandre Loukachenko. Sa femme a alors repris le flambeau.

"Ma popularité n'est pas liée à ma personne ou à mon statut de candidate et politique. Les choses se sont faites ainsi et les gens ont placé leurs espoirs en moi, tous leurs souhaits de changement", estime la candidate. 

Les gens se réveillent, redécouvrent l'estime de soi (...) Ils se disent : Pourquoi ma voix est-elle jetée à la poubelle? Pourquoi ne m'entend-on pas, ne veut-on pas m'entendre? Pourquoi ne puis-je rien dire ? Car on m'enfermera tout de suite après.
Svetlana Tikhanovskaïa
candidate à l'élection présidentielle

Loukashenko contre-attaque

La jeune candidate s'est alliée à deux autres femmes : Veronika Tsepkalo, la compagne d'un opposant en exil, et Maria Kolesnikova, la directrice de campagne de Viktor Babaryko, un ancien banquier emprisonné alors qu'il souhaitait se présenter. Les trois femmes comptent de nombreux soutiens dans les rues de Minsk : "J'espère vraiment, que les gens vont se soulever, les choses ont bougé maintenant, et j'espère qu'il va se passer quelque chose. Ces trois femmes sont si intelligentes, si incroyables, je n'ai pas de mots pour les décrire", raconte ainsi Lioudmila, une retraitée de 68 ans.

Depuis son ascension éclair, le président biélorusse a redoublé d'efforts pour enrayer l'essor de Svetlana Tikhanovskaïa, dénonçant un complot avec la complicité du Kremlin pour le faire chuter.

Jeudi encore, il a juré de contrer l'"incendie au cœur de Minsk" qu'espèrent, selon lui, allumer ses rivaux.

Malgré le mouvement de contestation historique dans le pays, Svetlana Tikhanovskaïa estime qu'il est "sans espoir" de s'attendre à un scrutin libre et équitable, alors que les observateurs internationaux indépendants de l'OCDE n'ont même pas été invités à surveiller le scrutin.

"Nous ne pourrons pas empêcher les fraudes", qui sont d'ores et déjà "éhontées" depuis le début du vote anticipé mardi, révèle-t-elle. "Il faut être réaliste". En cas de victoire toutefois, elle a promis de ne rester au pouvoir que le temps de libérer les prisonniers politiques, organiser une réforme constitutionnelle et de nouvelles élections.

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